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[ Solitaire du Figaro ] Pep Costa : « La Solitaire, c’est la ligue 1 de la course au large »

Le skipper Barcelonais Pep Costa, dont l’Informateur Judiciaire est partenaire officiel, participe en ce moment à la 52e édition de La Solitaire du Figaro, partie dimanche 22 août de Saint-Nazaire. Une première pour le jeune Catalan de 22 ans. À quelques heures du départ, rencontre à bord avec un skipper nouvelle génération, tout en humilité, passionné, déterminé, mais aussi compétiteur.

Le skipper Barcelonais Pep Costa

Pep Costa © Benjamin Lachenal

D’où vous est venue la passion de la voile ?

Mon père était capitaine de marine marchande, désormais pilote de hors-bord, et, dès tout petit, j’ai embarqué avec lui. J’ai toujours beaucoup aimé la mer. J’ai commencé à naviguer quand j’avais cinq ans et, dès sept ans, j’ai commencé la compétition en Optimist. Je participais à toutes les courses et, déjà, je me disais que plus tard je ferais le Vendée Globe. C’était ma motivation première et ça l’est toujours !

Ensuite, j’ai intégré le groupe national des 29ers (dériveur à trois voiles à spi asymétrique, NDLR) pour les 14-18 ans, avec lequel j’ai obtenu mes premiers résultats au Championnat du monde. Et puis, pendant mes études d’ingénierie à New York en 2019, j’ai fait le pari de participer à la mini-transat en solitaire La Rochelle – La Martinique. Cette transat a été ma première grosse expérience de course au large et de traversée de l’Atlantique. J’ai terminé 8e, c’était vraiment génial. En devenant skipper professionnel, j’ai choisi l’automne dernier de venir habiter en France qui est le lieu idéal pour démarrer une carrière dans la course au large, en intégrant le pôle d’entraînement de Lorient.

 

Une carrière qui a déjà bien démarré ?

Effectivement, d’abord en 29ers, en gagnant le championnat d’Espagne, puis en finissant 7e et 9e au Championnat du monde. Faire la mini-transat il y a deux ans était le truc le plus fou. Je n’avais que 20 ans et j’ai terminé 8e. C’est mon expérience la plus forte. Et le fait de participer à La Solitaire représente un bel aboutissement.

 

La Solitaire du Figaro Pep Costa

© Benjamin Lachenal

Justement, comment se prépare-t-on à participer à une telle course ?

L’aspect financier est le plus important, de même que l’engagement personnel qui est énorme. Pour m’entraîner, j’ai par exemple effectué en mai dernier, en double avec Will Harris, la transat qui va de Concarneau à Saint-Barthélemy. J’ai beaucoup appris à ses côtés sur la gestion du mental, de l’alimentation, du sommeil.

 

Le sommeil, c’est toujours la grande question. Comment se gère-t-il sur La Solitaire ?

En termes de sommeil, il n’y a rien de plus dur que La Solitaire. C’est même pire que sur le Vendée Globe. Sur le parcours, on est confronté à de nombreux rochers, on navigue beaucoup en côtier, tous les monocoques sont identiques, nous naviguons donc souvent très proches. Tout ceci génère beaucoup de stress et nous amène à toujours vérifier ce qui se passe, car tout danger peut arriver, et à tout moment, on peut moins performer. C’est très stressant. Donc on se repose très très peu. On est en mode compétition quand même ! On part dormir dix minutes, et on retourne aussitôt revérifier comment se conduit le bateau. Idéalement, il ne faudrait jamais dormir ! Mieux vaut accumuler du stock de sommeil avant de démarrer pour les quatre étapes et arriver frais et reposé.

 

Avec quatre étapes, c’est chaque fois un nouveau départ ?

Oui, nous avons une pause de trois jours à Lorient, puis Fécamp, et en baie de Morlaix, nos trois points d’étape. Là, on dort pendant trois jours pour récupérer ! Mais c’est ensuite de plus en plus dur de repartir : c’est toute la difficulté de La Solitaire. Le Vendée Globe est certes la course au large la plus dure du monde, mais en termes de sommeil on peut se permettre de dormir deux heures d’affilée avec un rythme plus constant. En outre, tous les bateaux ne sont pas identiques, donc plus éloignés les uns des autres avec moins de risque de percuter. Avec La Solitaire, on effectue beaucoup de manœuvres croisées, en restant toujours en veille. C’est très physique et très intense. Mais j’ai hâte de voir ce que ça donne !

 

Jusqu’où vous sentez-vous capable d’aller ?

Aucune idée, même si je me sens prêt. Faire un très bon classement va être compliqué, voire presque impossible au vu des skippers ultra expérimentés inscrits, mais La Solitaire demeure un super apprentissage pour se former comme marin. Mon objectif pour cette première participation est de faire le mieux possible, le moins d’erreurs, d’être bien sur l’eau, de trouver mon rythme. Mille choses peuvent arriver !

Un bon résultat serait génial, mais les 34 skippers au départ sont vraiment de très bons marins. Pour autant, chaque année, je compte bien progresser en participant à plusieurs petites courses dans l’Ouest en début de saison avant de recommencer La Solitaire. Je veux avant tout apprendre un maximum et prendre du plaisir.

 

Des craintes à quelques heures du départ ?

Un peu d’appréhension, bien sûr, mais j’ai surtout hâte de partir ! Le bateau est prêt. Et j’ai très envie de faire au mieux, sans oublier que ça reste le début de ma carrière. M’améliorer à chaque course est ce qui me motive le plus.

 

Progresser dans votre carrière, avec en ligne de mire le Vendée Globe ?

C’est certain ! Sportivement, le circuit du Figaro est la meilleure école pour s’y préparer. En attendant, je prends beaucoup de plaisir à me former d’autant que La Solitaire c’est le top de la compétition, c’est comme la Ligue 1. Après quelques courses Figaro, on se sent prêt pour l’épreuve reine de la course au large. Le Vendée Globe 2028 pourquoi pas, mais je n’aurai que 29 ans ! (l’âge de François Gabart lorsqu’il a gagné l’édition 2013, NDLR). Sinon, ce sera 2032.

 

Quel est votre pronostic pour ce palmarès 2021 ?

Difficile à dire, car il y a un très haut niveau et au moins dix skippers pourraient gagner. Certains ont fait la course plusieurs fois ; ils ont donc un regard totalement différent et cette expérience vécue compte beaucoup. Ce sont des marins hors-normes et inspirants qui ont couru le Vendée Globe ou la Route du Rhum. C’est une chance pour moi de faire la course contre eux.

 

Une course au large mythique

La Solitaire est la course phare du circuit Figaro, avec un parcours en quatre étapes sur 2400 milles, longeant pour cette 52e édition les côtes espagnoles de la Galice, bretonnes, normandes, puis flirtant avec les terres britanniques et irlandaises. Démarrée de Saint-Nazaire dimanche 22 août, la course fera étape à Lorient, Fécamp, puis en baie de Morlaix, avant de revenir pour l’arrivée sur la cité navale ligérienne.

Depuis 1970, 678 skippers ont participé à cette mythique course au large, l’une des plus exigeantes techniquement et sportivement. Cette année, ce sont 34 skippers, âgés de 20 à 46 ans, dont cinq femmes, douze bizuths, et huit nationalités représentées, qui vont devoir parcourir les 2400 milles en un temps record. Alors qui sur le podium pour succéder à Armel Le Cléac’h, vainqueur 2020 en quatorze jours, deux heures, vingt minutes et trente-et-une secondes ?

Réponse aux alentours du 15 septembre !

 

130 000 € de budget

La Solitaire du Figaro Pep Costa

© Benjamin Lachenal

Le skipper bénéficie d’un réseau de quinze sponsors ayant investi entre 1500 et 10000 €, soit un budget de 130000 € pour la course.

« Mais pour un budget confortable, il faut compter 225000 €, objectif de l’an prochain, glisse Florent Le May, patron de l’agence de marketing sportif PlaytoB, qui accompagne Pep Costa depuis dix-huit mois. Location du bateau (40 000 €), jeux de voile (30 000 €), ça file vite ! Une course comme La Solitaire représente 30 à 40 % d’un budget », explique-t-on chez PlaytoB, co-partenaire titre, avec le groupe vendéen Cybele Vacances, de la course.

 


Saint-Nazaire, double terre d’accueil

Nouveau partenaire officiel de La Solitaire du Figaro pour les six ans à venir, le Département de Loire-Atlantique verra chaque année l’un de ses ports recevoir la course. La probabilité demeurant forte que Saint-Nazaire reste en tête de course au vu de ses infrastructures, son maire David Samzun demeure « serein» à ce sujet. « C’est une opportunité que m’a proposée l’ancien président du Département Philippe Grosvalet (par ailleurs Nazairien d’origine) au moment du premier confinement. Cela répondait parfaitement à notre ambition maritime et à notre volonté de faire de la ville une base pour la plaisance», explique celui qui est aussi président de l’agglo La Carene.

UN VILLAGE D’ACCUEIL AU DÉPART ET À L’ARRIVÉE

Saint-Nazaire, hormis en 2020, n’avait pas accueilli La Solitaire depuis quinze ans. C’est donc un doublé gagnant cette année pour la ville qui vient d’accueillir le village de départ et fera de même pour celui d’arrivée autour du 15 septembre, calés entre la place du Commando et la base sous-marine, et regorgeant d’animations et de spectacles pour petits et grands. David Samzun a fait voter pour cet événement nautique un budget de 340 000 €.

La manifestation a amené du flux dans la cité et attiré nombre de visiteurs, estimés à « 27 000 dans le village durant les quatre jours», selon le premier édile nazairien. Un volume en hébergement de 300 nuités a également été enregistré sur la semaine du départ pour l’occasion, drainant toute une population sur le port, dans le centre-ville et alentours.

Hasard du calendrier, ou pas, mais en tout cas cerise sur le gâteau pour les visiteurs, 48 heures avant le départ des monocoques, longs d’à peine dix mètres, leur cousin géant a effectué sa première sortie pour des essais techniques vendredi 20 août depuis la cale des Chantiers de l’Atlantique, situés à quelques encablures. Wonder of the seas, 362 mètres, est le plus long navire de croisière jamais construit. Un autre monde.

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