Couverture du journal du 01/09/2025 Le nouveau magazine

Frédéric Jouët d’Exponantes : « La survie des événements est indispensable à tous »

À la tête d’Exponantes depuis 13 ans et ancien président de la fédération nationale des métiers de l’événement, Frédéric Jouët a une connaissance très fine des enjeux de cette filière. Confronté comme ses homologues à une crise aussi inédite que majeure, il trouve malgré tout des raisons de rester optimiste…

Dans quel état d’esprit êtes-vous en cette rentrée si particulière ?

On y croit parce que, si on n’y croit plus, tout s’arrête. Ce qui est le plus pénible, c’est que l’on a reçu un deuxième coup de massue. On a travaillé depuis le déconfinement pour préparer la reprise au 1er septembre et là, on nous annonce qu’elle est repoussée à fin octobre. On reprend avec une incertitude permanente de savoir si le travail que l’on fait pour préparer nos événements est utile ou si c’est juste du temps payé pour rien. J’ai toujours travaillé dans le milieu, mais là, c’est dur : non seulement on doit se battre pour le quotidien, mais en plus cette incertitude est pesante. 

Aux dernières nouvelles, nous devrons présenter aux services de la préfecture notre dispositif par événement et, selon la jauge à 5000 personnes, adapter ce dispositif. Il n’en reste pas moins que selon l’évolution locale de la pandémie, nous serons jusqu’au dernier moment dans l’incertitude. Si les cas explosent, le préfet pourra interdire l’ouverture de l’événement. C’est en fait le pire des scénarios. Un salon se prépare des mois à l’avance. La commercialisation est bien entendu finalisée à quelques jours de l’ouverture, la communication installée, les achats réalisés, les billetteries ouvertes, les exposants sur la route pour le montage, etc.

Si une telle décision devait être prise tardivement, les impacts financiers seraient considérables et cela jouerait également sur la confiance que nous accordent exposants et visiteurs quant à notre capacité à assurer la production de nos événements.

Au début, on se disait, on tâtonne, c’est normal. Mais maintenant, il faut qu’on nous fasse confiance ! On a une charte nationale qui a été travaillée par la fédération, validée, on la met en œuvre. Il y a une charte spécifique à Nantes1 qu’on met aussi en œuvre. On sait gérer le public, c’est notre métier et c’est ce que nous n’arrêtons pas de dire aux autorités compétentes. On a une trentaine d’événements à venir sur septembre et octobre, avec de 1500 à 30 000 personnes attendues. Avec nos six halls, on sait gérer ces 30 000 personnes. 

Comment avez-vous vécu ces derniers mois ?

Depuis le déconfinement, l’équipe commerciale travaille à reporter l’inscription des exposants sur d’autres événements et à préparer les salons de la rentrée. Mais dans un climat très étrange, avec une triple incertitude : est-ce qu’on va pouvoir faire ces événements ? Est-ce que les exposants seront au rendez-vous, entre les difficultés de trésorerie et les inquiétudes sur leur activité ? Et, enfin, troisième inconnue : le public, va-t-il répondre présent ? Autant sur les exposants on a une vision parce qu’on les a au téléphone et on est plutôt rassuré sur leur volonté d’être présents, autant sur le public on n’a aucune information. Même si je pense que les gens ont envie de sortir, de se changer les idées, de retrouver une vie normale, donc de venir aux…