Comment définir le motion design ?
C’est la contraction de motion graphic design. On pense souvent que c’est un métier récent, alors qu’en fait il a presque cent ans. À la base, ce sont des gens qui faisaient les affiches de cinéma qui ont eu envie de mettre les images en mouvement pour en faire un générique de film. Aujourd’hui, on raconte des histoires par la métaphore graphique. Notre métier consiste à résumer une trame narrative globale et à en faire un condensé, ce qui est exactement le rôle d’un générique de film qui est là pour donner des bribes et donner envie de rentrer dans le film.
Comment en êtes-vous venu à exercer ce métier ?
Je voulais le faire depuis que je suis tout petit, sauf que je ne savais pas ce qu’était le motion design. Mes parents étaient fans des films de James Bond et j’avais le droit de regarder les génériques faits par Maurice Binder. J’ai trouvé passionnant de voir qu’on pouvait raconter des histoires par la métaphore graphique et des sous-entendus en l’espace de deux minutes. Ce qui était le principe de Maurice Binder et plus tard de Saul Bass, qui sont devenus les stars de mon métier.
Je voulais donc faire cette activité, sauf qu’il n’y avait alors pas d’école en France. Je me suis d’abord un peu auto-formé et, un jour, j’ai reçu un flyer d’E-artsup à Paris. L’école se lançait et formait les premiers designers graphiques animateurs en ayant compris que la vidéo allait devenir un support incontournable. Je suis sorti d’études en 2005-2006, à l’époque des débuts de la digitalisation des agences de communication, grâce au développement du haut débit. C’est aussi à cette époque que Facebook, YouTube sont apparus. Il y avait donc tout un terrain de jeu qui s’ouvrait : le web.
Embauché chez TBWA à Paris, je me suis très rapidement retrouvé surchargé de travail et j’ai recruté une première personne : Vincent Ben Abdellah, mon associé chez Blackmeal, puis une deuxième, jusqu’à gérer un pôle d’une vingtaine de personnes. J’en suis parti en 2011 pour voler de mes propres ailes, avec Vincent et Thomas Lecomte, le troisième associé.
C’est le début de l’aventure Blackmeal ?
Exactement. On faisait alors partie des tout premiers studios de motion design en France. On s’est installés à Paris car le marché était là et il y avait alors cette mentalité – et c’est d’ailleurs toujours un peu le cas – que dans le monde de la communication tout se passait là-bas.
Comment se présentait ce nouveau marché ?
Ce métier est indispensable dans les pays anglo-saxons depuis cinquante ans, alors qu’en France, ça ne fait que quinze ans qu’on se rend compte qu’il est important. Les États-Unis ont pris de l’avance dans la publicité et dans le cinéma, suivis d’autres pays anglo-saxons et, depuis, ça ne les a jamais quittés. L’identité graphique est ancrée dans leur ADN.
En 2011, le motion design avait donc clairement du retard en Fra…