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Attirer les filles dans la filière numérique

"Girls’R Coding", ce n’est pas le titre du tube du moment, ni même de la dernière série à la mode. Il s’agit d’un événement créé en 2018 par ADN Ouest visant à faire découvrir les métiers du numérique aux collégiennes et lycéennes en Pays-de-la-Loire et en Bretagne. La dernière édition en date (et la première en Vendée) a eu lieu le 13 décembre dernier à Saint-Jean-de-Monts.

David Huguet Archi-Volt filles numérique Vendée

Au centre, David Huguet de la société Archi-Volt. ©DR

Coder et casser les codes : c’était le leitmotiv de cette journée de stage qui s’est déroulée au cœur de la Micro-Folie, musée numérique du pays de Saint-Jean-de-Monts. Une quarantaine de collégiennes de troisième ont pris part à l’événement organisé par la communauté de communes Océan-Marais de Monts et l’association ADN Vendée, en partenariat avec le centre de formation Arinfo. L’objectif était de susciter des vocations chez les jeunes filles, dans le secteur du numérique où les recrutements et créations d’emplois sont nombreux. Malgré le dynamisme de la filière, la part des femmes reste faible dans ces métiers. En 2020, en France, le personnel féminin représentait 30 % des professionnels du secteur tous métiers confondus[1], et même 22 % en Bretagne et Pays-de-la-Loire[2].

En finir avec les clichés

Alors comment peut-on expliquer cette sous-représentation des femmes dans le domaine du numérique aujourd’hui encore ? « Il n’y a pas une explication particulière, analyse Sophie Mouniau, cheffe de projet au sein d’ADN Ouest. Je pense qu’il y a d’abord une méconnaissance de ces métiers, ainsi qu’un certain nombre de clichés, aussi bien chez les jeunes que chez les parents, qui laissent penser que les garçons s’orientent généralement vers les filières scientifiques et les filles vers les métiers littéraires. » D’où l’importance de sensibiliser le plus tôt possible en proposant des ateliers et des rencontres avec des professionnels. Via la présentation de cartes visant à se familiariser avec le vocabulaire du numérique, David Huguet de la société Archi-Volt est ainsi venu démystifier les métiers du secteur, prouvant au passage que le numérique, ce n’est pas seulement de la technique, mais aussi de la créativité. « Les métiers du numérique sont accessibles à toutes et à tous » ajoute de son côté Vincent Bouttier, responsable des centres de formation Arinfo Vendée[3]. Avec sa collègue Diane Laumonier, chargée des relations entreprises, il a proposé un atelier de création de sites internet. « L’an dernier, nous avions une seule femme sur une vingtaine d’alternants et de stagiaires dans notre formation de développeur web, déplore-t-il. Cette formation, qui correspond à un niveau bac, est à la portée du plus grand nombre. Ce métier est encore souvent associé au cliché du « geek » qui passe son temps à coder dans sa chambre. »

Hacker éthique, un métier « trop stylé ! »

Cette journée a également été l’occasion de donner un coup de projecteur sur les métiers de la cybersécurité qui comptent seulement 11 % de femmes aujourd’hui en France. Un secteur en plein essor, avec un peu plus de 15 000 postes[4] à pourvoir. Entreprises et administrations ont un besoin accru de personnel qualifié à l’heure où les cyberattaques sont légion. Avec une approche ludique, Bruno Madier et Claudie Albert-Smith du cabinet Optesys Conseil, ont invité les collégiennes à s’exercer à reconnaître les bonnes pratiques en matière de cybersécurité, en les invitant par exemple à se méfier des tentatives de fraudes sur leurs réseaux sociaux, et en présentant notamment le métier de hacker éthique que certaines stagiaires ont jugé « trop stylé ! ». L’une d’entre elles a d’ailleurs clairement eu une révélation et exprimé son souhait d’exercer cette profession.

« Il faut oser »

« Avec ce type d’événement, il ne s’agit pas de faire dans le « Girl Power », mais de montrer qu’à intérêt égal, compétence ou quête de sens égales, qu’on soit une femme ou un homme, il ne faut plus se poser de questions », relève Sophie Mouniau. « Sur notre territoire de Saint-Jean-de-Monts, nous nous sentons particulièrement concernés par ces questions d’inclusion et de mixité. Avoir peu de femmes dans les métiers du numérique, cela revient à se priver d’une partie des compétences et de la créativité » souligne Bérengère Dancla, développeuse économique au sein de la communauté de communes Océan-Marais de Monts.
La journée s’est achevée par plusieurs témoignages inspirants, dont celui de Jennifer Chauvet qui occupe depuis 2019 un poste de product owner[5] au sein du Groupe FBO, éditeur de logiciels. Après avoir grandi au milieu de ses quatre frères, la jeune femme raconte s’être lancée un peu par hasard dans un DUT informatique, un peu aussi pour suivre l’exemple de ses oncles, « pour comprendre ce qu’ils faisaient devant leur ordinateur ». Pour elle, le monde du numérique est ouvert autant aux femmes qu’aux hommes, même si elle a bien remarqué depuis ses études une part plus importante du public masculin. Au sein de son entreprise, elles sont d’ailleurs peu, seulement trois femmes sur la trentaine de collaborateurs que compte le service développement. Ravie de faire part de son parcours pour aider les jeunes filles à s’orienter et prête à renouveler l’expérience, Jennifer Chauvet appelle à ne pas se mettre de frein : « Il faut oser, essayer, être curieuse ».

 

[1] Grande École du Numérique, 2020.

[2] ADN Ouest, 2020.

[3] Arinfo, centre de formation professionnelle continue compte 13 établissements en France dont deux en Vendée, à La Roche-sur-Yon et aux Sables-d’Olonne.

[4] Cabinet Wavestone, mars 2022.

[5] Le product owner est un chef de projet, responsable de la conception d’un produit. Il sert d’interface entre les clients et les équipes techniques et marketing.

 

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