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[ Dossier ] Événementiel : une reprise sur fond de mutations

Après deux années quasi blanches, le secteur de l’événementiel retrouve progressivement son dynamisme. Si l’optimisme est de mise face à la reprise, les professionnels doivent néanmoins composer avec un marché qui a évolué avec la crise sanitaire. L’événement hybride est devenu incontournable, sa dimension durable centrale, tout comme le choix de la destination. Cette quête de sens des organisateurs comme des participants engendre des mutations qui risquent d’impacter durablement la filière, sans compter une lourde problématique de recrutement.

Evenementiel

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Libéré, délivré… Après deux années de restrictions sanitaires qui ont mené la vie dure aux professionnels de l’événement, le soleil est de retour depuis janvier. Mais la crise a laissé des traces indélébiles, comme le souligne Frédéric Jouët, directeur général d’Exponantes et président national de l’Union française des métiers de l’événement (Unimev) jusqu’en 2019 : « On a beaucoup parlé du tourisme et de la restauration, mais c’est l’événementiel qui a été le premier et le dernier impacté par les restrictions. Dès le 20 février 2020, nous avons été les premiers à voir nos jauges réduites à 5 000 personnes puis à 1 000. Et les derniers à en sortir puisque le retour à des capacités pleines n’est intervenu qu’en janvier 2022, après les restaurants. Cette crise aura donc lourdement impacté toute la chaîne de valeurs, que ce soient les sites d’accueil ou les prestataires.» Près de 7 % des professionnels de la filière ont effectivement été contraints de licencier dans la région en 2020, quand 70 % des prestataires des sites réceptifs ont eu recours au chômage partiel. « Heureusement, depuis que nous avons à nouveau le droit de travailler normalement, l’activité reprend et la filière s’en sort progressivement», tempère Frédéric Jouët.

« Il y a un enthousiasme réel dans le secteur depuis que les mesures barrières ont été levées et que les conditions d’accueil ont permis de retrouver un bon niveau d’activité, confirme Olivier Le Floch, directeur commercial de la Cité des congrès, mais également directeur du Bureau des congrès. Ce réseau fédère les institutionnels, les grands équipements et 72 acteurs privés de l’événementiel du territoire. Il les met en relation avec les entreprises qui ont des projets de séminaires, soirées, congés, teambuilding. On sent clairement un engouement : les acteurs sont très, voire trop sollicités, et ils sont parfois contraints de refuser des affaires. Car il y a d’un côté les événements annulés à reporter et de l’autre les nouvelles demandes. Malgré tout, l’enthousiasme est revenu. On était dernièrement à Cannes au salon de référence de la profession, Heavent Meetings. On a senti des projets émerger, une volonté des acteurs de se rassembler et globalement une très bonne dynamique se dessiner. »

UNE REPRISE MAIS DES DÉGÂTS ET DISPARITÉS

Si reprise il y a, elle est en revanche source de disparités entre les différents acteurs du secteur. Selon l’ancien président d’Unimev, « les lieux d’accueils restent globalement loin de leur niveau d’activité d’avant crise et il y a eu des dégâts. On constate actuellement une baisse d’environ 20 % du nombre d’exposants et visiteurs dans l’ensemble des manifestations. D’autre part, les événements professionnels ont redémarré beaucoup plus vite et marchent plus fort que ceux destinés au grand public. Cela s’explique par le fait que les entreprises ont plus que jamais besoin de remplir leur carnet de commandes après deux années de crise. Pour les salons grand public, la reprise est plus lente et la baisse de fréquentation de l’ordre de 25 %, voire plus. Les salons généralistes comme les foires ou le salon de l’habitat sont des événements où le visiteur ne s’y retrouve plus. C’est un produit historique et festif pour les anciens, mais qui ne représente plus rien pour les jeunes, donc je crains pour leur avenir. »

Pour les congrès internationaux, c’est encore plus compliqué puisqu’ils sont quasiment à l’arrêt. En revanche, les salons communautaires ou de niche fonctionnent particulièrement bien actuellement. « On avait déjà commencé à le constater avant la crise, renchérit Frédéric Jouët, mais la tendance se renforce. L’idée consiste à réunir une communauté autour d’une thématique bien précise. Par exemple, Art to play, le salon qui réunit la communauté manga, youtubeurs, tiktokeurs, a attiré 35000 visiteurs cette année à Nantes. »

On va vers une hybridation massive qui fait que le digital est et sera de plus en plus utilisé. Frédéric Jouët

Frédéric JOUËT, Exponantes

Frédéric JOUËT, DG d’Exponantes © IJ

Pour les traiteurs, les affaires ont repris nettement plus rapidement. À tel point que certains professionnels, à l’image du Val d’Èvre (Ancenis), peinent actuellement à répondre à la demande (lire aussi page 30). D’une part à cause de l’augmentation des prix (produits, emballages, carburant) qu’ils n’arrivent pas à répercuter à leurs clients; d’autre part à cause d’une sérieuse problématique de recrutement.

Enfin, du côté des agences événementielles, après deux années où les professionnels n’avaient plus que le digital pour survivre, la profession retrouve progressivement son dynamisme d’avant crise. D’ailleurs, la reprise est encore plus franche pour ceux qui ont profité du Covid pour développer de nouvelles activités. C’est le cas de Nolwenn de Cintré, fondatrice à Nantes de Ciba stratégie (conseil et événementiel), qui, avec Pauline de Bronac, a dével…

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