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Aides énergies de l’État : les représentants des entreprises restent prudents

Le 12 janvier dernier, la préfecture de la Vendée a convié les acteurs économiques du département afin de présenter en détail l’ensemble des mesures mises en œuvre par l’État face à la hausse des coûts de l’énergie, et ainsi répondre aux multiples interrogations des entreprises. Réactions à chaud de quelques représentants.

Alain Ollivier, directeur adjoint de la DDETS Vendée, Alfred Fuentes, directeur des Finances publiques de la Vendée, Gérard Gavory, préfet de la Vendée, Magali Girard, responsable du pôle action économique à la direction départementale des finances publiques de la Vendée, Nicolas Drouart, directeur de la DDETS Vendée. ©IJ

« Il existe plusieurs aides qui peuvent venir en complément les unes des autres », explique Magali Girard. Responsable du pôle action économique à la direction départementale des finances publiques de Vendée, elle est chargée d’accompagner les entreprises « à la sortie de crise ». Aujourd’hui, elle est venue apporter des conseils et des éclairages aux représentants de fédérations professionnelles et des chambres consulaires sur le dispositif qui propose un panel d’aides selon le format des entreprises et leur consommation énergétique. Les mesures visent à soutenir notamment les TPE [1], les plus fragilisées par l’explosion des coûts de l’énergie. Elles représentent 94 % des entreprises du département.

« L’avantage d’une réunion comme celle-ci, c’est de pouvoir faire part de ses préoccupations ». Samuel Véron, président du Medef Vendée, salue l’initiative qui selon lui « permet de ne pas laisser le champ à des croyances ». Tarek Tarrouche, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Vendée[2] estime lui aussi avoir été entendu et obtenu des réponses. « Nous sommes un peu plus sereins sur les aides proposées et sur la façon de les aborder », souligne-t-il, tout en rappelant que les professionnels du secteur restent « très inquiets pour 2023 face au volume de paiements des factures et à l’incertitude sur les prix, qui représentent un frein pour les entreprises. » Tarek Tarrouche s’engage à prendre le relai des services de la préfecture pour orienter et accompagner les dirigeants « qui ont bien souvent la tête dans le guidon », dans leurs démarches administratives. « La chambre des métiers accompagne déjà les entreprises sur ce volet énergétique. 170 dossiers sont actuellement engagés, ajoute David Ruffin, directeur territorial de la CMA Vendée. C’est important que les entreprises s’adressent directement aux chambres consulaires pour appuyer leurs demandes. »

Une année charnière

Hélène Bourcier, présidente de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de la Vendée[3], qui se tient elle aussi à la disposition de ses adhérents, affiche également sa satisfaction, mais tient à nuancer : « La mise en place de ces aides est une bonne nouvelle pour les entreprises. Toutefois, comme toute aide, cela peut rester insuffisant parce que cela ne couvre pas l’ensemble des hausses que vont subir les professionnels. Certains ont signé des contrats qui multiplient jusqu’à sept fois leur facture d’énergie. L’amortisseur ne fait baisser que de 20 % en moyenne la facture énergétique. » Les professionnels du secteur semblent toutefois assez préservés par rapport à d’autres face à cette hausse des coûts du gaz et de l’électricité, l’essentiel de leur activité se déroulant pour la plupart à l’extérieur de leurs locaux. « Les entreprises qui font de la transformation ou de la fabrication telles que les menuiseries sont particulièrement impactées par l’augmentation des prix de l’énergie, souligne Hélène Bourcier. Mais dans l’ensemble, la profession est beaucoup plus touchée par la hausse des coûts des matériaux et des carburants » Alors dans ce contexte, faut-il encore augmenter les tarifs ? « Nos clients sont des particuliers ou de grands donneurs d’ordre, qui n’ont pas des budgets extensibles. Dans le même temps, les taux d’intérêt et les conditions de prêts se sont resserrés. Il faut qu’on réussisse à trouver un équilibre pour rester rentable. 2023 sera une année charnière, avant une reprise espérée. »

Le dispositif à la loupe

Le bouclier tarifaire est destiné aux TPE dont le CA est inférieur à 2 M€ et qui fait usage d’un compteur électrique d’une puissance inférieure ou égale à 36 kVA. Il permet de contenir la hausse des prix de l’électricité à 15 % à partir du 1er février contre 4 % auparavant. Ce plafond permet d’éviter une augmentation de 120 % des factures énergétiques.
Le prix garanti pour l’électricité à 280 €/MWh est accessible aux TPE qui ont renouvelé leur contrat de fourniture d’électricité au second semestre 2022 et qui ne bénéficient pas du tarif de vente réglementé. Ce tarif garanti est applicable dès la facture de janvier et jusqu’au 31 décembre 2023.
L’amortisseur électricité, entré en vigueur au 1er janvier 2023, s’adresse aux TPE ou PME de moins de 250 salariés non éligibles au bouclier tarifaire. L’aide prend en charge 50 % de la part énergie de la facture comprise entre 180 €/MWh et 500 €/MWh.
Un simulateur a été mis en place par le gouvernement : Impots.gouv.fr/simulateur-amortisseur-electricite
Le guichet d’aide gaz et électricité
, qui a été simplifié, est une aide pour les TPE et PME ainsi que pour les ETI et les GE les plus énergivores. Le montant de l’aide peut, dans certains cas, grimper jusqu’à 150 M€.

Contacts locaux à la direction des finances publiques :

Magali Girard : 02 51 36 58 09
Natacha Fauvelet : 02 51 36 52 70
Frank Ledergerber : 02 51 36 58 06

ddfip85.pgp.actioneconomique@dgfip.finances.gouv.fr

Le chiffre : 326

C’est le nombre d’entreprises qui vont être contactées par téléphone d’ici fin février par la CCI Vendée. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une action initiée par le gouvernement, visant à faire connaître le dispositif d’aides. Dans le département, 326 entreprises (1 540 pour l’ensemble de la région Pays-de-la-Loire) sont concernées. « Ce sont des entreprises industrielles de 10 à 250 salariés, choisies selon un ciblage précis, indique Florence Gautron-Brillant, responsable Pôle Entreprises et territoires à la CCI Vendée. « L’idée est de savoir si elles ont des difficultés particulières liées au paiement des factures d’énergie, si elles ont connaissance des aides et si elles bénéficient déjà d’autres aides. » Une centaine d’entreprises ont déjà été appelées. Une quinzaine d’agents de la chambre de commerce et d’industrie de Vendée sont mobilisés pour cette opération.

 

[1] La Vendée compte 53 000 entreprises dont 48 000 TPE.

[2] : L’Umih 85, qui réunit 787 adhérents, représente tous les professionnels du secteur en Vendée.

[3] : La Fédération du bâtiment et des travaux publics de la Vendée rassemble 600 entreprises dont 90 % ont moins de dix salariés.