Ce jeudi 23 janvier 2025, la direction de Maisons du Monde a annoncé un plan de suppression de 91 postes, une mesure qui concerne près de 12 % des 760 salariés des sièges parisiens et nantais. Privilégiant les départs volontaires, ce plan social pourrait éventuellement se traduire par des licenciements « secs », après les procédures « d’appel à volontariat et de reclassement ». « L’objectif est de gagner en agilité et en efficacité, dans un contexte de transformation globale », a déclaré à l’AFP François-Melchior de Polignac, directeur général du groupe depuis 2023.
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Ces suppressions de postes s’inscrivent dans une stratégie plus large d’économies et de rationalisation. Dès mars 2024, le groupe avait lancé un ambitieux plan de transformation baptisé « Inspire Everyday », afin de réduire les coûts de 85 millions d’euros sur trois ans. Ce plan inclut des mesures drastiques : fermetures ou transferts de 40 à 50 magasins, baisse des assortiments produits et reconfiguration des points de vente. Pourtant, malgré ces efforts, les résultats financiers restent dans le rouge. Sur les neuf premiers mois de 2024, le chiffre d’affaires a reculé de 11 %, atteignant 704,7 millions d’euros.
Pour comprendre les difficultés de Maisons du Monde, il faut revenir à l’après-Covid. En 2021, porté par un boom des achats liés à l’aménagement des foyers, le groupe avait enregistré des résultats historiques. Mais cet élan n’a pas tenu face à une conjoncture de plus en plus tendue : hausse des coûts de production, crise énergétique, inflation et tensions sur le pouvoir d’achat des ménages. En 2023, son chiffre d’affaires avait déjà chuté de 9,3 %, ramenant le groupe à 1,13 milliard d’euros de ventes, avec un bénéfice net divisé par trois.
Le secteur de l’ameublement globalement fragilisé
Ces turbulences ne sont pas propres à Maisons du Monde. Le secteur de l’ameublement et de la décoration est globalement fragilisé. Les enseignes composent avec une concurrence accrue des discounters comme Action, qui attirent les consommateurs avec des prix imbattables, et avec un marché immobilier atone, freiné par la hausse des taux d’intérêt. Selon l’Institut de prospection et d’études de l’ameublement, les ventes de mobilier ont chuté de 8 % en volume en 2023. Certaines marques historiques, comme Habitat, ont même disparu du paysage commercial français.
Face à ces vents contraires, Maisons du Monde tente de redresser la barre. Le groupe a déjà réduit de 25 % son assortiment produits et réorganisé ses points de vente pour mieux s’adapter aux attentes des consommateurs. Il mise également sur l’innovation et lance de gammes en partenariat avec des PME françaises ou le développement de la seconde main, un segment en plein essor avec plus de 300 000 produits vendus en un an.
Malgré ces efforts, le chemin vers la relance semble encore long. Si la direction espère voir les premiers effets positifs du plan « Inspire Everyday » dès 2025, les performances commerciales peinent à convaincre. « Nous sommes en ligne avec notre feuille de route, mais les résultats prendront du temps à se concrétiser », avait déclaré François-Melchior de Polignac à Meuble Info.
Reste à savoir si l’enseigne réussira à retrouver son éclat dans un secteur de plus en plus concurrentiel.