Saint-Nazaire agglomération est sortie lauréate du dispositif France 2030 « démonstrateurs de la ville durable » avec le projet Puissance 4, porté par un investissement de 4,9 M€. « Un socle industriel pointu, un historique d’expériences individuelles, une maturité des acteurs locaux, une conviction politique » : à l’instar du jeu de société éponyme, c’est l’alignement de ces quatre facteurs qui a fait la réussite de Puissance 4, selon Saint-Nazaire agglomération, qui a créé pour l’occasion un consortium public-privé1 réunissant les acteurs clés du projet.
Lire aussi
L’autoconsommation collective d’énergie solaire : un modèle émergent…
Un autre quadruple concept résume les ambitions du projet : construire plus vite, plus économique, plus qualitatif, plus écologique. « Appliquer l’innovation au monde du BTP », résume Marjolaine Bichet, gérante de l’agence Bertin-Bichet architecture, c’est tout l’enjeu de ces « démonstrateurs de la ville durable » dont les objectifs sont bien de répondre à la fois aux problématiques environnementales, de hausse des coûts de la construction comme de l’immobilier, et de pénurie de logements.

Esquisse du projet d’habitat durable Puissance 4 prévu en cœur de ville à Trignac. © Spectrum immersive architecture et Architectes : Bertin Bichet Architectes
Préfabrication en usine et assemblage sur site
Concrètement, le projet Puissance 4 concerne la construction du bâti en atelier, suivie d’un assemblage sur site, qui se fera en cœur de bourg à Trignac (trente-deux logements et une surface commerciale de 400 m2). Ce mode de construction innovant ne représente actuellement que « 5 à 10 % du marché en France, et l’objectif est d’atteindre les 30 % d’ici 2030 », indique Frédéric Jean, directeur d’Edéis construction, concepteur-constructeur du projet. Comme des Lego©, intérieurs des logements, structure poteaux-poutres bois, cages d’escalier, façades extérieures, balcons, seront donc préfabriqués sous forme de modules, représentant 55 à 65 % de l’ensemble.
Présents dans le consortium, Les Chantiers de l’Atlantique ne construiront pas, mais apporteront leur savoir-faire en matière de process et de méthodologie, ayant à leur actif la construction de « 50 000 cabines [de paquebots] hors site », prend pour exemple Laurent Castaing, directeur général des Chantiers. « La phase d’incubation n’a pas été simple, car plus que les matériaux utilisés, même s’ils sont essentiels comme le bois, bas carbone, ce sont les process qui comptent. C’est une petite révolution de construire hors site », souligne le patron des Chantiers.
« Fini les parpaings, le ciment et l’eau qui coule »
Patrick Pirrat le confirme. « C’est fini le montage de parpaings, le ciment et l’eau qui coule », assène le dirigeant de Papi Conseil, consultant sur le projet. « On doit bousculer les pratiques du BTP en conception, logistique, planification et mettre en place tout un système global. Pour cela, il faut dupliquer les projets, améliorer nos savoir-faire et aboutir à un process industriel pour être en mesure de baisser les coûts et augmenter la rapidité d’exécution », détaille cet ancien des Chantiers. Le démarrage de la construction est prévu à l’automne 2025 pour une livraison fin 2026.