Malgré un dynamisme persistant, l’artisanat en Loire-Atlantique et en Vendée fait face à une conjoncture instable. Selon Joël Fourny, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) des Pays de la Loire, « 68 % des entreprises artisanales de la région ressentent une inquiétude à l’égard de la situation économique actuelle ». Ce chiffre en hausse par rapport à 2023 témoigne des tensions croissantes liées à l’inflation, à la flambée des coûts des matières premières et à l’augmentation des taux d’intérêt.
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L’apprentissage, enjeu vital pour les acteurs vendéens
Les coûts de production explosent, ce qui pèse lourdement sur les marges des entreprises artisanales. La réduction du pouvoir d’achat des clients contribue à une baisse des carnets de commandes dans certains secteurs comme le bâtiment ou la restauration. De plus, les petites entreprises, souvent caractérisées par une gestion de trésorerie plus fragile, peinent à absorber ces hausses. Nombre d’entre elles reportent ou limitent leurs investissements, créant un ralentissement de l’innovation et de la modernisation dans le secteur.
Un emploi stable, mais fragile…
La question de l’emploi reste au cœur des préoccupations. Bien que les emplois dans l’artisanat soient généralement stables, certains secteurs sont sous tension. L’artisanat en Vendée, par exemple, est particulièrement impacté dans les métiers du bâtiment, où la demande de main-d’œuvre qualifiée ne cesse de croître. La rareté de certains profils, combinée à la pression économique, pousse les entreprises à jongler entre recrutement et gestion des coûts.
Cela dit, des domaines comme la réparation automobile ou les services de proximité affichent une relative constance dans l’embauche. Les initiatives locales pour favoriser la reconversion professionnelle ou attirer des talents dans ces métiers permettent de maintenir un équilibre fragile.
Un apprentissage résilient, clé de l’avenir
Dans ce contexte, l’apprentissage apparaît comme un levier fondamental pour l’avenir de l’artisanat. À contre-courant de la morosité ambiante, les inscriptions en apprentissage sont encourageantes pour 2024-2025. La CMA a relevé une augmentation du nombre d’apprentis, notamment dans les secteurs de la coiffure, de la mécanique et de la boulangerie. En Loire-Atlantique, les Centres de formation des apprentis (CFA) constatent une affluence record, preuve que les jeunes croient toujours en la valeur des métiers manuels.
« Le défi de demain sera de maintenir cette dynamique tout en assurant des perspectives d’emploi solides pour les jeunes en formation. L’artisanat, pilier des territoires, dépendra d’une jeunesse qualifiée et motivée pour affronter les défis économiques et sociaux à venir », a affirmé Joël Fourny. Il a également exprimé son inquiétude face à une éventuelle réduction des aides aux employeurs qui recrutent des apprentis, que pourrait envisager le prochain gouvernement dans un contexte de restrictions budgétaires.