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Mesures de soutien aux boulangers : « C’était plus qu’urgent »

Alors que les boulangers sont dans le pétrin en ce début d’année à cause de la flambée des prix de l’énergie, Frédéric Brangeon (1), le président de la fédération des boulangers de Loire-Atlantique, se félicite des mesures annoncées le 4 janvier par le gouvernement pour soutenir sa profession et soulager les trésoreries.

Frédéric Brangeon est à la tête de la fédération des boulangers et boulangers-pâtissiers de Loire-Atlantique. © B. Lachenal

Frédéric Brangeon est à la tête de la fédération des boulangers et boulangers-pâtissiers de Loire-Atlantique. © B. Lachenal

Le gouvernement vient, le 4 janvier dernier, d’annoncer des mesures de soutien aux boulangers. En êtes-vous satisfait ?

Oui, grâce au lobbying mené auprès des ministères depuis cet été, nous avons obtenu début janvier plusieurs mesures pour soulager la trésorerie des boulangers, et en particulier ceux qui ont récemment renouvelé leurs contrats d’énergie. C’était à mon sens plus qu’urgent. Tous ceux qui ont signé leurs nouveaux contrats sur les six derniers mois de 2022, avec le mégawattheure (MWh) facturé à 500 ou 600 €, vont ainsi pouvoir y mettre fin sans frais en cas de hausse de prix « prohibitive ». Mais pour aller plus loin et encore mieux protéger notre profession, je défends la mise en place d’un tarif réglementé de l’énergie, qui serait fixe et commun à tout le secteur.

 

À quelles autres aides sont éligibles les boulangers actuellement ?

Sur le site du gouvernement, une page résume l’ensemble des dispositifs d’aide possibles, quels types de structures y sont éligibles et vers qui se tourner pour les obtenir. Il y a par exemple le bouclier tarifaire, qui s’applique dans les entreprises de moins de dix salariés et dont la puissance du compteur électrique est inférieure à 36 kVA. Concrètement, ces entreprises bénéficient depuis le 1er janvier d’un bouclier tarifaire1 de 15 % sur le gaz. Ces mêmes entreprises bénéficieront également d’un bouclier de 15 % sur l’électricité à partir du 1er février.

Pour les entreprises au-dessus de dix salariés et dont la puissance de l’installation électrique est supérieure à 36 kVA, c’est l’amortisseur d’électricité qui est actif depuis le 1er janvier. Il permet de protéger les entreprises ayant signé les contrats les plus élevés, avec un plafond d’aide unitaire renforcé calculé au cas par cas, qui permet de prendre en charge environ 20% de la facture d’électricité de l’entreprise.

À noter que chaque boulanger peut également désormais demander le report du paiement de ses impôts et cotisations sociales ainsi que l’étalement de ses factures d’énergie des premiers mois de l’année jusqu’à l’été.

 

« Notre problématique est de faire connaître ces différentes aides auprès de tous nos artisans. »

 

Les préfectures semblent également s’emparer du problème. Vous confirmez ?

Oui, et c’est une bonne chose. Chaque préfecture va prochainement ouvrir un guichet avec un numéro de téléphone pour accompagner tous les professionnels impactés par la flambée des prix de l’énergie et ne laisser personne sur le bord de la route.

 

Maintenant que ces aides ont été annoncées, quelle est votre priorité ?

Notre problématique est de les faire connaître auprès de tous nos artisans. Car l’artisan peut vite se renfermer sur lui-même. Il ne faut surtout qu’il reste seul dans son fournil avec des devis ou des factures exorbitants. Il ne faut pas hésiter à faire appel aux organisations professionnelles, chambres consulaires et services de la préfecture pour se faire épauler. Nous appelons également les banquiers, comptables et tous les professionnels qui côtoient les boulangers à se mettre en alerte et à nous prévenir lorsqu’ils constatent que leurs clients ont des difficultés.

 

« On ressent une fatigue générale dans la profession mais aussi une certaine crainte pour l’avenir. C’est donc un nouveau choc pour les boulangers. »

Dans quel état d’esprit se trouvent les boulangers du département ?

Durant le Covid, les boulangers sont restés ouverts et ont fatigué leurs troupes. Il y a des entreprises qui ont fonctionné différemment, parfois mieux, mais aussi parfois moins bien. Depuis, les matières premières ont sérieusement augmenté, tout comme les salaires (+ 8 % en un an). Avec cette problématique supplémentaire de la flambée de l’énergie depuis la fin de l’été 2022, on ressent une fatigue générale dans la profession mais aussi une certaine crainte pour l’avenir. C’est donc un nouveau choc pour les boulangers.

 

Comment vous réorganisez-vous face à cette flambée de l’électricité et du gaz ?

On essaye de rationaliser nos productions et faire en sorte que nos fours soient bien complets lorsqu’on les utilise, de manière à optimiser notre consommation d’énergie. C’est pour cette raison qu’on invite également nos clients à passer plus de commandes, de manière à faciliter les cuissons, et nous aider à mieux maitriser nos coûts de revient et de vente. Car on priorise désormais nos fabrications en fonction des coûts de revient. Cela impliquera demain de travailler différemment certains produits. Par exemple, un pain spécial, on le proposera deux ou trois jours, mais plus tous les jours de la semaine.

 

Avez-vous des exemples de boulangeries prises à la gorge en termes de trésorerie ?

Je visitais ce matin une boulangerie nantaise, qui a créé un nouveau bâtiment. La boulangerie en question a été fermée 15 mois à cause des travaux et a rouvert il y a une semaine. Au début du projet, le boulanger était parti sur une consommation annuelle d’énergie de 17 000€ pour son nouveau bâtiment. La réalité a été nettement plus compliquée : son fournisseur lui a fait une proposition à 100 000 € par an et il a finalement réussi à négocier à 55 000 € par an.

 

Que conseillez-vous aux professionnels qui sont dans ce genre de situation ?

Il faut nous avertir au plus vite. On relaiera ces situations à la Chambres des métiers, dont les services accompagneront au cas par cas les entreprises. L’idée est de leur mettre à disposition un technicien. Il les aidera non seulement à rompre leur contrat et mais également à en trouver un plus avantageux puisque le cours du MWh est revenu à 220 €. Il faut néanmoins rester vigilant car certains nouveaux fournisseurs d’énergie continuent de profiter de la crise pour se faire l’argent sur le dos des artisans. D’où l’intérêt de se faire accompagner sur ce point précis !

 

« Je suis favorable à l’augmentation des tarifs, à condition d’expliquer à nos clients pourquoi on est contraints de le faire. »

 

Pour faire face à cette flambée de l’énergie, êtes-vous favorable à l’augmentation des tarifs des boulangers ?

Oui, j’y suis favorable mais à condition en parallèle d’expliquer à nos clients pourquoi on est contraints de le faire. Il faut qu’on fasse preuve de pédagogie pour faire passer le message en douceur à nos clients.

 

Pratique – Rendez-vous sur www.economie.gouv.fr/boulangers-aides-hausse-prix-energie pour retrouver l’ensemble des dispositifs d’aides à destination des boulangers.

 

(1) Boulanger-pâtissier à La Chapelle-sur-Erdre, Frédéric Brangeon est également élu à la Chambre des métiers et de l’artisanat des Pays de la Loire et membre du conseil d’orientation de la communauté “Les entreprises s’engagent“.

 

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