Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Le photovoltaïque : l’énergie du siècle ?

Décarbonée, décentralisée, compétitive, l’énergie solaire serait-elle l’atout RSE et financier des entreprises ? Entre la loi Climat, l’électrification des usages et la crise énergétique, l’autoconsommation apparaît comme une solution d’avenir et de performance. Un enjeu intégré en Vendée, plutôt bon élève en la matière.

Sablieres Palvadeau panneaux solaires

©Sablieres Palvadeau

« Notre planète reçoit chaque jour 10 000 fois l’énergie dont nous avons besoin par l’irradiation solaire. Ce n’est pas un hasard si l’on cherche à la capter et à la maîtriser, explique Clément Brossard, fondateur de Sog Solar, un cabinet d’ingénierie et de conseil en énergie solaire basé à Mouilleron-le-Captif. D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le solaire pourrait représenter la première source d’électricité d’ici 2050, devant les énergies fossiles, le vent, l’hydroélectrique et le nucléaire. Une expansion permise notamment par la baisse des coûts (-90 % en en dix ans) », précise-t-il.

Un nouveau producteur d’énergie renouvelable local

L’autre atout incontestable du solaire réside dans la facilité et la massivité de son déploiement. Les équipements s’installent partout : chez le particulier, sur les bâtiments, les ombrières de parking, les parcs au sol, flottants, agrivoltaïques… Depuis sa création en 2012, Sog Solar a traité plus de 300 dossiers clients et connaît une croissance annuelle moyenne de 30 %. En 2021, l’entreprise s’est rapprochée de deux acteurs vendéens (le groupe immobilier Duret et VFE, un électricien industriel et installateur de centrales photovoltaïques) pour lancer Culture Watt, un nouveau producteur d’énergie renouvelable local. L’ambition est de proposer aux entreprises du territoire vendéen et départements limitrophes, une offre de centrales photovoltaïques clé en main et financées, en toiture et ombrières de parking. « Cette électricité locale, durable et ultra-compétitive transitera par le réseau public, mais le but est bien de la valoriser sur les habitants, les entreprises et agriculteurs de Vendée », insiste Clément Brossard. Et d’ajouter : « Pour amorcer Culture Watt, nous avons retenu le principe de tiers investissement. Cela signifie que nous louons des surfaces – auprès d’entreprises principalement -, pour y installer des centrales que nous finançons et exploitons. Le propriétaire du site reçoit en contrepartie un loyer ou une soulte en année une. À partir de là, deux possibilités s’offrent à lui pour valoriser l’énergie : soit la vente totale, soit l’autoconsommation collective » (un producteur injecte de l’électricité dans le réseau pour de multiples consommateurs qui sont raccordés sur le réseau public dans un rayon de 2 km autour de la centrale).

Les projets comme celui-ci, en faveur de la transition énergétique, sont encouragés sur le territoire. Si bien que 20 % de l’électricité du département provient aujourd’hui de ressources renouvelables locales. Une approche saluée récemment par la remise du Trophée des énergies renouvelables par le Ser (Syndicat des énergies renouvelables) à Alain Lebœuf, président du Conseil départemental. Un dynamisme qui s’exprime aussi directement sur le terrain. En effet, de plus en plus d’entreprises locales ont mis au cœur de leurs priorités la production d’une énergie neutre, adaptée à leurs besoins. C’est le cas notamment des Sablières Palvadeau.

Le photovoltaïque séduit les entreprises…

Depuis 60 ans, Les Sablières extraient, transforment et fabriquent du sable et du gravillon de quartz pour l’industrie, le bâtiment et les paysagistes. Basée à Challans, l’entreprise commercialise également des sables et matières colorées pour les grandes marques de luxe. Depuis 2018, c’est Florian Palvadeau, issu de la troisième génération, qui dirige l’entreprise familiale de 18 collaborateurs. « Notre métier impose de faire des trous pour récupérer de la matière minérale, explique-t-il, mais on remblaie et aménage pour limiter au maximum notre impact sur l’environnement. C’est une conviction personnelle initiée depuis plus de 20 ans par mon père et qui fait partie de notre ADN d’entreprise. Nous nous sommes engagés volontairement dans une démarche RSE bien avant les obligations légales. » Et le chef d’entreprise d’ajouter : « Concrètement, sous sommes passés au biogaz et avons investi dans une flotte de véhicules électriques. En 2009, nous sommes allés plus loin en nous dotant d’une première centrale photovoltaïque de 1 000 m2, suivi d’une deuxième en 2011. Si l’autoconsommation était un souhait de mon père, elle n’était pas dûment autorisée en France à cette époque », observe Florian Palvadeau. Le projet s’est finalement concrétisé en 2021, avec l’installation d’une ombrière de 600 m2 de panneaux photovoltaïques supplémentaires sur un nouveau bâtiment de stockage ». Un investissement de 210 000 € qui a permis aux Sablières Palvadeau de réduire de 30 % sa facture électrique annuelle estimée à 100 000 €. « On fait uniquement de l’autoconsommation, précise le dirigeant, il n’y a pas de revente du surplus à EDF, tout simplement parce que le gain réel est faible (entre 2 à 3 000 € par an). Il faut savoir que s’il n’y a pas de consommation, il n’y a pas de production, même s’il y a du soleil, ajoute-t-il. On parle d’un détail (1 à 2 % par an) mais c’est un non-sens écologique. Si bien qu’au sortir de l’hiver, nous allons étudier sérieusement la question de la revente. D’ici dix ans, la nouvelle centrale sera amortie et payée. Ce sera de l’énergie gratuite, économisée et verte. » L’entreprise poursuit son chemin sur la route de l’indépendance énergétique et va prochainement relancer une étude pour recouvrir des bâtiments existants de panneaux photovoltaïques.

…et les collectivités de Vendée

Les enjeux de l’énergie s’invitent jusque dans la réflexion des communes. En 2019, la Génétouze (1 000 habitants) s’est lancée dans un projet précurseur d’autoconsommation collective, à la suite d’un appel à projet des Pays de la Loire et de l’ADEME. « L’idée était d’installer des panneaux photovoltaïques sur la toiture du centre commercial du bourg au bénéfice des cinq commerçants installés, soit une surface de 200 m2 », explique le maire, Guy Plissonneau.

Une opération complexe d’un point de vue juridique et financier, qui a nécessité l’accompagnement du Sydev (Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée) et de Vendée énergie (société d’économie mixte de production et de distribution d’énergies renouvelables). « Au final, nous avons supporté les frais d’études techniques (autour de 6 000 €) tandis que le Sydev et Vendée énergie ont pris en charge les frais juridiques ainsi que l’investissement liés aux travaux, soit un investissement global d’un peu moins de 100 000 € » précise-t-il.

Mise en service en 2021, la centrale, de 40 kWc couvre 23 % des consommations électriques des commerces. Autant d’électricité solaire, décarbonée, locale et au tarif bloqué sur 20 ans pour ces consommateurs. Une expérimentation qui se voulait aussi un exemple pour la population. « Nous avons fait développer un outil pour superviser l’autoconsommation de chacun au fil des heures, explique le premier édile. Les quantités de kilowatts autoconsommés sont transmises mensuellement aux fournisseurs d’énergie afin qu’ils les défalquent de leur facture. C’est une pratique encore minoritaire dans les communes de France, nous sommes les seuls en Vendée et certainement parmi les premiers projets nationaux d’autoconsommation collective ». Et de conclure : « l’autoconsommation collective n’apporte pas de contrainte supplémentaire. Les commerçants reçoivent simplement une deuxième facture d’un deuxième fournisseur d’énergie (solaire). Certes, un projet comme celui-ci est un investissement au départ, mais c’est surtout une maîtrise des coûts dans la durée pour la collectivité. »

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