Comprendre les nouvelles attentes des diplômés des grandes écoles dans un contexte où ils sont de plus en plus nombreux à renoncer à l’avenir qu’on leur promettait, pour une vie compatible avec les enjeux environnementaux et sociétaux actuels. Tel était le thème de la table ronde de l’Université d’été proposée aux Dirigeants responsables de l’Ouest2, le 8 juillet dernier, au manoir de la Violaye, à Fay-de-Bretagne (Loire-Atlantique).
L’intervention s’appuyait sur les témoignages d’Arthur Gosset et Hélène Cloitre, le producteur et la coréalisatrice et protagoniste de Ruptures, un documentaire qui suit le parcours de six jeunes censés incarner l’élite de demain. Ils sortent de Polytechnique, Sciences Po, Centrale ou de prestigieuses écoles de commerce et cherchent du sens dans leur travail comme dans leur vie. Mais face à un marché du travail qui ne répond en rien à leurs attentes, ils ont fait un choix radical : rompre avec le destin qui leur était tout tracé pour ouvrir une crêperie, devenir prof de kite-surf, créer une entreprise de tiny house… Bref, s’engager dans une voie en adéquation avec leurs convictions, quitte à mettre de côté le salaire et la belle carrière qu’on leur promettait.
« UNE FORME DE DÉSARROI VIS-À-VIS DES FORMATIONS »
Arthur Gosset, lui-même diplômé de Centrale Nantes, a d’abord expliqué comment est né le documentaire : « En 2018, je suis en deuxième année d’école d’ingénieur et il y a le fameux manifeste étudiant pour un réveil écologique. Il s’agit d’un texte fort signé par plus de 30 000 étudiants des grandes écoles réclamant des formations à la hauteur des enjeux et annonçant aux entreprises polluantes qu’ils n’iraient plus travailler chez elles si elles ne changeaient pas immédiatement de cap. » Quelques mois plus tard, Clément Choisne, lui aussi de Centrale Nantes, prononce un discours qui marque les esprits lors de sa remise de diplôme : « En trois minutes, il a réussi à mettre des mots sur ce que nous sommes très nombreux à ressentir au sein des grandes écoles, poursuit le producteur. C’est-à-dire une forme de désarroi vis-à-vis des formations, où l’on est en dissonance au quotidien, avec des cours sur la RSE qui évoquent les limites de la planète, et juste après une intervention sur les avions à réaction, où on nous explique que le moteur à combustion, c’est l’avenir. »
« HYPER DÉCEVANT DE VOIR SA FILLE S’ENGAGER DANS L’ASSOCIATIF »
Autre élément pointé du doigt par les jeunes diplômés : les rapports entre grandes écoles et entreprises. « Sur les forums d’école, on a toujours les mêmes entreprises qui sont présentes. Ce ne sont en général pas les plus vertueuses d’un point de vue écologique et social, mais celles qui financent les écoles, déplore l’ingénieur devenu cinéaste. Du coup, on a commencé à se demander comment ne pas contribuer à ce système destructeur. Pour pas mal d’amis et de connaissances, c’est passé par des choix de vie radicaux, qui les ont menés à de nombreuses ruptures, y compris avec leurs proches. Par exemple, Emma, une bonne amie de Centrale, a dé…