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Arnaud Boissières : «Je suis un artisan des mers»

Il est le seul marin à avoir bouclé quatre Vendée Globe consécutifs. Pourtant, Arnaud Boissières a su rester un « voileux » humble, accessible et généreux mais aussi, de son propre aveu, « un peu râleur ». Surnommé Cali, en référence à Calimero, ce Sablais d’adoption s’apprête à prendre le départ de son cinquième « Everest des mers » avec le même enthousiasme que la première fois. Il embarque à bord un mix d’énergies renouvelables pour montrer qu’il est possible de faire le tour du monde sans laisser de traces sur l’océan ni menacer sa biodiversité.

Arnaud Boissières. BENJAMIN LACHENAL

 

Début septembre, votre Imoca a été heurté par un bateau de pêche. Comment va aujourd’hui La Mie Câline ?

Le bateau va bien. L’équipe a travaillé d’arrache-pied pour réparer la partie de la coque endommagée et mon Imoca est reparti en navigation le 30 septembre. Ce chantier titanesque a été réalisé en un temps record et je serai bien au départ de mon cinquième Vendée Globe.


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Arnaud Boissières, vous êtes le seul skipper à avoir bouclé quatre Vendée Globe consécutifs. Prêt à battre votre propre record pour l’édition 2024 ?

Oui, je suis prêt même si, techniquement, il reste encore des choses à faire sur le bateau avant le départ. Bien que je sois fier de ce record, je le prends aussi avec beaucoup de recul et d’amusement. Par superstition sans doute, par humilité sûrement. J’aime dire qu’on est tous notre propre légende, que l’on fait tous des choses extraordinaires. Le Vendée Globe est une aventure fabuleuse qui pousse chaque skipper à se dépasser. Battre mon propre record serait juste la cerise sur le gâteau.

Le Vendée Globe est une aventure fabuleuse qui pousse chaque skipper à se dépasser.

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette nouvelle aventure ?

Avec le même enthousiasme et la même insouciance que lors de mon premier Vendée Globe en 2008. J’ai toujours la même envie d’y aller. C’est une éternelle découverte. Cela dit, avec l’expérience, j’ai gagné en sérénité, du moins jusqu’au départ. J’ai par exemple appris à gérer les nombreuses sollicitations médias et partenaires d’avant course.

Vous êtes originaire du bassin d’Arcachon. Pourtant, à l’issue de votre premier Vendée Globe en 2008, vous avez choisi Les Sables-d’Olonne comme port d’attache. Pourquoi ?

La première fois que je suis venu aux Sables-d’Olonne, c’était en 1989, à l’occasion du départ du tout premier Vendée Globe, remporté par Titouan Lamazou, mon héros. J’avais dix-sept ans et une leucémie menaçait mes rêves d’aventure. Les exploits de ces marins d’exception m’ont donné la force de vaincre la maladie. Cette première édition fut en quelque sorte mon premier Vendée Globe. Ici est née ma passion pour cette course. En 2008, j’ai eu la chance de la faire en vrai. Et c’est à la demande de mon partenaire de l’époque, le Vendéen Akena Vérandas, que je me suis installé ici. Il estimait que cela contribuerait à la notoriété de l’entreprise et susciterait davantage l’engagement des salariés. Et il a eu raison. Les Vendéens venaient me voir pour me soutenir. J’ai apprécié cette notoriété locale naissante.

Trois ans plus tard, pour mon deuxième Vendée Globe, Akena m’a donné la possibilité d’aller vivre ailleurs. Mais j’ai préféré rester. Pour le cadre de vie, l’ambiance, la convivialité. Je me sentais bien aux Sables-d’Olonne. J’avais des amis. Ce que j’aime ici, c’est que je ne suis pas pris pour une star parce que j’ai fait plusieurs Vendée Globe mais juste pour un voileux.

J’ai aussi découvert l’incroyable solidarité et humilité du tissu économique vendéen. Nous partageons les mêmes valeurs, le même discours. D’ailleurs, la grande majorité de mes quarante partenaires actuels sont vendéens. Pourquoi ? Parce qu’en vivant ici, c’est plus facile de nouer des partenariats locaux. D’autre part, parce que les chefs d’entreprises vendéens sont plus réceptifs à un projet voile comme celui du Vendée Globe que dans d’autres régions françaises.

CHRISTOPHE FAVREAU – LA MIE CÂLINE

Après Akena Vérandas, c’est au tour de La Mie Câline de vous faire confiance depuis 2015. Comment se sont noués ces partenariats ?

Dans les deux cas, c’est d’abord une histoire de rencontres. Je ne suis pas du tout commercial. Je n’ai pas d’agent, je ne fais pas de gros dossiers marketing. D’ailleurs, je préfère parler de partenaire plutôt que de sponsor. Un sponsor envoie un chèque et s’en va. Un partenaire, c’est à la fois un soutien financier et moral. Pour moi, la différence est énorme.

J’ai rencontré Christophe Chabot, le PDG d’Akena Vérandas, lors du salon nautique de Paris, en vue du Vendée…

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