Couverture du journal du 02/12/2024 Le nouveau magazine

Les nouveaux défis du team building : moins de fun et plus de sens !

Sous prétexte d’amusement ou d’originalité à tout prix, certains team building passent à côté de leur vocation originelle : développer la créativité et la cohésion au sein des équipes. Ringardisés, voire décrédibilisés par la jeune génération, les team building s’offrent un second souffle en s’alignant davantage sur les besoins des collaborateurs via des activités génératrices de messages et d’apprentissages individuels et collectifs. Exemples en Vendée.

Team Building ©pexels

Nées dans les années 1980, les expériences de team building semblent plus que jamais utiles dans un contexte d’hybridation du travail et de grande démission à la sortie de la crise du Covid-19. Pour autant, une récente étude auprès de jeunes diplômés de grandes écoles de commerce et d’ingénieurs françaises a montré que les team building purement récréatifs et déconnectés du travail pouvaient, au mieux, offrir une parenthèse, au pire, générer du stress s’ils sont vécus comme une obligation. Dans tous les cas, on passe à côté du sujet : resserrer les liens entre collaborateurs sur le long terme. Certains acteurs l’ont compris en proposant des expériences plus spontanées, centrées sur les grands enjeux de société : écologie, alimentation, partage…

Le bon dosage

C’est le cas de l’Atelier Gourmand qui développe depuis 2020 des animations culinaires à destination des entreprises.

« Avec la franchise, il existe une douzaine d’enseignes en France, nous développons une offre BtoB sur plusieurs niveaux », explique Catherine Arrivé, responsable de l’Atelier Gourmand de La Roche-sur-Yon. Ainsi, les dirigeants et managers peuvent offrir un pur moment de convivialité et de détente à leurs collaborateurs qui se laissent aller, sous sa direction, à la confection d’un repas dégusté ensemble, sur place. Plus qu’une session divertissante, c’est une opportunité d’interagir dans un contexte différent.

Catherine Arrivé, la gérante de l’Atelier Gourmand à la Roche-sur-Yon ©L’Atelier Gourmand

« Le fait de produire quelque chose collectivement et de le partager est certes simple mais nourrissant dans tous les sens du terme », estime la gérante. La direction peut aussi opter pour une activité plus “challengeante”. C’est pourquoi la franchise s’est attaché les services d’un spécialiste pour la création d’une série d’escape games culinaires.
« Il s’agit là d’un mélange de cuisine et d’énigmes à résoudre pour avancer dans le jeu, le but étant de sortir les plats à temps, poursuit-elle. Par ailleurs, nous allons lancer en septembre une nouvelle expérience autour de l’alimentation responsable baptisée Alim’enjeux. L’occasion de sensibiliser les participants au fait de manger local et de saison ou encore de les faire réfléchir à l’impact de notre consommation de viande sur le climat. On pourra notamment travailler un plat végétarien et montrer que ce type de régime peut être très gourmand ! » Elle nuance : « Nous n’avons pas vocation à être moralisateurs, nous souhaitons simplement faire passer un message en plus d’un bon moment : consommer moins, mais mieux ! »

Des enseignements en lien avec le travail

Enfin, pour ceux qui veulent miser sur le vecteur travail, numéro un de la cohésion d’entreprise, l’Atelier Gourmand a pensé une animation faisant la part belle à la créativité et à la valorisation des talents de chacun. Baptisée Truck de Food, elle propose de créer une recette autour d’un ingrédient imposé tout en développant un concept original de Food Truck. « Les participants trouvent un concept, un nom puis décorent un grand panneau rappelant la façade d’un camion, explique Catherine Arrivé. Le but est de vendre le concept aux autres équipes en justifiant ses choix et sa recette au moment de la dégustation. »

Un principe qui fait écho à celui imaginé par Guillaume Benoît, le directeur de Dig Radio, un média digital et local

Une séance de team building radio ©Dig Radio

installé à Montaigu (nord Vendée). « J’ai eu l’idée en observant les dirigeants que j’interviewais régulièrement à l’antenne. Ce sont des gens qui ont l’habitude de parler en public mais une fois devant le micro, il arrive qu’ils perdent leurs moyens. J’ai pensé alors à un team building radio pour sortir de leur zone de confort et resserrer les liens entre les participants », explique le directeur.

Concrètement, après un brief sur les règles de l’animation radio, les collaborateurs ont une heure et demie pour construire une émission : choix de la thématique, du nom, du générique. « Je les initie rapidement aux techniques d’animation et d’écriture radio, aux mots parasites à éviter, avant de nommer un animateur et des chroniqueurs. Par groupe de cinq, ils construisent leur émission, puis on enregistre. Certains collaborateurs apprennent à mieux se connaître grâce à l’émission », rapporte-t-il.

S’agissant du choix des sujets, la direction peut donner carte blanche à ses équipes ou bien imposer une thématique en lien avec son actualité afin de repartir avec un podcast utile et diffusable sur ses réseaux sociaux. « En tout état de cause, c’est un exercice puissant pour révéler les talents créatifs et de communication de chacun. »

Lancée en fin d’année dernière, l’activité “team building radio” plaît au point que Guillaume Benoît vient d’embaucher un commercial pour la développer. « J’en réalise deux par mois mais l’objectif est d’arriver à un par semaine. On peut le faire dans nos studios et enchaîner ensuite sur un concert privé ou bien délocaliser chez un hébergeur (l’entreprise, un site touristique, etc.). Nous avons enfin un studio mobile tout équipé qui permet de sortir de la Vendée. Je ne m’interdis pas un jour d’aller proposer ce service à Lyon ou à Marseille ! »

Inclure les participants dans l’organisation

Les Petits Comités à la Rock School Academy ©RendiRenda

À mi-chemin entre le team building et le réseau d’affaires, les Petits Comités développés par la start-up Rendi Renda sont un concept unique, à destination des managers et dirigeants d’entreprises. « Nous prônons une nouvelle façon de réseauter entre pairs d’un même territoire, via des contenus plus authentiques et volontaires, explique Alain Espinassou, directeur du développement de Rendi Renda. Nos Petits Comités sont personnalisés en fonction des besoins exprimés par les participants dès la pré-inscription. On leur soumet un formulaire afin d’éviter les situations délicates. Si quelqu’un déclare une phobie ou des difficultés à parler en public, nous en tenons compte ! Nous ne sommes absolument pas convaincus par l’injonction à l’amusement ! C’est dépassé et surtout contre-productif, estime-t-il. Ce que l’on valorise, c’est la connexion humaine ! Ainsi, le format inclut toujours une activité à partager la plus insolite possible pour nouer des relations, sortir du cadre et favoriser la prise de recul, suivie d’un déjeuner. »

Récemment, douze décideurs se sont retrouvés à la Rock School Academy de La Roche-sur-Yon, un concept importé des Pays-Bas permettant d’accéder à la musique sans apprentissage préalable. « Ils ont développé une méthode particulière basée sur l’expérience », explique Alain Espinassou. En une heure et demie, chacun est capable de jouer une mélodie ! Divisés en deux groupes, les participants choisissent leur instrument et préparent un morceau avant de se lancer dans une “battle” sur scène ! Une façon originale de faire le parallèle avec ce que vit un dirigeant au quotidien. « Diriger, c’est être comme un chef d’orchestre, remarque le responsable. On va composer son équipe, chercher l’amélioration continue, trouver les bons accords entre chaque personne. Tandis que certains vont donner le rythme, d’autres joueront la mélodie, mais c’est bien tous ensemble que la partition se joue ! »

« Le Covid a permis de vivre des choses qu’on n’avait plus le temps de vivre, renchérit Alain Espinassou. Les activités favorisant la rencontre et les interactions personnelles ont plus que jamais la cote ! Parmi les grandes tendances actuelles du team building, j’ajouterais aussi l’émergence des événements écoresponsables et ceux permettant de soutenir une cause », conclut-il.