Quand on parle vins en Vendée on évoque immanquablement la Maison Mourat. Fiefs Vendéens, Ovni ou Marie du Fou, autant d’appellations qui ornent les tables des restaurants et les étals des cavistes de la région. Niché à Mareuil-sur-Lay dans la vallée du Lay, le vignoble s’étend sur 170 hectares mêlant variétés de la Vallée de la Loire (Pinot noir, Chenin et Cabernet) à celles du Sud-Ouest (Negrette et Cabernet Sauvignon). Ce que l’on connaît moins c’est tout le travail accompli par Jérémie Mourat et son équipe (50 salariés permanents, 15 M€ de CA) pour porter les vins hérités de son père Jean à l’échelle supérieure : écoute de la terre, respect des sols, travail expérimental en biodynamie, vendanges à la main, caractérisation des parcelles, création de nouvelles cuvées et passage de tout le domaine en agriculture biologique. Pour faire découvrir le travail engagé, Jérémie Mourat a mis en place depuis six ans un parcours œnologique au sein du domaine viticole familial. Circuit en vélo ou en voiture électrique dans les vignes, en autonomie muni d’une tablette, pique-nique au Moulin blanc, visite des chais, des caves et dégustation des vins avec une planchette de charcuteries, tout est organisé pour une véritable initiation au travail de la vigne. « Nous ne sommes pas une cuvée prestigieuse. L’idée est de montrer notre savoir-faire de A à Z pour faire découvrir la façon dont on travaille et de porter notre image », indique Jérémie Mourat.
Mourat offre un nouvel écrin à la distillerie Vrignaud
Fort de cette expérience, qui occupe une équipe de quatre salariés en saison (d’avril à octobre), le dirigeant veut dupliquer le modèle avec la distillerie Vrignaud. Fondée à Luçon en 1812 où elle est toujours basée, la distillerie a été rachetée en 2018 par la Maison Mourat. Depuis, Mourat n’a eu de cesse de la dépoussiérer et de la remettre au goût du jour, étoffant la gamme de spiritueux, tout en conservant ce qui a fait la réputation de la distillerie vendéenne : une sélection des matières premières naturelles et une transformation artisanale. Kamok, Mentilla, liqueur de caramel au sel de Noirmoutier, Spritz vendéen, Verjus, Vermouth ou Triple sec, la gamme fait le bonheur des barmen et autres mixologues. S’y ajoutent désormais le gin et le whisky. Pour redonner vie à la marque et raconter son histoire, Jérémie Mourat et Aurélien Thifaigne, son ex-associé, décident de lui trouver un nouvel écrin pour mener à bien un projet de spiritourisme. La société vient d’acquérir le Logis de Frosse, une bâtisse du XVIIe siècle basée à Corpe sur un domaine de 3,8 hectares. Mourat va consacrer plus d’1,5 M€ à la réhabilitation de la demeure constituée de plusieurs corps de bâtiment en pierre.
Un parcours reliant domaine Mourat et distillerie Vrignaud
La partie principale du bâtiment (900 m2) sera dédiée à la production, à l’embouteillage et à l’élevage des alcools dont certains doivent vieillir trois ans en fût de chêne. Y siégera un alambic de 1964 qui sera refait à neuf et adapté à la production de gin et de whisky, au rythme de 30 hectolitres par jour. « Nous ne voulions pas d’un matériel neuf et automatisé. Place au savoir-faire et au goût de notre maître de chais pour ne pas perdre l’âme de la marque », explique Jérémie Mourat. Ce sera également un lieu d’expérimentation de nouvelles recettes et de dégustation. « Là encore nous prendrons le temps d’expliquer ce que l’on fait et comment on le fait. » Attenants à la distillerie, 400 m2 seront dédiés à la création en 2023 de quatre gîtes avec une vingtaine de couchages. Une salle de séminaire complétera les installations. Le logis de Frosse s’ajoutera au circuit écotouristique du domaine viticole Mourat. L’idée est de proposer un parcours d’un ou deux jours reliant les deux sites de production avec visite des chais Mourat, de la distillerie, repas et hébergement… Le premier coup de pioche devrait avoir lieu en septembre 2021 pour une livraison au printemps 2022.