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Répar’acteurs : la nouvelle vie des objets

Résolument dans l’air du temps, la réparation s’inscrit dans l’économie circulaire et de proximité. Avec le label Répar’acteurs, la Chambre de métiers et de l’artisanat veut promouvoir le savoir-faire des artisans.

Poule Noire, Stéphane LAVALLET

Stéphane LAVALLET, co-gérant de l’Atelier de la poule noire © I.J

Si la réparation n’est pas toujours le premier réflexe lorsqu’un objet tombe en panne, ses avantages sont pourtant nombreux : éviter un nouvel achat en allongeant sa durée de vie, consommer mieux, réduire ses déchets, économiser les ressources naturelles, soutenir l’économie circulaire et de proximité… Label national, les Répar’acteurs se déclinent en régions et notamment depuis 2014 en Pays de la Loire, par l’intermédiaire de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA), en partenariat avec l’Ademe.

UNE DIVERSITÉ DE MÉTIERS

Couturières, tapissiers, réparateurs informatique… Les métiers de la réparation d’objets du quotidien sont variés et nombreux. On en compte près d’une trentaine, répartis dans trois domaines : la personne (cordonniers, selliers, bijoutiers, horlogers…), la maison (réparation de mobilier, d’électroménager…) et le jardinage, les déplacements et les loisirs (réparation de tondeuses, de vélos, d’instruments de musique…). « Même si les particuliers ont tendance à vouloir réparer eux-mêmes leurs objets en panne, des professionnels existent, ce qui est mieux à la fois pour obtenir un travail de qualité et des raisons de sécurité », explique Christophe Terrien, conseiller à la CMA Pays de la Loire, qui coordonne le dispositif. Dans la région, sur près de 4 300 artisans réparateurs, 750 sont labellisés Répar’acteurs, dont 150 en Loire-Atlantique et autant en Vendée. Pour obtenir le label, les entreprises doivent d’abord bénéficier d’un accompagnement réalisé par le conseiller de la CMA. Puis, soit assister à l’atelier Répar’acteurs, consistant en des formations pour acquérir des méthodes et outils afin de mieux vendre leurs prestations, soit participer à une action collective faisant la promotion de la réparation. Sachant qu’il n’existe pas d’organisation professionnelle en la matière, le Club Répar’acteurs, qui a lieu une à deux fois par an, même si ces derniers temps le Covid a rendu difficile sa tenue, permet aux réparateurs de se rencontrer et d’échanger autour de leurs problématiques.

Beauté intérieure

© Beauté intérieure

GAGNER EN VISIBILITÉ

La démarche d’obtention du label, gratuite, s’adresse aux entreprises artisanales du secteur de la réparation à l’exception du secteur de la mécanique automobile. À la clé pour les détenteurs du label : la possibilité d’augmenter leur visibilité, à travers les outils de communication fournis par la Chambre de métiers et de l’artisanat (autocollant pour la vitrine, réseaux sociaux…) mais aussi à travers la participation à des événements, comme la foire-exposition du Pays de Retz, fin mars à Machecoul ou la Foire internationale de Nantes en avril. « L’occasion à la fois de valoriser leurs savoir-faire et de sensibiliser les clients, de montrer qu’il y a des objets réparables et qu’il y a des gens compétents pour cela, même s’ils sont parfois peu visibles car travaillant à domicile », souligne Christophe Terrien. Labellisés Répar’acteurs ou non, les réparateurs sont référencés sur Annuaire-reparation.fr, un moteur de recherche qui permet aux consommateurs de trouver près de chez eux le type d’artisan réparateur qu’il leur faut selon leurs besoins.

 

Beauté intérieure restaure des fauteuils

Entreprise artisanale située à Chantonnay (85), Beauté intérieure est spécialiste de tapisserie d’ameublement. Installée à son compte depuis 2010, Denise Dubreuil restaure des fauteuils de style ou contemporains et elle confectionne aussi rideaux, dessus de lits, voilages ainsi que tentures murales. La plupart du temps, elle travaille en relation directe avec ses clients pour répondre à des demandes de décoration de caractère, souvent très personnalisée. À la faveur de la crise Covid et de son cortège de confinements, Denise Dubreuil a observé un intérêt croissant pour la réparation : « les gens, contraints de rester chez eux, ont eu plus de temps pour regarder leurs fauteuils avec un œil différent et se poser des questions sur leur consommation », explique-t-elle. Elle voit ainsi une envie de revenir à des produits plus locaux et vertueux sur le plan environnemental, et un attrait marqué pour l’artisanat français et des achats « plus réfléchis et qualitatifs ». Membre des Répar’acteurs depuis près de cinq ans, Denise Dubreuil a pu y suivre des formations commerciales, fiscales ou de communication et a pu exposer son travail lors d’événements, notamment lors de la journée de la réparation, l’été dernier, dans les locaux d’Emmaüs, aux Essarts. « Et comme nous sommes de petites structures et travaillons souvent seuls dans nos ateliers, nous apprécions de rencontrer d’autres professionnels pour échanger sur nos réussites et nos difficultés », souligne-t-elle.

L’Atelier de la poule noire, Répar’acteur de vélos

Créé en octobre 2018, l’Atelier de la poule noire, à Nantes, détient le label Répar’acteurs depuis 2020. « En tant qu’artisans du vélo, nous nous sommes identifiés à la démarche de la Chambre de métiers et de l’artisanat, explique Stéphane Lavallet, co-gérant. Nous souhaitons défendre la réparation et sommes sensibles à la question de l’obsolescence ». Une labellisation qui a contribué à faire monter l’atelier en puissance, bien aidé par le contexte sanitaire. Cette Scop, qui se positionne essentiellement sur la réparation de vélos et le conseil, a en effet connu un fort développement, passant de deux collaborateurs à ses débuts à cinq aujourd’hui. Stéphane Lavallet parle même d’un « scénario exceptionnel » : pendant le premier confinement, l’entreprise était considérée comme « de première nécessité » et son activité n’a jamais faibli depuis. Elle a même connu une accélération avec le dispositif de l’État « Coup de pouce vélo » d’avril 2020 à mars 2021, qui visait à encourager la pratique de la petite reine à travers une aide financière de 50 €. Une situation qui l’a poussée à recruter pour répondre à la demande.

Côté perspectives, Stéphane Lavallet se dit confiant pour 2022, même si des interrogations demeurent avec les difficultés d’approvisionnement que connaît le secteur. Seule certitude : la progression de la pratique du vélo devrait continuer à donner du travail à l’atelier : « Comme beaucoup de gens s’y sont mis, il y aura un besoin de maintenance en conséquence », analyse Stéphane Lavallet.

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