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Recrutement : des difficultés plus ou moins marquées selon les territoires

Entre 2015 et 2023, la part des projets de recrutement jugés difficiles a davantage progressé dans la région qu’au niveau national. Tel est le constat d’une récente étude de l’Insee Pays de la Loire. Si les bassins d’emploi les plus denses suivent la tendance régionale, les tensions de recrutement sont plus importantes dans certaines zones rurales ou dans les secteurs plutôt tournés vers l’industrie.

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En 2023, parmi les 205 000 projets de recrutement anticipés dans les Pays de la Loire, 69 % sont considérés comme difficiles par les employeurs, contre 37 % huit ans plus tôt. Ces difficultés, souvent structurelles, mais aussi parfois amplifiées par les crises, possèdent une dimension territoriale. Pour réaliser son étude, l’Insee Pays de la Loire[1] s’est appuyé sur deux indicateurs, à commencer par l’intensité d’embauche. Facteur déterminant dans la région, elle est considérée comme très tendue pour 54 % des métiers contre 44 % au niveau national. Elle peut notamment être liée à la spécificité des territoires (pôle urbain, zone littorale touristique, territoire agricole…), qui nécessitent des besoins particuliers et importants dans certaines professions.

Autre élément explicatif : l’inadéquation géographique qui mesure l’écart entre la répartition géographique de la main-d’œuvre et celle des postes proposés. Elle dépend de plusieurs facteurs : des difficultés de logement, par exemple un prix de l’immobilier élevé, un manque de logements sociaux, ou des problématiques de mobilité. L’inadéquation géographique est toutefois moins élevée dans les Pays de la Loire avec 23 % des métiers classés à un niveau très tendu contre 33 % en France.

Des difficultés en hausse à Blain, Ancenis, Fontenay-le-Comte et Les Herbiers

C’est à Blain et à Beaupréau (Maine-et-Loire) que les difficultés de recrutement progressent le plus en Pays de la Loire : deux bassins d’emploi à dominante rurale dont le niveau de tension était faible en 2015. Ensemble, ils totalisaient 3,3 % des intentions d’embauche de la région en 2023. Les difficultés augmentent en moyenne de 49 points en huit ans, essentiellement en raison de tensions dans l’industrie, le bâtiment et l’agriculture.

En parallèle, dans huit bassins d’emploi[2] moins peuplés et plutôt industriels, les difficultés de recrutement, déjà plus élevées qu’ailleurs en 2015, sont en forte augmentation : +34 points en moyenne, et des difficultés atteignant 76 % des projets en 2023. Parmi ces bassins d’emploi figurent ceux d’Ancenis, Cholet, Fontenay-le-Comte et Les Herbiers représentant 21 % de l’ensemble des projets de recrutement de la région l’an passé. Dans la zone des Herbiers (voir encadré), la progression est très forte pour les ouvriers non qualifiés des industries agroalimentaires. Les conducteurs routiers ainsi que les ouvriers non qualifiés de l’emballage et manutentionnaires sont aussi beaucoup plus difficiles à recruter qu’en 2015. La demande générée par la présence de plateformes logistiques et le taux de chômage très faible (3,5 %) amplifient les difficultés de recrutement sur ce territoire.

Les territoires urbains suivent la tendance régionale

Dans sept bassins d’emploi composés notamment de grands centres urbains, les difficultés de recrutement suivent la tendance régionale (34 % de projets jugés difficiles en 2015 contre 68 % en 2023). Ces territoires, parmi lesquels figurent Nantes, Angers, Saint-Nazaire ou encore La Roche-sur-Yon, couvrent la moitié des projets de recrutement de la région. Dans ces zones, où les besoins en logement sont importants, les tensions sont en hausse pour les métiers du bâtiment, principalement à Nantes et Saint-Nazaire où les difficultés augmentent respectivement de 44 points et 41 points pour les ouvriers de la construction et du bâtiment. Les difficultés de recrutement s’accentuent aussi tout particulièrement pour les métiers de l’encadrement (cadres administratifs, des ressources humaines, de l’industrie et du commerce) dans la région nantaise.

Des disparités sur le littoral

Si les difficultés marquent le pas dans les bassins d’emploi de Pornic et des Sables-d’Olonne pour le secteur de l’agriculture (notamment pour les maraîchers et horticulteurs à Pornic), elles sont en augmentation pour les métiers de la vente et du tourisme (en particulier dans la région sablaise). Pour les services aux particuliers (aides à domicile principalement), on enregistre une nette hausse des tensions de recrutement dans le bassin de Challans, en lien avec les besoins induits par le vieillissement de la population.

 

[1] Étude Insee Flash Pays de la Loire-Mars 2024 : Guillaume Coutard, Cyril Hervy. L’enquête complète celle réalisée en décembre 2023, “En 8 ans, les difficultés de recrutement doublent dans les Pays de la Loire”.

[2] Les Pays de la Loire comptent 26 bassins d’emploi, qui correspondent aux zones de compétences d’une ou de plusieurs agences France Travail.