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[ Dossier automobile ] Ruée sur le marché de l’occasion

Avec des véhicules neufs aux prix et délais de livraison inflationnistes, le marché de l’occasion est pris d’assaut depuis quelques mois. Au point que certains professionnels peinent à trouver du stock pour répondre à la demande.

garage Kebabci, véhicule d'occasion

Créé en 1990 à Petit-Mars (Loire Atlantique), le garage Kebabci s’est spécialisé dans la vente de voitures d’occasion. Si son stock habituel avoisine les 60 véhicules, il en propose actuellement une vingtaine. © I.J

Spécialiste de la vente de véhicules d’occasion de 5 000 € à 15 000 € depuis 32 ans, le garage Kebabci de Petit-Mars (Loire-Atlantique), qui écoule entre 350 et 400 véhicules par an, est depuis quelques mois confronté à une problématique inédite : « Sur le parc, j’ai actuellement une vingtaine de véhicules en vente alors que j‘en propose habituellement 60, attaque Baris Kebabci, gérant du garage familial depuis 2017. Dès que je rentre un véhicule, il est vendu dans la semaine, peu importe le modèle. On n’a jamais vu ça, d’autant plus que les tarifs de l’occasion ont augmenté de 20 % ces derniers mois. Par exemple, une voiture que l’on reprenait 5 000 € il y a six mois vaut désormais entre 6 000 et 7 000 €. Avec cette nouvelle donne, notre problème n’est plus de vendre mais de trouver des véhicules à vendre. »

« DES ACHETEURS PLUS QUE DES VENDEURS »

Cette ruée sur l’occasion est également constatée du côté du garage Blandin, une concession Peugeot située à Nantes, qui propose du neuf et de l’occasion : « Quatre voitures sur cinq vendues actuellement chez nous sont des occasions, confirme l’assistante de gestion de l’entreprise. Si les petits SUV (type 2008 et 3008) et les petits véhicules (type 208) ont particulièrement la cote, tous les types de modèles sont concernés par cette forte demande, y compris le haut de gamme. » Même constat en Vendée au garage David de Saint-Fulgent : « Depuis quelques mois, c’est la course au stock tant la demande est forte, en particulier sur le segment des véhicules entre 10 000 et 15 000 €. On a parfois l’impression d’être devenus des acheteurs plus que des vendeurs de voitures ! »

DES RAISONS MULTIPLES À LA PÉNURIE DOCCASIONS

Pour les professionnels, les raisons de cette pénurie sont multiples : « L’occasion est très demandée depuis le premier confinement car les chaînes de production des véhicules neufs ont été arrêtées. Depuis, les véhicules n’arrivent qu’au compte-goutte chez les concessionnaires, car la production n’a pas pu reprendre à plein régime en raison du manque de semi-conducteurs. C’est cela qui dope actuellement le marché de l’occasion », explique Olivier David, le gérant vendéen. « Vu que nous vendons beaucoup moins de véhicules neufs, nous effectuons moins de reprises et il est devenu difficile pour nous de constituer du stock, embraye l’assistante de gestion du garage Blandin. D’autre part, les propriétaires ont également tendance à conserver plus longtemps leurs véhicules, ce qui ne nous facilite pas la tâche. Et pour couronner le tout, ceux qui envisageaient d’acquérir du neuf sont nombreux à se rabattre sur de l’occasion récente et peu kilométrée car il n’y a plus assez de stock de véhicules neufs en concession. »

DÈS QUE JE RENTRE UN VÉHICULE, IL EST VENDU DANS LA SEMAINE, PEU IMPORTE LE MODÈLE. ON N’A JAMAIS VU ÇA, D’AUTANT PLUS QUE LES TARIFS DE L’OCCASION ONT AUGMENTÉ DE 20 % CES DERNIERS MOIS

« De plus, pour ce qui est des occasions très récentes, que l’on récupérait auprès des loueurs comme Europcar, Avis ou Hertz, c’est quasiment fini aussi, poursuit le professionnel de Saint-Fulgent. Ils ont préféré couper les vannes à cause de la pénurie de véhicules neufs et conserver plus longtemps leur flotte de manière à être sûrs de pouvoir travailler. Il en est de même pour les occasions à 0 km que l’on trouvait encore il y a quelques mois sur le marché. Aujourd’hui, ce marché n’existe quasiment plus car les constructeurs préfèrent les garder pour eux. »

À CHACUN SA SOLUTION

Face à cette pénurie, les professionnels ont chacun leur solution. Chez Kebabci, « en dehors des reprises proposées systématiquement dès qu’on vend un véhicule, on travaille exclusivement avec des concessions partenaires depuis des décennies pour nous fournir en véhicules d’occasion ». Olivier David n’a quant à lui pas attendu cette crise pour diversifier ses activités : « Nous avons la chance d’être loueur et donc de disposer d’une flotte de 350 véhicules, ce qui nous permet d’avoir un renouvellement naturel qui alimente notre stock d’occasions. D’autre part, on a commencé dès les années 1990 à importer des véhicules en provenance de Belgique, d’Espagne puis d’Allemagne et d’Europe de l’Est. Heureusement que l’on a trouvé ces moyens supplémentaires pour s’approvisionner sans quoi nous serions à l’heure actuelle sans stock, comme bon nombre de négociants spécialisés dans l’occasion et de grossistes. »

Véhicule d'occasion

© Shutterstock

Du côté de la clientèle, pas d’autre choix que de s’adapter à l’offre réduite de ce marché remanié : « Il y a quelques années encore, les clients cherchaient un modèle, voire une couleur en particulier. Aujourd’hui, ils n’ont plus les mêmes exigences et s’adaptent, poursuit Baris Kebabci. Ils nous disent simplement j’ai tant de budget, qu’est-ce que vous avez comme véhicule fiable et achètent au final ce qu’on a à leur proposer. » Une preuve que le marché de l’occasion est lui aussi entré dans une nouvelle ère.

 

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