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L’aéronautique régionale dans le dur

Si la filière aéronautique régionale bénéficie d’une forte implantation dans les Pays de la Loire (31 100 salariés pour 410 établissements), elle fait actuellement face à une sortie de crise difficile, son activité ayant chuté de 37 % entre 2019 et 2020.

La région accueille notamment deux sites d’Airbus, à Saint-Nazaire et Nantes. Ici, une chaîne de production, aéronautique

La région accueille notamment deux sites d’Airbus, à Saint-Nazaire et Nantes. Ici, une chaîne de production. © SEM-Pays-de-la-Loire

L’impact du Covid sur la filière aéronautique de la région est désormais mesuré grâce à la dernière étude 1 de l’Insee des Pays de la Loire. Les conclusions, dévoilées le 10 décembre, évoquent « une sortie de crise difficile » et une filière qui peine à redécoller. Depuis le début de la crise sanitaire, la filière fait effectivement face à « une baisse inédite d’activité », selon Isabelle Delhomme, cheffe de projet. L’Insee l’a d’ailleurs parfaitement identifiée, à travers la baisse d’activité sur le territoire régional entre 2019 et 2020 (-37 % dans la région, contre -32 % sur le plan national), mais également à travers la chute du chiffre d’affaires (-31 % en région contre -26 % sur le plan national).

Dans le détail, cette détérioration est particulièrement marquée dans l’industrie (-38 %), le secteur tertiaire limitant davantage la casse (-25 %). Elle est aussi plus ou moins importante selon la taille des entreprises : les grandes ont en moyenne vu leur CA baisser de 39 % dans l’industrie et de 26 % dans le tertiaire ; les entreprises de taille intermédiaire l’ont vu baisser de 29 % dans l’industrie et de 25 % dans le tertiaire ; enfin, les PME l’ont vu chuter de 36 % dans l’industrie et de 22 % dans le tertiaire. À noter que cette baisse a toutefois été partiellement compensée par un report vers d’autres marchés pour la filière des Pays de la Loire.

BAISSE DE LA DEMANDE ET DES CAPACITÉS DE PRODUCTION

Dans son étude, l’Insee pointe du doigt les nombreux facteurs qui ont impacté l’activité 2020 de la filière. À commencer par la conjoncture économique, qui a impacté les trois quarts des entreprises interrogées dans la région. Ces dernières considèrent que « la baisse de la demande intérieure a eu un impact majeur en 2020 ». Pas étonnant quand on sait que les entreprises régionales travaillent majoritairement avec des donneurs d’ordre situés en France. « L’évolution de la demande étrangère est moins souvent citée, mais elle a tout de même eu un impact majeur pour 33 % des entreprises interrogées, complète la cheffe de projet de l’Insee, et aucun impact pour 24 % d’entre elles. »

Autre facteur pointé du doigt par l’étude : les contraintes sanitaires au sein de l’entreprise (confinement, disponibilité du personnel…). Elles ont eu un impact significatif sur l’activité de 49 % des entreprises interrogées. Ces contraintes ont particulièrement touché le tertiaire : 60 % des entreprises considèrent qu’elles ont eu un impact majeur sur leur activité, contre 44 % dans l’industrie. Enfin, dans une moindre mesure, 18 % des entreprises industrielles signalent qu’elle ont dû composer avec une baisse de disponibilité des fournisseurs et des difficultés d’approvisionnement. « La baisse de 16 points des capacités de production entre 2019 et 2020 fait également partie des facteurs qui expliquent la baisse d’activité de la filière régionale », ajoute Isabelle Delhomme. Au final, pratiquement aucune entreprise n’est passée entre les gouttes de la crise : seulement 1 % déclare n’avoir été impacté par aucun de ces facteurs.

Pour compenser cette baisse d’activité, 84 % des entreprises de la région ont eu recours à l’activité partielle, 45 % ont fait appel au prêt garanti par l’État (PGE) et moins de la moitié ont fait appel aux délais de paiement d’échéance sociales ou fiscales (48 % dans l’industrie et 41 % dans le tertiaire).

aéronautique

© D.R

Aujourd’hui, si la filière commence à reprendre des couleurs, il s’agit néanmoins « d’un redémarrage en demi-teinte dans l’aéronautique ». Pour preuve, les entreprises de la filière prévoient de maintenir leurs effectifs, pas de les renforcer, et d’avoir nettement moins recours à l’intérim (-25 points de solde d’opinion). Pour l’année 2021, le redémarrage de l’activité est vécu comme « difficile ».

Pour ce qui est des perspectives de la filière aéronautique, les enjeux environnementaux, la concurrence mondiale et la crise sanitaire poussent les acteurs des Pays de la Loire à mettre en œuvre des projets de transformation. Selon les chiffres de l’Insee, 31 % évoquent un projet de transformation numérique, 29 % un projet de diversification ou d’investissement dans de nouvelles activités et 27 % un projet de modernisation industrielle de leur(s) site(s) de production. En revanche, l’environnement mobilise moins la filière : 21 % ont un projet d’amélioration de la performance environnementale des sites de production et seules 7 % des entreprises de la filière un projet d’amélioration de la performance environnementale des aéronefs.

La troisième filière aéronautique de l’Hexagone

Au-delà d’un état des lieux conjoncturel, l’étude de l’Insee met aussi en lumière le poids de la filière aéronautique au sein de la région. « L’aéronautique est fortement implantée dans les Pays de la Loire avec 31 100 salariés qui travaillent dans 410 établissements. Cela représente 3,1 % des salariés du privé. Ceux travaillant « exclusivement » pour la filière aéronautique et spatiale représentent 17 500 salariés, soit 1,7 % des salariés du privé. Un chiffre qui place la filière aéronautique des Pays de la Loire à la troisième place nationale en termes d’emploi, derrière l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine. » Localisée dans l’ensemble de la région, la filière est néanmoins plus concentrée en Loire-Atlantique, dans les zones d’emploi de Saint-Nazaire (6 500 salariés) et de Nantes (5 600 salariés dédiés exclusivement à la filière). Le secteur industriel concentre 90 % des effectifs de la région : 35 % sont dédiés à la fabrication de produits métalliques (vis, boulons…) ; 20 % aux produits en caoutchouc et plastique ; 16 % aux produits informatiques, électroniques et optiques et 6 % aux équipements électriques. Le secteur tertiaire représente quant à lui 10 % des effectifs. En 2020, la région comptait 82 entreprises sous-traitantes avec une autre entreprise, dont 12 appartenant au noyau de la filière. Parmi ces dernières, une sur deux sous-traite pour des raisons de savoir-faire, une sur cinq pour des raisons de production, et une sur quatre pour les deux raisons à la fois.

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