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Apesa aide les entrepreneurs à retrouver l’énergie d’avancer

D’ici fin 2023, plus de 400 entrepreneurs vendéens en situation de défaillance devraient avoir déposé un dossier devant le Tribunal de commerce de La Roche-sur-Yon. Derrière cette statistique, se cachent des femmes et des hommes en souffrance. Or, sur leur chemin, il y a l’association Apesa 85 et son dispositif d’accompagnement psychologique. Muriel Adjiman et Jérémy Cantin ont pu en bénéficier. Ils témoignent.

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Jérémy Cantin et Muriel Adjiman, deux entrepreneurs vendéens accompagnés par Apesa 85. ©IJ

Une activité prometteuse et puis le grain de sable qui fait tout basculer. Face aux difficultés qui s’accumulent, un jour d’octobre 2022, Muriel Adjiman a dit stop et s’est rapproché du Tribunal de commerce de La Roche-sur-Yon. Une décision qui l’a plongée dans une détresse psychologique profonde. Et c’est grâce au soutien de l’association Apesa 85 que l’entrepreneure vendéenne a pu relever la tête.

« En 2018, j’ai repris L’Étoile du Lac, un restaurant traditionnel de 50 couverts près de Montaigu. Au début, tout s’est bien passé, témoigne-t-elle. J’ai trouvé du personnel rapidement et la fréquentation était bonne. Puis le Covid est arrivé. Là, tout s’est arrêté brutalement. Le soir même de l’annonce du confinement, l’établissement fermait ses portes pour une durée indéterminée. Or, le lendemain, nous devions être complets et les réfrigérateurs étaient pleins. Combien de temps allais-je pouvoir tenir avec ma petite trésorerie ? »

Deux mois et demi plus tard, à la fin du premier confinement, tous les clients ne sont pas de retour. Les salariés, habitués du service du midi ne viennent plus car ils sont en télétravail. Le deuxième confinement affaiblit davantage la structure. En tout et pour tout, L’Étoile du Lac est resté fermé neuf mois et demi. Et ça laisse des traces, forcément. Lors de la reprise en mai 2021, toute l’équipe a démissionné. Muriel devient cheffe de cuisine et serveuse, et le temps d’un été, reçoit le soutien de sa famille et de ses amis. Mais plus rien ne fonctionne : le nouveau chef démissionne et la serveuse est en arrêt maternité. Démunie, Muriel se tourne vers le Tribunal de commerce.

Prendre du recul

« Là, devant le juge, je me suis écroulée. Voyant ma fragilité, il m’a parlé d’Apesa 85. J’avais besoin de parler de ce qui m’arrivait et de me redonner des objectifs, alors j’ai accepté sans hésiter. Ce dispositif m’a permis de prendre du recul, de retrouver l’énergie d’avancer et le courage d’affronter la procédure judiciaire qui s’achève en fin d’année. » Entretemps, L’Étoile du Lac a été vendu et Muriel a retrouvé un emploi de technico-commerciale.

Pas très loin de là, aux Brouzils, Jérémy Cantin est un garagiste engagé dans les solutions de décarbonation. En 2019, il a lancé E-Néo, une société dédiée au rétrofit des poids lourds. Le rétrofit, c’est la conversion d’un moteur thermique en électrique, alimenté par batteries et pile à combustible hydrogène. En France, E-Néo fait figure de pionnier. « Fin 2022, nous avons mis en service le premier tracteur agricole rétrofité à l’hydrogène. Côté poids lourds, nous étions également bien avancés puisque nous avions commencé le processus d’homologation d’un camion-porteur hydrogène destiné au Département de la Vendée. » Soutenu par l’écosystème local, E-Néo avait même déposé ses valises sur l’ancien site Michelin, à La Roche-sur-Yon. « Au 1er avril, nous étions prêts à franchir le cap de l’industrialisation. Pourtant, un mois plus tard, je me suis retrouvé en cessation de paiement. L’importante levée de fonds (montant non communiqué, NDLR), pourtant bien engagée, n’a pas abouti suffisamment vite et cela nous a mis en difficulté. »

« Quand j’arrive au Tribunal de commerce, poursuit-il, j’oscille entre colère, abattement profond et l’espoir d’une reprise. J’ai trois mois de trésorerie devant moi, je dois trouver un travail alimentaire en urgence. L’accompagnement psychologique d’Apesa me permet alors de recoller progressivement les morceaux, de me réaligner et d’arrêter de culpabiliser. »

Le temps des bonnes nouvelles revient le 13 juillet avec la reprise d’E-Néo à la barre du tribunal, par le groupe Vensys. « Avec Sophie Renner, sa dirigeante, nous partageons beaucoup de valeurs. Le 19 juillet, j’ai signé un CDI en tant qu’expert en solutions de décarbonation, au sein d’une toute nouvelle cellule innovation. C’est un soulagement de voir l’aventure continuer, même si avec 300 personnes autour de moi, je change d’échelle. Il va falloir s’y habituer et c’est pour cela que dans cette phase de rebond, le soutien psychologique d’Apesa est essentiel. »