Le chiffre est éloquent : « 65% de nos clients, tous circuits de distribution confondus, veulent des produits locaux », rappelle Laurent Ploquin, patron d’un magasin E. Leclerc à Clisson et représentant de l’enseigne de distribution à l’occasion de la signature, le 2 décembre 2020, d’une charte d’engagement pour promouvoir et développer les circuits courts dans le département. Une stratégie déjà mise en œuvre par les GMS 1, parfois depuis longtemps. En France, « Carrefour, c’est plus de 74 000 références de produits locaux, plus de 6 500 TPE et PME qui approvisionnent directement les magasins ou nos entrepôts, rappelle Olivier Morabito, directeur de l’hypermarché de Nantes Beaulieu. Dès 1996 nous avons mis en avant les produits des terroirs avec nos marques Reflet de France. »
Alors, pourquoi une charte ? « Pendant cette période, on a tous constaté un changement des habitudes de consommation et des pratiques d’achat qui a entraîné une désorganisation de nos filières, avec des difficultés d’écoulement de produits locaux en raison de la fermeture des restaurants », explique Alain Bernier, président de la Chambre d’agriculture (CA) de Loire-Atlantique. Et de rappeler les difficultés d’approvisionnement au début du premier confinement sur plusieurs produits, « alors qu’un certain nombre pouvaient être fournis par des producteurs locaux ».
Cette charte, qui constitue un engagement moral pour ses signataires, vise donc à développer l’offre ainsi que la visibilité de la production locale en Loire-Atlantique au sein des enseignes de distribution signataires que sont pour l’heure Auchan, Carrefour, Intermarché, E. Leclerc et Système U. « Dans cette période, tout nous paraît compliqué, mais parfois aussi émerge du positif », se félicite Alain Bernier. Le président de la CA 44 est à l’origine, avec la CCI Nantes St-Nazaire, de cette charte qui permet de rapprocher des acteurs qui, traditionnellement, ont souvent du mal à dialoguer. Actuellement, « 30% des exploitations de Loire-Atlantique travaillent en circuits courts, le potentiel est grand », souligne François Guyot, élu de la Chambre d’agriculture, lui-même exploitant.
Concrètement, cette charte vise, d’une part, à fédérer les enseignes de distribution pour développer le référencement de l’offre locale et d’autre part à sourcer et accompagner les producteurs locaux pouvant répondre aux besoins des consommateurs. Pour les exploitants en effet, s’adresser aux acteurs de la grande distribution implique de concilier trois métiers différents : producteur, transformateur et vendeur, une démarche qui n’est pas forcément naturelle…
« ON EST TOUS INTERDÉPENDANTS »
Cette charte a aussi pour objectif de rassurer les producteurs locaux qui craignent de rentrer dans une relation déséquilibrée, en garantissant notamment une politique de prix partagée et une relation commerciale dans la durée, qui puissent satisfaire les deux parties. « On est tous interdépendants : je ne peux pas vivre sans les producteurs, sans la logistique, les clients et quand on défend tout le monde, on défend aussi indirectement nos intérêts », souligne Pascal Claret, directeur de deux magasins U dans la métropole nantaise.
Un comité de pilotage aura pour mission de faire vivre cette charte et de dresser régulièrement un bilan.
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