« Cet événement intervient à un moment charnière pour l’économie circulaire du pays », a attaqué la nouvelle ministre de la Transition écologique, à la Cité des Congrès de Nantes, devant une salle bondée. « Aujourd’hui, les prélèvements de ressources naturelles s’accélèrent. Plus de 100 milliards de tonnes de matières ont été extraites en 2024, contre 30 en 1972. Elles sont responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre et de 90 % de la perte de biodiversité. »
En parallèle, Agnès Pannier-Runacher a souligné que « la production mondiale de déchets explose : elle a atteint 20 milliards de tonnes en 2020. Malgré cette situation, seuls 7 % des matériaux consommés dans le monde proviennent du recyclage, alors que 30 à 40 % de nos besoins pourraient être couverts par des matières premières qui en sont issues ».
Un nouveau marché « qui ne doit pas nous échapper »
Dans ce contexte, la mise en place au niveau européen de réglementations imposant des seuils minimaux d’incorporation de matières recyclées obligatoires s’apprête à créer un véritable marché des matières premières recyclées : plomb, cobalt, lithium… « Il ne doit pas nous échapper », a insisté la ministre. « Un défi particulier va toutefois se poser dans le cadre du règlement sur les matières premières critiques adopté en mai 2024. » Ce texte vise notamment à sécuriser et diversifier les approvisionnements de l’Union en matières premières critiques, « dont notre continent est extrêmement dépendant », a reconnu la ministre.
D’où l’annonce « de travaux d’élaboration d’un plan de circularité des matières premières critiques », a-t-elle poursuivi. « Nous lançons une concertation nationale autour de cinq groupes de travail : les équipements électriques et électroniques, les véhicules, le photovoltaïque, l’éolien et le BTP. La première réunion aura lieu le 7 octobre. » Objectif ? « Disposer d’ici début 2025 d’un premier projet pour nous mettre en accord avec le règlement européen et donner de la visibilité aux filières et à nos industriels. »
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Un décret pour mieux lutter contre le trafic illégal de déchets
La commission européenne prévoit également d’adopter une loi pour créer un marché des matières premières secondaires et des déchets. « La France sera pleinement mobilisée : d’abord par la mise en place de seuils d’incorporation de matières recyclées dans les produits pour favoriser la création de boucles locales. Ensuite, par le développement de nouveaux critères de sortie du statut du déchet. »
Pour assurer la pérennité et l’essor de l’économie circulaire en France, la ministre a enfin annoncé lancer « des travaux d’élaboration d’un décret pour mieux lutter contre le trafic illégal de déchets », tout en s’appuyant « sur le secteur de la réparation et du réemploi ». Un moyen pour Agnès Pannier-Runacher de « faire de ces filières une source de développement économique durable pour nos territoires ».