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Des entreprises engagées pour la diversité

Le Tour de France de la diversité a fait étape à Nantes le 14 janvier 2021. L’occasion pour les entreprises de témoigner de leurs actions concrètes.

Anne BOSI (BNP Paribas), Jenna LECLERCQ (Les entreprises pour la Cité), Étienne AGENEAU (Oui Care) et Jean NGODI (FACE Atlantique)

Anne BOSI (BNP Paribas), Jenna LECLERCQ (Les entreprises pour la Cité), Étienne AGENEAU (Oui Care) et Jean NGODI (FACE Atlantique) © D.R.

C’est une matinée riche en témoignages d’entreprises que le Tour de France de la diversité, qui promeut l’inclusion dans le monde du travail, a proposé le 14 janvier à la CCI Nantes St-Nazaire.

À la question de savoir comment construire un avenir plus inclusif, Aziz Senni, co-président du Medef chargé de la commission Nouvelles responsabilités des entreprises, répond sans ambages : « Rappelons aux entreprises que recruter dans la diversité, c’est bon pour le compte d’exploitation. Il faut pouvoir allier performance économique et performance sociale. C’est un sujet sur lequel nous n’avons pas totalement réussi à changer de prisme. Il faut aller au-delà de la question morale. »

Pour la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, présente ce jour-là, « l’égalité n’est ni un talisman ni un slogan. C’est un idéal toujours inachevé avec une double obligation : actions et résultats (…) Car les discriminations brisent des destins, sapent des potentiels. » Un gâchis qui a aussi un coût pour la société : 150 Md€ selon un rapport de France Stratégie de 2016.

UN RECRUTEMENT PROACTIF

La matinée s’est articulée autour de trois thèmes majeurs autour de la diversité : le recrutement, le management et l’évaluation. S’agissant de l’embauche, Édouard Nobilet, dirigeant de JCM Solar dans le Maine-et-Loire, installateur de panneaux photovoltaïques, a partagé sa méthode. « Pour trouver de la diversité, il faut aller chercher les personnes exclues là où elles sont. Car, souvent, elles s’autocensurent pour des tas de raison. Et ça n’est pas qu’une question de quartiers prioritaires de la ville. Il y aussi ceux qui habitent en zones rurales, avec des difficultés pour se déplacer. Il faut aller à leur rencontre et déceler les compétences. » Alors JCM Solar a noué un partenariat avec des associations à Trélazé, en banlieue d’Angers. « Ce sont eux qui sourcent pour moi. Puis, je forme », explique Édouard Nobilet. Chez l’intérimaire Actual, « on constate que, souvent, les besoins des entreprises et les candidats ne matchent pas. Donc on cherche des solutions concrètes », témoigne Bruno Planchais, directeur Inclusion. Et de prendre pour exemple Claudio Gomes, Portugais sans formation et connaissant très mal le français. « Quand une personne arrive ainsi avec sa motivation, on construit un parcours selon ses envies, que l’on ajuste en fonction de la réalité, et des besoins de l’entreprise partenaire, qui accepte d’entrer dans la démarche. Nous avons ainsi mis en œuvre plusieurs actions pour qu’il progresse : apprentissage de la langue et formations spécifiques à l’entreprise. Aujourd’hui Claudio Gomes est conducteur de lignes chez Lactalis et il encadre des équipes. »

SENSIBILISER LE MANAGEMENT

Le management, c’est le maillon faible identifié par les organisateurs du Tour de France de la diversité. « Il y a un besoin de sensibilisation et de formation car on sait combien les managers sont un maillon important », rappelle Jean Ngodi, coordinateur de l’association FACE Atlantique qui agit avec les entreprises contre l’exclusion.

Une question qui interpelle la BNP Paribas « depuis quinze ans, rapporte sa responsable Diversité et inclusion grand Ouest, Anne Bosi. Nous avons formalisé cela dans des accords d’entreprise avec des objectifs chiffrés et des démarches RH à destination des managers ». Concrètement, la banque a mis en place des sessions de e-learning sur les discriminations ou encore le sexisme, à destination de tous les collaborateurs. « Ce sont des sujets souvent abordés en réunions de managers. Nous organisons des cycles de conférences sur la cause LGBT, la mixité, des ateliers de réflexion, notamment sur la place des femmes en responsabilité dans l’entreprise… », détaille encore Anne Bosi. Pour l’externe, outre son activité de mécénat, BNP Paribas propose à tous ses collaborateurs une mise à disposition d’une demi-journée à quatre jours par an au profit d’une association.

« À chaque fois qu’on met en pratique et qu’on disponibilise, ça ancre cette politique d’inclusion dans l’entreprise. »

Chez le leader du service à la personne, le groupe Oui Care, Étienne Ageneau, directeur Développement capital humain, a instauré un programme pour « accélérer les jeunes diplômés. Mais, attention, on ne regarde pas de quelles grandes écoles, ils sortent. Nous cherchons des potentiels, quelles que soient les études. Donc nous recrutons sans CV, avec des évaluations, des mises en situations, en fonction des capacités d’évolutions futures. » Quatre personnes ont ainsi été recrutées l’année dernière, d’autres embauches vont s’étaler sur deux ans. Outre le recrutement de « managers différents », Actual a développé plusieurs programmes en interne pour accompagner l’évolution de chacun et les promotions internes. L’un des axes travaillés sur la mixité est le combat contre les stéréotypes, notamment auprès des clients. « Nous ne voulons plus que les gens soient étonnés s’ils voient une femme arriver pour leurs prestations de jardinerie : il y a des jardinières tout comme il y a des hommes de ménage. »

NÉCESSAIRE PILOTAGE

Enfin, il y a la question de l’évaluation et du pilotage de ces stratégies. La société informatique SII s’y engage aujourd’hui : « Par le passé, beaucoup a été fait en réaction, par obligation réglementaire, puis des projets inspirants ont été portés en interne. Il est temps de structurer avec de nouveaux challenges et d’objectiver les résultats », expose Tony Le Ray, responsable RH en Pays de la Loire. Une démarche conduite avec Mixity, start-up nantaise dirigée par Sandrine Charpentier, et qui propose un outil d’évaluation de cette diversité. La jeune entreprise numérique Digital4Better, créée en 2020, a aussi opté pour Mixity. « Nous sommes dans une approche numérique responsable, avec un engagement pour la diversité inscrit dans nos statuts juridiques car nous avons choisi d’être entreprise à mission, indique l’un des cofondateurs, Jérôme Lucas. Nous souhaitons un pilotage stratégique avec une évaluation des mesures, la définition d’un plan d’actions avec des indicateurs de résultat pour suivre notre impact et voir comment s’améliorer. »

La ministre Élisabeth Moreno a annoncé le lancement d’une grande consultation citoyenne dans les prochaines semaines à propos de toutes les discriminations. Et une plateforme pour recueillir des témoignages de personnes discriminées doit être créée.

 

CHARTE DE LA DIVERSITÉ

La Charte de la diversité est née en 2004, après un rapport de l’Institut Montaigne, « Les oubliés de l’égalité des chances ». Il a été actualisé en 2018. Le texte est un engagement de l’entreprise à aller plus loin que les textes législatifs. La Charte compte six engagements : sensibiliser dirigeants et managers, promouvoir l’application du principe de non-discrimination, favoriser la représentation de la diversité de la société, communiquer sur son engagement, faire de cette politique un outil de dialogue social et évaluer les progrès réalisés. 4100 entreprises ont signé la Charte.

Au cours de la matinée, plusieurs structures du territoire ont été annoncées comme nouvelles adhérentes. Il s’agit de Maisons du Monde, Inserim 44, la Semitan, Job4Mi Ouest et la CCI Nantes St-Nazaire.

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