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Privilège Marine recrute, porté par l’engouement pour le catamaran de grand voyage

Porté par l'engouement pour les catamarans de grand voyage, Privilège Marine consolide ses bases aux Sables d'Olonne. Le chantier nautique, spécialiste des bateaux de croisière haut de gamme, recrute une cinquantaine de salariés pour renforcer ses équipes de production.

Le chantier des Sables d'Olonne recrute 50 salariés en production pour honorer les commandes ©Privilège Marine

« Nous sommes la haute couture du catamaran », aime à dire Gilles Wagner, PDG de Privilège Marine. Bois et essences nobles pour les aménagements intérieurs, sellerie, propulseur d’étrave supplémentaire, adaptation des équipements aux exigences territoriales (US, Australie…), optimisation de la gestion électrique, tout est fait sur-mesure pour s’adapter à l’exigence des clients. Cette spécificité qui le distingue des autres fabricants fait le succès du chantier nautique sablais. À ce jour, la PME vendéenne affiche un carnet de commandes de 20 bateaux, représentant 60 M€, auxquels s’ajoutent 15 unités actuellement en production. Le plus petit des catamarans de la gamme (15,5m) s’affiche à 1,8 M€ tandis que le plus gros (23,7m) atteint entre 5 et 7,5 M€. Le dirigeant espère clore l’exercice au 30 juin 2022 sur un chiffre d’affaires de 16 M€ avec neuf bateaux livrables d’ici là. Gilles Wagner anticipe un chiffre d’affaires de plus de 20 M€ en juin 2023. Encore faut il pouvoir honorer les commandes.

30 postes à pourvoir immédiatement en CDI

Pour renforcer ses équipes de production, le chantier sablais recrute 50 salariés en CDI. L’objectif du dirigeant est de compter 280 salariés à la fin 2023. 30 postes sont à pourvoir immédiatement : menuisiers, plombiers, électriciens, mécaniciens, accastilleurs, stratifieurs… Mais, comme tous les constructeurs vendéens, il se heurte à un tarissement de la ressource locale en salariés expérimentés. À cela plusieurs raisons : un bassin économique de quasi plein emploi (Les Sables d’Olonne ont un taux de chômage de 7,7%), un déficit de formations dans la filière et une méconnaissance des métiers du secteur et des débouchés possibles. « Un stratifieur ou un menuisier de marine trouvera du travail où qu’il aille dans le monde », affirme Gilles Wagner. Pour pallier la pénurie de main-d’oeuvre professionnelle, la société a décidé d’ouvrir ses CDI à des personnes inexpérimentées et élargit sa zone de recherche bien au-delà des Sables d’Olonne.

Des personnes motivées et formées par les anciens

Les profils recherchés sont des bricoleurs, des personnes douées de leurs mains et méticuleuses. Mais surtout des personnes motivées. « Elles prennent part à la fabrication d’un bateau dont elles rencontrent le propriétaire. C’est gratifiant mais c’est difficile à traduire dans une offre d’emploi », indique Gilles Wagner. Les nouveaux sont ensuite formés par les anciens. Une quinzaine de salariés tuteurs, dits « référents », sont ainsi chargés dans l’entreprise d’encadrer chacune des recrues dans leur spécialité. Une ancienne dirigeante de franchise dans le prêt-à-porter est par exemple devenue la référente en polyester.

Ce compagnonnage s’ajoute au module spécifique de formation monté avec Pôle emploi et le lycée Tabarly basé aux Sables d’Olonne. Lancé il y a trois ans, il permet de former en trois mois des opérateurs polyester de tous horizons. Sur 25 stagiaires, 15 ont été recrutés par le chantier sablais.
Reste à intéresser les candidats potentiels. Le PDG fait valoir des recrutements en CDI, des minima salariaux 15% supérieurs au Smic, une cantine, des avantages sociaux et la grande fidélité des salariés. « Malgré notre croissance rapide, nous essayons de maintenir un esprit de famille », indique Gilles Wagner.

Vitrine du savoir-faire pour la ville, le chantier est situé au bord du ponton du Vendée Globe ©Privilège Marine

De son côté, le maire des Sables d’Olonne, très impliqué dans le développement de cette vitrine du savoir-faire pour la ville, expérimente des mesures originales pour permettre aux salariés de trouver plus facilement des logements en location*. « L’économie maritime est un gisement de croissance et d’emplois pour la ville et le département », argue Yannick Moreau.

*voir aussi l’article de l’IJ N°7071 du 26/11/21

Renaissance de la marque en 2012

Pourtant, le chantier sablais a bien failli disparaître. Né aux Sables d’Olonne en 1985 sous l’égide de Philippe Jeantot, père du Vendée Globe, les bateaux Privilège passent aux mains d’Alliaura marine en 1996 et déménagent à Lorient dans le Morbihan. En 2012, Gilles Wagner et trois associés rachètent l’entreprise alors qu’elle s’apprêtait à déposer le bilan. Le dirigeant relocalise le chantier sur une friche industrielle sur le port des Sables d’Olonne. Repartie de zéro avec d’anciens salariés, la société compte dix ans plus tard 230 salariés.

Rachetée en 2017 par l’Allemand HanseYachts, elle a pu investir 5,5 M€ pour moderniser ses process de production. Forte de son nouvel actionnaire, Privilège Marine a réalisé un chiffre d’affaires de 12,7 M€ en 2021 dont 80% à l’export. Depuis sa relance en 2012, 45 catamarans Privilège sortis du chantier sablais sillonnent les mers du monde.

À ce jour, Privilège Marine compte 230 salariés ©Privilège Marine