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Abab : Les Business Angels toujours mobilisés

Le réseau de Business Angels des Pays de la Loire adresse aux investisseurs et aux entreprises innovantes un double appel à venir les rencontrer.

(de g. à dr.) Michel BABOUARD (Abab Maine-et-Loire), Alain FOLTZER (Abab Vendée) et Arnaud JEHENNE (président du réseau).

Dans un cadre particulier de crise économique, nous avons voulu montrer le dynamisme de nos membres au niveau ligérien. » C’est par ces mots, qu’Arnaud Jehenne, président d’Abab, a choisi d’introduire le dernier bilan du réseau de business angels (BA). Depuis 2008, l’association intervient comme investisseur minoritaire dans le capital des sociétés dites « à potentiel », à cette étape clé qui se situe entre leur naissance et leur premier succès. Le capital innovation a longtemps été le parent pauvre du capital investissement, « là où les fonds ne voulaient pas aller », rappelle d’ailleurs Arnaud Jehenne, qui précise que la motivation des membres d’Abab « n’est pas liée au rendement – car alors on ne fait pas de capital innovation – mais territoriale », dans une optique de soutien de l’économie ligérienne.

UNE ACTIVITÉ EN CROISSANCE AU PREMIER SEMESTRE

En dépit du contexte, le réseau a donc tenu à montrer qu’il continuait d’investir. « Avant même la mise en place des mesures gouvernementales, les entreprises qui sont venues frapper à notre porte et trouvé le soutien des business angels, sans difficulté », souligne Arnaud Jehenne. Ainsi, malgré le ralentissement économique lié au confinement, l’activité d’Abab sur le premier semestre 2020 enregistre une croissance de 0,4% par rapport à la même période en 2019, alors même que 2019 s’était avérée très dynamique.

Sur cette même année, Abab s’enorgueillit de sa première place des clubs de BA français en montant de refinancement (2e, 3e… tours). « On accompagne dans le temps les entreprises », tient à préciser son président. Les business angels financent les entreprises sur leur épargne personnelle, sur une durée de quatre à douze ans, voire plus « quand on n’arrive pas à sortir de l’entreprise », indique Arnaud Jehenne, précisant que cela arrive régulièrement.

En intégrant le réseau, les investisseurs s’engagent soit à investir 10 000 € par an (c’est le cas pour la quasi-totalité des membres), soit à accompagner un dossier en ouvrant leur réseau, soit en instruisant un dossier. Depuis 2008, sur les 1 000 dossiers passés entre les mains des investisseurs, 65 entreprises ont finalement été accompagnées avec 52 réinvestissements. À ce jour, 8 sont sorties du portefeuille et 14 ont déposé le bilan.

Autre source de fierté : le réseau remporte la deuxième place nationale pour les montants investis (2,5 M€ en 2019) et le nombre de membres ayant investi (84% sont investisseurs). Sur le montant par investisseur et par dossier, Abab se retrouve par ailleurs à la huitième place, avec un montant moyen de 225 000 € (127 000 € par tour de table), pour un ticket moyen par investisseur de 12 000 € par tour.

DES AXES D’AMÉLIORATION

D’après Abab, ses investisseurs n’ont pas de secteurs de prédilection, s’intéressant à tous les projets innovants. À une exception près : le commerce. En termes de tendances, le réseau note toutefois une présence accrue des acteurs du digital et de la santé (Directosanté, Glinko, Obole Digitale, Xenothera…) et observe une nette augmentation des projets impliquant un volet RSE, même si, sur ce point, il assure se prémunir contre le risque de « RSE washing »*…

Autre facette, plus méconnue, des business angels : leur rôle de coach. Une mission grandissante avec la crise économique (lire aussi l’encadré). « Un certain nombre de start-up ne savent pas vivre en période de crise. Du coup, soit elles peuvent être tentées de prendre des mesures radicales, soit, au contraire, elles risquent de rester attentistes, observe Arnaud Jehenne. Dans les deux cas, ces réflexes peuvent s’avérer fatals pour de jeunes structures. Dès lors, le soutien par des investisseurs qui ont été ou sont encore des dirigeants aguerris aux périodes difficiles, s’avère crucial.

Si Abab se félicite de sa dynamique et de son rôle dans l’écosystème territorial, il se montre aussi conscient de ses points faibles. À commencer par l’extrême masculinité d’un réseau qui ne dénombre encore que 9 femmes sur 137 membres…

Deuxième axe d’amélioration : l’âge des investisseurs. Si en Vendée la moyenne d’âge est de 58 ans avec des membres en activité, ce n’est pas forcément le cas dans les autres territoires.

Le réseau souhaite donc se rajeunir et accueillir des profils qui lui permettraient de monter en compétences sur des sujets aussi stratégiques que l’intelligence artificielle.

Autre volonté affichée : parvenir à un maillage à la fois plus large et plus fin du territoire. Plus large, car pour l’heure Abab n’est présent que sur trois des cinq départements ligériens (44, 49 et 85). Situé à la cinquième place des clubs de BA nationaux par le nombre de ses adhérents, le réseau vise les 200 investisseurs à un horizon de deux ans. Responsable d’Abab Maine-et-Loire (27 membres), Michel Babouard voit ainsi « un potentiel de développement inexploité, en particulier dans le Saumurois et le Choletais ». Du côté vendéen, là aussi, il y a matière à recruter de nouveaux investisseurs. L’objectif d’Alain Foltzer, responsable du département, est de doubler le nombre actuel (une quinzaine). Par ailleurs, un rapprochement est en cours avec Symbiose53, club de business angels mayennais.

Abab cherche aussi à être mieux identifié des start-up.

« Nous voulons augmenter le sourcing, indique Arnaud Jehenne, qui remarque actuellement un trou d’air au niveau des entrées de dossiers. Du fait du climat anxiogène, nous enregistrons beaucoup moins de dossiers qu’à la même époque l’année dernière, mais nous ne sommes pas trop inquiets, relativise le président d’Abab, car les experts-comptables et les avocats qui interviennent en amont nous indiquent en avoir de leur côté. » Il espère un mieux d’ici deux mois.

« Nous souhaitons un rapprochement des écoles car c’est là que se trouvent les startupers de demain », souligne par ailleurs Michel Babouard.

* La popularité de la RSE incite certaines start-up à utiliser la responsabilité sociétale comme un argument marketing plutôt que comme une valeur fondamentale de l’entreprise.

 


LES PREMIÈRES DIFFICULTÉS ATTENDUES EN NOVEMBRE

Abab a mené deux enquêtes auprès des entrepreneurs qu’il finance depuis le début de la crise sanitaire.

La majorité des 43 sociétés actuellement dans son portefeuille a eu recours aux mesures de l’État (PGE, chômage partiel, reports de charges et d’échéances bancaires). Selon Arnaud Jehenne, « aucune entreprise n’est tombée pour le moment et celles qui souffraient avant vont plutôt mieux : elles ont ‘‘profité’’ du confinement pour travailler sur leurs produits ou leurs services ». Lucide, le réseau anticipe néanmoins une augmentation des difficultés pour novembre et décembre et constate les premières tensions au niveau de la trésorerie. « On commence à avoir des start-up qui enregistrent des impayés ou au moins un report d’échéances de la part de groupes », s’inquiète le président d’Abab.

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