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Un moratoire sur la 5G à Nantes

Promesse de campagne tenue. La ville de Nantes lance un débat public sur la 5G, en deux temps, et un moratoire, accepté par les opérateurs. Mais pour quelles retombées ? La marge de manœuvre de la ville semble faible à ce stade.

5G à Nantes

5G à Nantes © iStock

Une cinquantaine d’antennes 5G ont d’ores et déjà étaient déployées à Nantes par Orange et SFR. Ne reste plus qu’à les allumer. Mais, « face aux enjeux économiques, écologiques et de santé », Johanna Rolland, en tant que présidente de Nantes métropole a tenu à organiser une discussion « incluant la diversité des sensibilités ». Une promesse de campagne des municipales cette année. « La 5G comporte de nombreux enjeux clés. Si l’on dit aux citoyens que cela facilitera la télémédecine, ils devraient être d’accord ; si c’est uniquement pour que les adolescents téléchargent des films plus rapidement sur leur smartphone, je ne crois pas, a-t-elle exposé lors d’une conférence de presse en ligne le 7 décembre 2020. Notre position est la suivante : le numérique est un moyen, ce qui importe, c’est comment on veut l’utiliser dans notre société. » Taclant au passage, la décision du gouvernement de déployer la 5G sans débat national.

Les enchères d’attribution de fréquence ont en effet été conduites en octobre. Quand le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le sujet est attendu pour mars 2021. « Ce calendrier aborde la question dans le mauvais sens. Nous ne souhaitons pas, à l’avenir, que de telles décisions soient prises sans concertation. Nous voulons aller vers une société civile du numérique », ont indiqué les élus.

À l’issue d’un appel d’offres, pour un budget de 36 000 €, le think tank Fing a été sélectionné pour piloter ce débat. Avec un mode opératoire un peu particulier puisqu’il se fera en deux temps. Le premier a démarré le 10 décembre et durera jusque mi-janvier 2021. Il s’agit d’une mission préparatoire composée d’une vingtaine de personnes, dans un état d’esprit de « neutralité et d’ouverture aux controverses », a expliqué Francky Trichet, adjoint au maire à l’Innovation et au numérique. Seront représentés : la CCI, les Dirigeants responsables de l’Ouest (DRO), la Cantine numérique, ADN Ouest, le Cnam et des associations telles que La Santé à voix haute ou encore le Livre Blanc, qui a listé les mesures à prendre par la métropole pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat au niveau du territoire. Il s’agira d’ « explorer et trier l’ensemble des aspects liés à la 5G dans toute leur complexité. Ce qui ne les empêche pas d’avoir leurs propres opinions », a exposé Jacques-François Marchandise, délégué général de Fing.

VERS UNE 5G RÉGULÉE ?

Pour DRO, son président Lionel Fournier a indiqué que « l’association n’avait pas de position sur le sujet. Des entreprises veulent utiliser la 5G, d’autres non. Beaucoup ne savent pas du tout si et comment elles l’utiliseront. La 5G peut être un levier pour différentes applications numériques et industrielles. Il sera utile pour les entreprises de comprendre les préoccupations des usagers. » Benjamin Heinrich, initiateur du Livre Blanc, a précisé « ne pas vouloir être dans la caricature, entre progrès à tout prix et retour à la lampe à huile. Il s’agit de s’interroger sur les usages possibles, évaluer qui en profitera. » La deuxième étape du débat sera publique et devrait démarrer en février.

Mais, au final, pour quelle portée puisque les décisions se font au niveau national ? « Les moyens formels sont réduits pour une ville, reconnaît Francky Trichet. Les opérateurs font des déclarations d’information en mairie, qui ne se prononce que sur le volet urbanisme. S’ils veulent passer en force, ils pourraient, mais en ont-ils intérêt ? » Des discussions régulières sont menées avec les mairies de Rennes, Paris, Lille ou encore Strasbourg qui ont aussi décidé d’un moratoire. À Nantes, la « décision » devrait être rendue au printemps à l’issue du débat. Il s’agira soit de « dire oui à la 5G, la refuser ou bien la réguler » sur le modèle de la Charte de la téléphonie mobile, adoptée en 2013. La maire de Nantes espère pouvoir opposer le principe de précaution pour refuser, au besoin, l’implantation d’antennes à l’avenir.

Au niveau de la métropole, les maires d’Orvault, Couëron et Bouguenais se sont associés à la démarche. D’autres devraient annoncer leur ralliement dans les prochains jours.

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