On parle de bombe économique à propos de la crise immobilière : êtes-vous d’accord ?
Olivier Klein, ministre délégué à la ville et au logement, a qualifié la question du logement de future « bombe sociale ». Le Conseil national de la refondation (CNR) a rassemblé, dans des groupes de travail, deux cents acteurs du monde de l’immobilier qui ont planché pendant cinq mois pour remettre des propositions. Vingt d’entre elles ont été sélectionnées et devaient être remises le 9 mai et présentées comme mesures d’urgence à adopter pour répondre à la brutalité de la crise. La réunion a été annulée sans explication. Cela a provoqué une vraie colère. Nous avons été six signataires (la FFB, la Fnaim, la FPI, le Pôle habitat FFB, Procivis et l’Unis) d’un courrier adressé au président de la République le 15 mai, pour lequel nous n’avons eu aucune réponse. C’est un manque de reconnaissance des corps intermédiaires et du monde associatif qui s’est mobilisé sur le sujet. La remise des propositions du CNR est prévue le 5 juin prochain, nous verrons l’étendue des propositions, mais nous nous attendons à peu de choses autre qu’un raccommodage de dispositifs déjà existants. Les déclarations récentes de Gabriel Attal laissent présager qu’il y aura un rabotage des mesures fiscales.
Quel est votre constat ?
Nous avons un gros souci : aujourd’hui, ni le secteur locatif ni celui de l’accession n’est soutenu. Les promoteurs vont souffrir en premier. La commercialisation et la vente de leurs produits sont à l’arrêt, notamment à cause de la hausse des taux d’intérêt. Alors que la France est en panne de construction, a besoin de logements. Il n’y a pas de rotation du parc, car les ménages ne peuvent acheter, donc ils restent locataires. Nous arrivons sur une période de mutations, avec des jeunes cadres et diplômés qui arrivent dans la vie professionnelle et nous n’avons pas de logements à leur proposer. Le parcours résidentiel est brisé et fragilisé. C’est en ce sens que c’est inquiétant. L’urgence est pour ceux qui ne peuvent accéder à la propriété. En 18 mois, nous avons perdu 25 % de nos capacités d’emprunt. C’est énorme.
Les prix baissent-ils ?
Pas dans le neuf car ils sont liés au coût de revient. Dans l’ancien, ils ont déjà commencé à baisser. Le marché de l’immobilier a une certaine inertie dans la nécessité de baisser les prix. Le temps va amener les vendeurs à entrevoir que c’est la…