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Biotechs Bleues : la filière microalgues a de l’avenir

Comment utiliser les ressources biologiques marines dans le cadre de solutions innovantes, visant tout autant le monde de l’agriculture, que celui de la santé ou de l’écologie industrielle ? Le potentiel des microalgues est immense et les biotechnologies bleues se développent. La région en est convaincue. Les acteurs de la filière aussi.

pôle R&D d’Algosolis, microalgues

Pôle R&D d’Algosolis © Algosolis

La Baule a été le 25 novembre dernier terre d’accueil de la douzième édition annuelle du Blue Cluster, se déroulant en alternance en Bretagne et Pays de la Loire. Organisé conjointement par le pôle de compétitivité Mer Bretagne Atlantique et Atlanpole, le forum, dont la thématique tournait cette année autour de l’agriculture, a été l’occasion de mettre en lumière un certain nombre d’innovations issues des biotechnologies bleues, utilisant les ressources marines. Concrètement, il a été question de biostimulants pour la nutrition des plantes, de biopesticides permettant de supprimer ou limiter les ennemis des cultures terrestres, ou encore de nouvelles pratiques en matière d’agro-écologie à grande échelle.

« UNE AMBITION COLLECTIVE »

Preuve du dynamisme de la filière microalgues sur la région, pour la première année, le forum s’est poursuivi le lendemain par une journée B2B sur le site de Gavy – Saint-Nazaire. Une dizaine de start-up et PME, venues de tout l’Hexagone, se sont réunies pour présenter leurs innovations à base de microalgues, puis échanger autour de problématiques communes ou établir des partenariats permettant d’accélérer le développement de la filière, à l’avenir prometteur sur la région.

Avec une centaine d’entreprises implantées sur le territoire et 400 chercheurs actifs, les Pays de la Loire sont confiants dans le « dynamisme de la filière », selon les mots de la conseillère régionale Andréa Porcher. Une feuille de route 2020-2027 a d’ailleurs été adoptée en octobre 2020 ayant pour « ambition collective» de faire grandir cette filière.

Financement de projets, développement des usages et de partenariats nationaux et internationaux, formation ou encore promotion des savoir-faire font partie de la stratégie mise en place. La Région entend également « fédérer l’excellence des acteurs autour du pôle R&D d’Algosolis, avec un pôle d’hébergement d’entreprises sur le périmètre Nantes Saint-Nazaire », a par ailleurs indiqué l’élue. Pauline Bénéat, responsable communication du pôle Mer Bretagne Atlantique a abondé. « C’est une filière encore en structuration, mais porteuse d’avenir. De nombreux projets encore à l’état embryonnaire sont en train de se développer. »

Pour autant, si la biodiversité marine des microalgues est riche de plusieurs milliers d’espèces présentes depuis des millénaires dans nos fonds sous-marins, seule une poignée est étudiée et exploitée. De nombreux freins demeurent dans leur exploitation à grande échelle, même si la recherche continue en ce sens et ne cesse de progresser. Leurs qualités intrinsèques présentent un véritable potentiel pour le développement économique d’une filière d’avenir, et offrent de nouveaux horizons en matière de santé, de cosmétique, d’alimentation humaine et animale, de conditions de vie spatiale, de biocarburant et biobâtiment. Jusqu’au bitume des routes.

Algosolis, figure de proue de la filière

Algosolis est une plateforme publique de R&D, subventionnée par la Région et opérationnelle depuis 2015. Labellisée par l’Université de Nantes et le CNRS, officialisée par l’Ademe (agence de la transition écologique), reconnue au niveau européen, la structure, située sur le site de Gavy à Saint-Nazaire, à deux pas de l’IUT, emploie aujourd’hui 200 personnes. Dont 40 spécifiquement dédiées à la filière des microalgues et l’étude de leur potentiel d’exploitation à grande échelle.

Son objectif : étudier et traiter la biomasse en conditions réelles, de la souche jusqu’au produit final, sous couvert d’une technologie très pointue, et ainsi faire le lien entre la recherche et le développement. L’équipe dirigée par Jérémy Pruvost est reconnue internationalement pour ses compétences. Elle travaille simultanément sur plusieurs projets (bioraffinage, biobâtiment, vie spatiale, santé, nutrition) et avec des confrères du monde entier (l’Université de Californie aux États-Unis, l’agence spatiale, Qatar, Guyane, Australie).

Cas d’école avec Planctonid

Planctonid est une start-up installée à Montoir-de-Bretagne, sur le site du fabricant d’engrais Yara, pour lequel elle a remporté un appel d’offres. La jeune entreprise teste depuis 18 mois une solution à base de microalgues permettant de traiter les effluents nocifs de Yara, décriée pour ses rejets extrêmement polluants. Objectif de l’opération : supprimer de l’eau évacuée l’azote et le phosphore, qui sont avalés par les microalgues conservées dans des photobioréacteurs à couche mince. L’eau traitée est ensuite rendue propre à l’entreprise. Ce projet pilote, en container, traite pour l’instant environ 1 m3 par 24h. Coût de l’opération : 3 M€. Si les essais s’avèrent concluants, « le test devrait s’élargir dès 2022 sur 20 m3, puis plusieurs centaines de m3 et l’installation d’un véritable site industriel », indique Xavier Montigny, chargé d’affaires pour Planctonid.

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