Couverture du journal du 04/02/2025 Le nouveau magazine

Quand le sport se met au service de la RSE

Bien-être des équipes, réduction de l’absentéisme, accroissement de la productivité… Les bienfaits du sport au travail sont nombreux. Il peut également aider les entreprises à engager une transition écologique et sociale et être un levier d’engagement et de cohésion pour la marque employeur. Des actions se mettent en place et interrogent sur le rôle du sport dans le cadre d’une démarche RSE.

Johann Sauvage, Ma gestion locative ; Olivier Haurede, Martineau et fils ; Nikolas Seferiadis,Homkia ; Clémence Terrasse, Codes Rousseau, ont partagé leurs expériences autour du sport en entreprise, levier de croissance durable. VILLE DES SABLES-D'OLONNE

« Le sport véhicule des valeurs essentielles telles que le respect, l’esprit d’équipe et la persévérance. Ces valeurs peuvent inspirer les entreprises à adopter des pratiques plus responsables », explique Alexandre Mézière, président de la SEM Les Sables d’Olonne Développement, en ouverture de la deuxième édition des Rencontres Respon’Sables. « En 2024, alors que nous célébrons le sport avec les Jeux olympiques et bientôt le Vendée Globe, engageons-nous à faire de la RSE une priorité et intégrons le sport en entreprise. »


Lire aussi
Ismaël Moussa : « Plus tôt tu envisages la suite, plus facile elle sera »


Lorsque l’on évoque la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), les piliers environnementaux et économiques arrivent en pole position. Avec, pour les dirigeants, l’objectif de s’adapter pour limiter les impacts négatifs qui découlent de leurs activités. « Pourtant, l’axe social de la RSE engage les entreprises à promouvoir le bien-être de leurs employés, favoriser l’inclusion et l’égalité et contribuer au tissu social », poursuit Raphaël Granel de Solignac, développeur économique aux Sables d’Olonne Développement. Le sport y a donc toute sa place. Toutefois, selon un baromètre du Medef publié en décembre 2022, la pratique d’une activité physique et sportive reste peu développée en milieu professionnel, avec seulement 13 % des dirigeants qui déclarent avoir mis en place des solutions pour leurs salariés.

« Une vraie de prise de conscience de la nouvelle génération »

Salle de sport, création de clubs en entreprise, tickets pour les infrastructures sportives et magasins d’équipement, défis et challenges sportifs : ces exemples d’actions se multiplient. Notamment avec l’impulsion des jeunes générations qui veulent une culture d’entreprise attractive, donner du sens à leur travail et adhérer à des valeurs.

« Il y a une vraie prise de conscience de la nouvelle génération », explique Nikolas Seferiadis, dirigeant de Homkia, spécialisé dans la rénovation de l’habitat et présent à la table-ronde. « Nous avons une population jeune et dynamique qui se rend sur l’heure du midi à une salle de sport ou se regroupe pour aller faire des activités de plein air. Le sport est naturellement une direction que l’on va prendre à un moment donné », complète Johann Sauvage, directeur général de Ma gestion locative dont le siège est basé en Vendée.

L’angle social – et cette dimension sportive – permet d’engager les collaborateurs autour des enjeux de la RSE. En voulant donner plus de sens à leur travail et ainsi trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, les salariés ont donné de nouvelles perspectives en matière de recrutement. « Avec notre marque employeur, nous communiquons vers l’extérieur afin de recruter des talents. Mais il faut que nos actions soient une vraie promesse, lorsque l’on met en avant de bonnes conditions de travail et un certain bien-être », détaille Nikolas Seferiadis. Sur la pratique sportive et son importance, ce dernier pose d’emblée : « J’aime recruter des sportifs, car ils ont le goût de l’effort. Donc, quand on investit dans le sport, cela permet de les approcher. »

Chercher l’adhésion des salariés…

Un constat que partage Philippe Sence, cofondateur de l’Institut du sport durable. Fondée en 2024, la structure s’appuie sur une communauté d’adhérents pour partager les bonnes pratiques en utilisant l’intelligence collective. Pour l’entrepreneur, lorsque l’on essaie de réfléchir à une pratique sportive en lien avec le monde de l’entreprise, la mobilité apparaît comme la première action concrète en encourageant l’activité physique au sens large.

Des initiatives de mobilité qui n’excluent pas la question de l’investissement dans les infrastructures sportives en entreprise et surtout l’adhésion des salariés. « Cela n’est pas toujours évident de mobiliser les collaborateurs, car ce sont un peu toujours les mêmes qui participent. En définitive, ce qui est difficile, c’est d’arriver à embarquer plus largement », observe Clémence Terrasse, directrice marketing et communication chez Codes Rousseau. Pourtant, la structure éditrice de supports pédagogiques pour les formations de permis, basée aux Sables-d’Olonne, multiplie les initiatives : cours de yoga sur la pause du midi, participation au triathlon des entreprises ou encore la pose d’affichettes incitant à faire du sport « pour sensibiliser à la mobilité afin de ne pas rester toute la journée devant son écran ». Avec son comité social et économique (CSE), l’entreprise a également acheté des paddles sous forme de prêts le temps d’un week-end. Dans ce cas de figure, c’est un exemple de la pratique sportive individuelle qui rentre dans la stratégie de l’entreprise, et donc l’employeur qui incite au sport et permet de fédérer les salariés.

Philippe Sence, cofondateur de l’Institut du sport durable. VILLE DES SABLES-D’OLONNE

La mobilité apparaît comme la première action concrète. Philippe Sence

Le sponsoring de clubs sportifs pour fédérer

Si des contraintes telles que la méconnaissance du sujet, le manque de moyens, l’accès à des douches ou vestiaires, empêchent certaines entreprises de sauter le pas, Nikolas Seferiadis est catégorique : « Cela peut être vu comme un coût initialement, mais c’est un investissement qui se rentabilise rapidement ». Car des solutions existent comme la mutualisation des coûts d’une infrastructure avec d’autres entreprises, un partenariat avec une fédération pour développer une pratique sportive ou la participation à une plateforme de solutions sportives à l’instar de WeeztR (challenge responsable, gamification).

Enfin, autre levier pour fédérer un projet commun sportif : la question du sponsoring en entreprise. « Les valeurs – que je souhaite mettre en place – correspondent à celles du sport », souligne le dirigeant de Homkia, qui subventionne à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros des clubs sportifs. « Mais il ne suffit pas d’injecter de l’argent pour soutenir les clubs locaux, ni de mettre un panneau dans le local social. Il faut bien que les collaborateurs se déplacent dans les salles et deviennent peut-être des passionnés. » Une autre façon d’apporter des liens forts dans l’entreprise et d’enclencher une dynamique sportive. Sans oublier le côté vecteur de communication et donc de notoriété.

Si le sport est un levier d’engagement, de cohésion et de croissance durable, ainsi qu’un véritable moteur pour la RSE, Philippe Sence rappelle qu’il y a un mot-clef dans le chemin commun vers la transformation durable : la co-construction. « Les collaborateurs doivent être impliqués dans le processus RSE et comprennent bien que si nous continuons le monde comme aujourd’hui, on va être confronté à des difficultés et que l’entreprise va en souffrir. » En intégrant le sport dans le quotidien des salariés, les entreprises peuvent capitaliser sur plusieurs aspects en renforçant leur RSE avec une amélioration de la qualité de vie au travail, un bien-être des équipes dans un environnement professionnel épanouissant, la lutte contre la sédentarité avec la mise en avant des bienfaits de l’activité physique ou encore la fidélisation de nouveaux talents tout en étant un acteur socialement responsable.

En 2024, la qualité de vie au travail est un enjeu crucial et certains candidats sont soucieux d’intégrer une entreprise ayant un label RSE. Depuis 2022, une trentaine de structures ont obtenu le label « Respon’Sables » de la SEM Les Sables d’Olonne Développement. Il met en avant les bonnes pratiques des entreprises et identifie les axes d’amélioration sur les différentes thématiques de la RSE. Par ailleurs, un guide des bonnes pratiques RSE, destiné aux entreprises, vient d’être édité et réalisé en partenariat avec Entreprises des Olonnes (Edo) et l’association des Plesses.