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Au milieu des crises, préparer le rebond

« Des hommes et du rebond : repenser demain » : c’est la thématique que le Centre des jeunes dirigeants (CJD) Nantes-Atlantique a voulu explorer en ces temps d’incertitude, en organisant le 5 mai une plénière à la H Arena de Nantes.

Centre des jeunes dirigeants (CJD) Nantes-Atlantique REBOND

© D.R.

Crises climatique, sanitaire, géopolitique : le monde connaît des bouleversements majeurs qui poussent États, entreprises et citoyens à repenser leurs modèles. Afin de trouver des solutions et inspirer les jeunes dirigeants, le CJD Nantes-Atlantique a donné la parole à quatre intervenants qui ont chacun exposé les enjeux qui nous attendent et proposé leur vision du rebond.

C’est d’abord du rebond de la France dont il a été question avec David Djaïz, philosophe et économiste, qui est revenu sur ces moments historiques où la société a dû faire face à des crises et trouver un nouveau modèle. Il évoque 1945 et trois priorités alors identifiées : donner une société meilleure à ses enfants, consolider l’industrie et développer la sécurité sociale.

« C’est la croissance et la productivité qui permettent de financer la protection sociale, affirme David Djaïz. Ce modèle a bien fonctionné pendant les Trente Glorieuses, mais il se délite aujourd’hui ». Pour le philosophe, si la redistribution sociale a bien été conservée, elle n’est plus financée par la croissance, mais par la dette. Pour reconstruire un modèle collectif, il en appelle à un « pacte » entre l’État, la société civile et les entreprises.

Ces dernières doivent ainsi « aligner performance économique et soutenabilité sociale et environnementale » au service d’une « économie du bien-être ». À travers, par exemple, l’agriculture, les transports ou les énergies renouvelables. L’État doit lui aussi se réinventer, en organisant les transitions en douceur, en orientant les changements davantage par la négociation que verticalement, en accompagnant socialement ces transitions et en devenant « banquier, investisseur, capital-risqueur » pour épauler la finance privée. Côté citoyens enfin : « Il faut que la logique du consommateur accueille la logique du producteur et celle du citoyen », affirme David Djaïz. Ainsi, pour reconstruire un mix énergétique ou transformer l’agriculture, « il faudra accepter de payer plus cher notre alimentation et notre énergie. »

L’EFFONDREMENT PRÉAMBULE DE LA RÉINVENTION

En matière de mobilisation des entreprises en faveur de l’environnement, Emmanuel Druon a illustré le rebond de la société qu’il dirige, Pocheco, fabricant d’enveloppes, sachets et pochettes écologiques dans le Nord. Malgré l’effondrement de son marché, entre chute des volumes et des prix, Pocheco s’est réinventée pour devenir une société vertueuse sur le plan environnemental.

Au-delà du remplacement de ses encres, de ses colles et de son papier, qui provient désormais de forêts dans lesquelles un arbre coupé équivaut à dix arbres plantés, l’entreprise a également installé des panneaux solaires, isolé sa toiture avec des végétaux naturels, récupère l’eau de pluie pour le nettoyage et a planté des bambous qui se nourrissent des souillures de l’encre et qui sont transformés en pellets pour le chauffage. « Pocheco est ainsi devenue une usine zéro déchets, zéro fossile, autosuffisante en ressources hydriques industrielles, confirme son dirigeant, ce qui lui a permis d’être robuste et de tenir le coup. »

Devant l’effondrement, l’intelligence collective et la mobilisation des salariés doivent permettre selon Emmanuel Druon de faire face. « Il faut mobiliser les 10 à 15 % de salariés qui sont engagés à titre personnel, grâce auxquels nous pourrons mobiliser la grande partie des indécis ».

Cette intelligence collective au service de l’environnement a figuré aussi parmi les leviers évoqués par la navigatrice Isabelle Autissier lors de son intervention, consacrée au rebond de la planète : « Personne ne se sauvera tout seul. Nous sommes interdépendants et il est indispensable de travailler ensemble ». Après avoir dépeint les menaces climatiques qui pèsent sur nos sociétés (méga-feux, inondations, tempêtes de plus en plus fortes, effondrement de la biodiversité…), Isabelle Autissier veut voir le positif : « Il faut aussi mettre dans la balance tout ce que nous sommes capables de faire, même s’il ne faut pas tout attendre de la technique ». Et de faire un parallèle avec son expérience maritime : « En navigant, le mieux est d’aller avec la mer et avec le vent, non contre ». Et de plaider pour une vision connectée avec la nature et ses fondamentaux.

L’INDIVIDU, UNE AUTRE ÉCHELLE DU REBOND

Si le rebond peut être opéré à l’échelle d’un pays, d’entreprises ou de la planète, il peut aussi l’être à l’échelle de la personne. C’est le thème qu’a illustré à travers son propre parcours Patrick Bourdet, dont la vie n’a pas démarré sous les meilleurs auspices. Orphelin, élevé dans l’indigence, il obtient un CAP de mécanicien auto et devient balayeur. D’abord mû par son instinct de survie, il finit par reprendre des études avant de créer Areva med (aujourd’hui Orano med), dont il devient le PDG et qui développe des anticancéreux à partir de déchets du nucléaire. Il décide alors d’opérer un retour vers soi et d’accompagner les personnes en devenant coach, gestalt-thérapeute et président d’Olivaie consulting à Versailles. « Ma priorité n’était plus une accumulation de savoir-faire mais avait plutôt basculé vers un savoir-être et un être au monde », affirme Patrick Bourdet.

Un enjeu qu’il met en œuvre lorsqu’il accompagne notamment des chefs d’entreprise : « Comment, dans la conscience de ce qui s’opère ici et maintenant, nous sommes capables de rester au contact du réel, des gens, des humanités », souligne-t-il. Car pour Patrick Bourdet, outre les enjeux déjà évoqués, le monde actuel présente aussi « des dangers du point de vue de l’être, de l’Homme ». Sa proposition ? « Que la conscience que nous avons de nous-mêmes s’affine, pour cesser de juger l’autre mais regarder ce qui se passe en nous quand nous regardons l’autre. » Parce que « la véritable quête est la marche vers nous-mêmes. »

LE CJD NANTES-ATLANTIQUE

La section Nantes-Atlantique du Centre des Jeunes Dirigeants regroupe 147 chefs d’entreprise de toutes activités et de toutes tailles. Fondée en 1947, elle regroupe des membres partageant les mêmes valeurs et notamment le souhait de développer une économie au service de l’homme.

Cjd-nantes.fr

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