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[ Dossier automobile ] Le marché du véhicule de collection prend un coup de jeune

Si le marché du véhicule de collection carbure depuis une décennie, l’âge des acquéreurs a tendance à baisser ces dernières années. Une nouveauté qui ouvre de belles perspectives au secteur.

Musée de Nantes, véhicules de collection

Si le Musée (Nantes) importait et restaurait à sa naissance une voiture par trimestre, c’est désormais une centaine par an grâce à une équipe de 14 personnes aux talents complémentaires : selliers, carrossier, peintre, mécano… selliers, carrossier, peintre, mécano…© I.J

Au Musée à Nantes, véritable temple du véhicule de collection, le gérant Dominique Simon s’est spécialisé dans la recherche, l’import et la vente de véhicules anciens et d’exception. Avec son équipe de 14 personnes, il assure également l’entretien et, si besoin, la restauration complète de la centaine de voitures qu’il importe chaque année. « Depuis que nous nous sommes installés il y a cinq ans, nous avons une forte demande sur certains modèles américains mythiques comme la Mustang ou la Corvette. Le marché du véhicule de collection est dynamique depuis une dizaine d’années. À une époque où les règles de conduite sont de plus en plus strictes, on s’aperçoit que la petite réunion du dimanche matin entre copains au volant d’une ancienne séduit de plus en plus. C’est l’esprit balade où chacun roule tranquille avec toute la petite famille à bord qui est désormais recherché. »

Avec la perspective de l’arrêt des véhicules à moteur thermique et « la multiplication des émissions de restauration de voitures à la télévision ces dernières années, ce marché a récemment séduit de nouveaux acheteurs et les prix ont commencé à flamber », observe l’expert.

« VOIR DES CLIENTS D’UNE VINGTAINE D’ANNÉES EST UNE NOUVELLE RÉALITÉ »

Au passage, l’âge du collectionneur moyen semble avoir baissé : « Voir arriver des clients d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années est une nouvelle réalité, ouvrant de belles perspectives. Dernièrement, j’ai eu un jeune client qui était en train de passer son permis et qui recherchait une Opel Manta de 1972 ou 1973. Ce genre de demande n’arrivait jamais il y a dix ans. On a également des clients entre 20 et 30 ans qui roulent désormais en Mustang ou en Corvette. »

Du côté de chez Ouest Enchères Publiques (Rennes-Nantes), qui organise régulièrement des ventes de véhicules de collection, on constate « aussi un rajeunissement de l’âge de certains acheteurs lors de nos enchères, mais dans une moindre mesure puisque nos « jeunes » sont quadragénaires », tempère Alban Perdereau, commissaire-priseur. Ces « néo collectionneurs » sont en général à la recherche d’une « voiture qui les a fait rêver quand ils étaient enfants » : 205 GTI, R5 GT Turbo, Golf 1 de 4L et plus largement les Youngtimer, ces véhicules trop jeunes pour être considérés comme de collection par la législation française, qui impose 30 ans d’ancienneté. « Si ces derniers sont globalement plus abordables à l’achat et constituent donc un bon moyen de mettre un pied dans l’uni- vers du véhicule de collection, la sortie de grange 1 est également très en vogue chez les jeunes collectionneurs, poursuit le commissaire-priseur. Lorsqu’un jeune hérite d’un véhicule de collection et qu’il en a les moyens, il décide de le faire restaurer par nostalgie. Sinon, ce sont en général des passionnés de mécanique, qui vont dénicher la perle rare chez un particulier ou aux enchères, et la retaper lui-même dans les règles de l’art en y consacrant le temps et l’argent nécessaires. »

UN MARCHÉ ENTRE QUÊTE D’AUTHENTICITÉ ET MODERNISATION

Si ce marché est toujours caractérisé par « une quête d’authenticité des puristes qui rêvent d’un véhicule identique à celui qui les a fait toujours rêver » poursuit le commissaire-priseur, les attentes de certains collectionneurs semblent néanmoins avoir évolué. « De nombreuses voitures de collection sont désormais modifiées. Aujourd’hui, sur une centaine d’Américaines que j’importe, près de 60 seront équipées de freins à disque ou de direction assistée sur demande des clients. », précise le gérant du Musée. Un moyen de moderniser leur ancienne tout en facilitant son utilisation au quotidien.

L'équipe de Ouest Enchères Publiques (Rennes-Nantes), avec, à droite, le commisaire-priseur Alban Perdereau. Véhicule

L’équipe de Ouest Enchères Publiques (Rennes-Nantes), avec, à droite, le commissaire-priseur Alban Perdereau. © Sébastien Cleugnou

LE VÉHICULE DE COLLECTION, OBJET DE SPÉCULATION

Résultat de cet engouement, les cotes de certains modèles se sont littéralement envolées ces dix dernières années (la Porsche 911 2.7 RS de 1973 est passée de 83 000 € à 650 000 € en 2016). Le marché des anciennes a donc vu arriver des acheteurs investisseurs, qui considèrent le véhicule de collection comme un objet de spéculation et plus comme un objet de passion ou de nostalgie : « On a de plus en plus de demandes dans ce sens, confirme Dominique Simon. Ces collectionneurs d’un nouveau genre sont convaincus qu’ils vont forcément toucher le jackpot lorsqu’ils revendront. La réalité, c’est qu’il s’agit d’un placement comme un autre : on peut aussi bien perdre que gagner. On a effectivement certains modèles, comme sur les Mercedes, avec très peu de risque de décote. Sur le modèle W107 par exemple, de la série 280 à la 560, ce sont des produits qui ont pris 30 000 € en six ans. La Mustang est aussi un bon exemple : elle passée de 20 000 € pour un modèle en bon état il y a cinq ans à plus de 30 000 € aujourd’hui. Mais attention, il y aussi certaines cotes qui reculent. Les Porsche ont par exemple perdu 30 % les cinq années qui ont précédé le Covid. La preuve qu’on peut aussi perdre un sacré billet en pensant en prendre un ! »

Le commissaire-priseur enfonce le clou : « Il n’y a plus de jackpot possible dans les véhicules de collection. Ceux qui ont revendu leur véhicule à prix d’or ces dernières années sont des passionnés qui l’ont acheté dans les années 1980 à des prix raisonnables car ils n’intéressaient plus personne à l’époque. Aujourd’hui, acheter pour espérer faire une énorme plus-value n’est plus possible car la cote de tous les véhicules anciens qui sont devenus rares a déjà explosé. Et il ne faut surtout pas oublier qu’acquérir une ancienne, c’est comme un bateau : vous l’achetez une première fois le jour où vous prenez son volant et vous la repayez régulièrement en assurance, entretien… Pour en tirer pleinement profit, le véhicule de collection doit impérativement rester une passion et non devenir un gagne-pain. »

1.Les sorties de grange sont « le graal » de tout passionné qui recherche une voiture ancienne. On en parle lorsqu’un véhicule de collection endormi depuis de nombreuses années dans un garage, entrepôt, hangar ou une grange est découvert par un amateur qui va le restaurer intégralement.

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