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Décarboner l’énergie : un enjeu économique majeur

Des tarifs qui s’envolent et une pénurie de gaz et d’électricité annoncée pour cet hiver. Dans ce contexte de crise, décarboner les énergies permettrait de générer des économies et de réduire la dépendance énergétique. Un enjeu stratégique crucial pour les entreprises. Mi-juillet, lors d’une conférence organisée à la CCI Vendée, EDF rappelait les leviers de cette décarbonation à l’échelle régionale.

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© Siemens Gamesa Renewable Energy

« Quels sont les leviers de décarbonation à notre portée, ici, en Pays de la Loire ?“ C’est la question posée par l’étude “Prospective énergétique en Pays de la Loire 2050“, menée par EDF et présentée aux chefs d’entreprise vendéens lors d’une conférence organisée à la CCI Vendée mi-juillet. Réalisée avant la crise actuelle, en 2016, elle s’inscrit dans l’objectif national d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. À la lumière de l’actualité, elle prend aujourd’hui une tout autre dimension.

Sur son site “Agir pour la transition énergétique“1, l’Ademe explique que la décarbonation du mix énergétique, c’est-à-dire la réduction des émissions de CO2 liées à la consommation d’énergie, est « un atout pour l’industrie française… Elle est une nécessité qui s’impose à toutes les entreprises pour améliorer leur compétitivité et répondre aux enjeux environnementaux. » Décarboner son énergie passe par une amélioration de son efficacité énergétique. « Cette efficacité énergétique permet de générer des économies grâce à l’optimisation des consommations et de préserver l’entreprise de la dépendance aux énergies fossiles et de l’instabilité des prix de l’énergie grâce à la maîtrise de l’approvisionnement énergétique… », précise l’Ademe.

POINT DE SITUATION EN PAYS DE LA LOIRE

Pour viser l’efficacité énergétique, un état des lieux des consommations s’impose, notamment pour connaître les secteurs les plus énergivores de la région. « La consommation en Pays de la Loire est de 90,9 TWh, indique Hervé Rivoalen, directeur Action régionale Pays de la Loire chez EDF. Les deux tiers sont liés au pétrole et au gaz. Ce n’est pas spécifique à la région mais cela montre bien notre dépendance à ces deux sources énergétiques. Sans surprise, le secteur qui consomme le plus d’énergie est le transport (34 %), suivi de près par le résidentiel (30 %), l’industrie (19 %) et le tertiaire (12 %). »

Quid des GES (gaz à effet de serre) ? La région émet 33 MT de CO2, soit 10 % environ des émissions françaises, dont 20 MT sont d’origine énergétique. Les secteurs ligériens les plus émetteurs de GES énergétiques sont le transport (8 MT), le bâtiment (5 MT), la production d’énergie (4 MT) et l’industrie (3 MT). « Comparée à d’autres régions, les Pays de la Loire sont plutôt surconsommatrices de transport, 7 % au-dessus de la moyenne. C’est lié à sa ruralité et son réseau dense de PME-PMI qui exportent », analyse Hervé Rivoalen.

DES LEVIERS ATTEIGNABLES

Pour se rapprocher de la neutralité carbone, EDF a retenu des scénarii de « sobriété énergétique acceptable, avec un coût de l’énergie acceptable et une valorisation des ressources énergétiques du territoire, en s’appuyant sur des technologies existantes et non sur des paris technologiques audacieux », indique le fournisseur de gaz et d’électricité.

Côté transport, trois leviers ont été identifiés : basculer de la mobilité essence vers la mobilité électrique, biogaz ou hydrogène ; renforcer la politique locale de sobriété et de mobilité douce susceptible de réduire d’un tiers les émissions de CO2 du secteur des transports ; élargir l’offre de transport public, ce qui implique d’investir dans des infrastructures et des réseaux adaptés.

Dans le secteur du bâtiment (résidentiel et tertiaire), travailler l’isolation et les énergies de chauffage est l’axe privilégié. « Il reste environ 145 000 chaudières au fioul en Pays de la Loire à convertir au gaz ou à remplacer par une pompe à chaleur. Faut-il aller jusqu’à un bâtiment à énergie positive et ainsi se passer de chauffage ? Ce que l’étude a mis en évidence, c’est que cette stratégie-là serait finalement plus coûteuse et non adaptée aux bâtiments anciens. »

DANS LE SECTEUR DU BÂTIMENT (RÉSIDENTIEL ET TERTIAIRE), TRAVAILLER L’ISOLATION ET LES ÉNERGIES DE CHAUFFAGE EST L’AXE PRIVILÉGIÉ.

Concernant la décarbonation des productions d’énergie, la direction à prendre est celle des énergies renouvelables. « Les énergies renouvelables ont un potentiel très important en Pays de la Loire, environ 20 fois plus que la production actuelle, principalement grâce à l’éolien en mer. Un déploiement ambitieux et réaliste des énergies électriques est possible : 18 TWh d’ici 2030 et 34 TWh d’ici 2050. » Pour rappel, la capacité de production annuelle du parc éolien des îles d’Yeu et de Noirmoutier, dont la mise en service est prévue à l’horizon 2025, est de 1 900 GWh. Elle doit couvrir les besoins de 800 000 personnes chaque année. Du côté de la Loire-Atlantique, la moitié des 80 éoliennes du parc éolien en mer de Saint-Nazaire sont installées pour une mise en service complète d’ici la fin de l’année. Ce parc devrait fournir 20 % de la consommation électrique du département.

« Il faut continuer à développer en parallèle l’éolien onshore (intérieur des terres), indique Hervé Rivoalen, même si l’on sait qu’il y a des questions d’acceptabilité plus compliquées à prendre en compte. Il faut aussi s’intéresser à la production photovoltaïque, hors des terres agricoles, mais sur des friches industrielles, d’anciennes carrières, à des endroits impropres à l’agriculture. Autre piste à développer dès que c’est possible : les ombrières sur les parkings et sur les toits des bâtiments. »

IL Y A UNE PLACE TRÈS IMPORTANTE À PRENDRE POUR L’HYDROGÈNE POUR DÉCARBONER LA FABRICATION DE L’ACIER OU DU CIMENT

Quant à la décarbonation de l’industrie, elle passe par l’électrification des usages. Quatre secteurs représentent 80 % des émissions industrielles de CO2 en Pays de la Loire : les matériaux de construction (ciment, béton), la métallurgie, la chimie et l’agroalimentaire. L’essentiel de ces émissions de GES (73 %) provient des usages thermiques. Que peut-on faire? Comment agir ? « Il y a une place très importante à prendre pour l’hydrogène pour décarboner la fabrication de l’acier ou du ciment. Pour rappel, l’hydrogène n’est pas une énergie en tant que telle mais un vecteur énergétique, fabriqué à partir de méthane ou par électrolyse de l’eau, seule méthode qui n’émet pas de CO2 mais qui représente une part infime de la production totale. Deux installations de ce type existent en France : l’une à Bouin en Vendée (puissance : 1 MW), l’autre à Auxerre (1 MW). Le chemin est encore long pour décarboner les 900 000 T d’hydrogène consommées par an en France actuellement. Selon le plan Hydrogène 2030, elle sera de 1,5 MT d’ici huit ans. »

En associant ces leviers, il est possible de diviser par cinq les émissions de CO2 énergétiques actuelles d’ici 2050. « L’efficacité des technologies électriques, outre une diminution importante des émissions, permet de diminuer la consommation finale d’environ 40 % d’ici 30 ans, sans sobriété forcée », conclut Hervé Rivoalen.

1. Source : ademe.fr/entreprises/demarche-de-carbonation-industrie/comprendre-enjeux-decarbonation

2. Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

3. Il s’agit de l’usine Lhyfe, premier site de production d’hydrogène vert ouvert en septembre L’entreprise a fait son entrée en bourse fin mai.

Groupe Beneteau énergie

Alain Leboeuf, président du conseil départemental de la Vendée, Bruno Thivoyon, directeur général du groupe Beneteau, et Jean-Paul Chapeleau, conseiller de la direction générale du groupe Beneteau. © Groupe Beneteau

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Beneteau, partenaire de Vendée Énergie et Allez Cie

Mi-juillet, le Groupe Beneteau a signé l’accord cadre du projet d’ombrières photovoltaïques en Pays de la Loire avec ses partenaires Vendée Énergie et le groupe Allez et Cie, spécialisé dans la performance énergétique, l’aménagement du territoire et des bâtiments. Ce projet vise à créer des installations d’ombrières photovoltaïques sur huit sites de production du Groupe Beneteau en Vendée. Représentant au total 40 660 m2 de panneaux, les ombrières vont fournir des parkings couverts aux collaborateurs sur tous les sites. Ce sont également 130 points de recharge électrique ainsi mis à la disposition des collaborateurs pour les véhicules privés et de service, sur toute la Vendée et à Cholet. Au global, ce projet d’ombrières photovoltaïques va permettre de produire à pleine charge 9 770 MWh (mégawatt-heure) d’électricité d’origine renouvelable qui viendra alimenter les sites de production du Groupe Beneteau. Grâce à ce partenariat avec Vendée Énergie, le projet d’ombrières va également permettre de raccorder 8,4 MWc (mégawatt-crête) d’électricité produite sur les sites de production du Groupe Beneteau au réseau vendéen. Ainsi, plus de 1 800 foyers situés dans les communes avoisinantes pourront être alimentés en électricité renouvelable produite localement. Les travaux d’installation des ombrières photovoltaïques débuteront en octobre 2022 et les premières tranches d’électricité seront produites dès janvier 2023.

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