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Commerce en centre-ville : un recul inéluctable ?

Le constat n’est pas nouveau. Au cœur des villes moyennes, en Pays de la Loire comme ailleurs, le tissu commercial tend à se réduire, impactant les équilibres de ces territoires. Un phénomène que les acteurs économiques cherchent à enrayer.

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Vitrines vides, rues dépeuplées… Il suffit parfois de traverser les cœurs des villes pour observer que leur pouls bat moins vite. Publiée récemment, une étude de l’Insee Pays de la Loire le confirme : la plupart des centres des villes moyennes connaissent un recul du commerce. Une tendance observable à travers l’évolution des effectifs. « Parmi les vingt-cinq villes de taille intermédiaire de la région, l’emploi sala­rié dans les pôles commerçants de centre-ville diminue de plus d’un point dans quinze d’entre elles entre 2009 et 2015 », pointe l’étude. 

Des activités en repli, d’autres résistent

La concurrence des grandes surfaces et du e-commerce, la suppression des services publics, des modes de consommation changeants ou encore la péri-urbanisation figurent parmi les facteurs entraînant le repli du commerce de proximité. Avec des activités plus touchées que d’autres. Selon l’Insee, « la part du commerce d’équipement de la personne diminue dans les centres-villes. » A contrario, le commerce de détail alimentaire, les agences bancaires et immobilières et les soins corporels restent bien représentés dans les petits pôles commerçants.

Pour certains territoires, la morosité du retail va de pair avec un dynamisme démographique en berne. Cela a été le cas pour Châteaubriant. Enregistrant une diminution forte de l’emploi salarié dans le commerce de proximité (- 3% entre 2009 et 2015), la commune a également perdu 0,2% d’habitants en moyenne par an sur cette période.

Face aux enjeux de cette érosion (emploi, activité économique, attractivité…), la Ville a lancé diverses initiatives pour revitaliser son centre et favoriser l’installation de nouveaux commerçants. Des boutiques tests, par exemple, sont proposées en centre-ville aux porteurs de projet. Dans un local à loyer minoré, mis à disposition par la communauté de communes Châteaubriant-Derval, ces derniers peuvent tester leur future activité en situation réelle. Depuis 2018, Châteaubriant fait également partie des 222 villes retenues dans le cadre du programme « Action cœur de ville » (lire l’encadré). Avec la mise en œuvre, depuis septembre dernier, d’une trentaine d’initiatives. « Après la réalisation d’un diagnostic territorial à tous les niveaux – habitat, commerce, mobilité, etc. -, nous avons travaillé durant un an en concertation avec les Castelbriantais volontaires à définir ce plan d’actions », précise Maëva Gasnier, chef de projet « Action cœur de ville » . 

Un « renouveau » à ancenis

Mise en place d’une charte des devantures commerciales, harmonisation des heures d’ouverture des commerces… Il s’agit, selon elle, de « mettre en œuvre une vraie stratégie partagée d’animation du centre-ville ». Pour Annecé Digard, les commerçants doivent aussi se transformer. « Les modes de consommation ont évolué. Pour résister, Les boutiques doivent comprendre qu’il leur faut adapter les amplitudes horaires, les canaux de vente, etc., » commente la présidente de l’association Châto’brillant, qui réunit 86 commerçants.

À Ancenis, où le centre-ville pâtit notamment de l’attractivité de l’Espace 23, deuxième zone commerciale du 44 après Atlantis, l’action est aussi au programme. Dans un contexte économique et démographique favorable (+ 0,6% d’habi­tants par an), le territoire a réalisé notamment 5 M€ de travaux d’aménagement urbain (création de parvis végétalisés, rénovation du mobilier urbain…) aux abords des halles.

Le président de l’association des commerçants Com’Ancenis  évoque un « renouveau ». « Sur un an, une dizaine de maga­sins se sont ouverts dans le cœur de ville, note Maxime Lalu. On compte une part accrue d’indépendants, qui font le choix de loyers plus accessibles en centre-ville que dans les grandes zones commerciales. » Selon lui, une économie nouvelle se dessine ainsi. « Nous ne retrouverons pas les centres-villes tels qu’ils existaient il y a trente ans, observe Maxime Lalu. En misant sur une animation collective, portée par les différents acteurs économiques, et une offre immobilière de qualité, ils peuvent toutefois regagner en vitalité. »   

« Action cœur de ville » : redonner de l’attractivité aux centres 

Apporter un nouveau souffle aux villes de taille moyenne. C’est l’objectif que vise le programme « Action cœur de ville », lancé fin 2017 par l’État lors  de la deuxième Conférence nationale des territoires. Dans le cadre de ce plan d’actions, 222 villes françaises ont été sélectionnées, parmi lesquelles 8 situées  en Pays de la Loire, dont 2 en Loire-Atlantique :
Saint-Nazaire et Châteaubriant. 

Doté d’un financement de 5 Md€ sur 5 ans*,  le programme invite les territoires à déployer des projets sur différents axes de travail : réhabiliter l’habitat en centre-ville, favoriser un développement  économique et commercial équilibré, développer l’accessibilité, la mobilité et les connexions…  Le but étant de redonner de l’attractivité, du dynamisme économique, démographique, culturel, et de meilleurs équilibres aux centres de ces villes. 

Après la signature d’un contrat-cadre engageant la commune, son intercommunalité et ses différents partenaires publics/privés, le plan est mis en œuvre par les collectivités territoriales. Depuis septembre 2019, 60 villes en France commencent ainsi à lancer les projets définis sur leur territoire. 



*dont 1 Md€ de la Caisse des dépôts en fonds propres, 700 M€ en prêts, 1,5 Md€ d’Action Logement et 1,2 Md€ de l’Agence nationale de l’habitat

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