L’histoire de Kojo débute sur un salon professionnel, où Jimmy Lefort n’avait pas de kakemono. Il a l’idée d’imprimer en 3D des petites pinces pour créer une construction avec ses cartes de visite. Sa fille adore le concept et continue à jouer avec les pinces et les cartes. L’idée d’imaginer un jeu de construction plus grand et plus abouti était née. Il réunit deux amis, récemment devenus parents, autour du projet. L’équipe se forme donc avec des compétences complémentaires. Jimmy Lefort, 36 ans, originaire de La Roche-sur-Yon, est ingénieur en génie mécanique. Il a fondé un bureau d’étude de conception de produit industriel. Originaire de Nantes, Morgan Sotter, 36 ans est statisticien. Il dirige l’agence de web design joliPixel à Saint-Nazaire. Charlotte Coutand, 34 ans, originaire de Pouzauges, est responsable financier dans un grand groupe industriel fabriquant des éoliennes offshore.
Kojo mise sur un jeu en bois et à prix accessible
Les trois compères planchent pendant un an sur un cahier des charges bien précis en parallèle de leur activité. « Nous voulions proposer un jeu de qualité, Made in France, éco-responsable et non genré et surtout accessible en terme de prix», résume Charlotte Coutand, maman de deux enfants. « Nous avons d’abord étudié la piste d’un jeu permettant de construire des cabanes. Mais nous sommes revenus à une taille de pièces plus modestes pour pouvoir faire aboutir notre projet plus rapidement, nous faire connaître et générer un premier chiffre d’affaires ». Les pièces de construction sont en peuplier provenant de forêts françaises durablement gérées (PEFC). Elles sont imprimées et découpées au laser par Microlinx à Rennes. Les pinces sont injectées chez Mcplast à Nantes à partir de pots de yaourt et de chutes de plastique de l’industrie agroalimentaire, le sac de rangement est fabriqué par l’atelier d’insertion Esiam de Mauléon à partir de tissus recyclés, Même les moules d’injection ont pu être fabriqués dans la banlieue nantaise. « À part le bois qui est neuf, tout est du réemploi », assure la co-associée de Kojo.
Le prix, facteur clé du projet
Lancé sur fonds propres et concours bancaires, Kojo (qui veut dire construction en japonais) naît officiellement en avril 2020 pour pouvoir monter des dossiers d’aides et de subventions auprès des différents organismes régionaux. La jeune pousse sollicite l’aide du Centre de recherche en innovation (CRI) de La Roche-sur-Yon. Celui-ci l’épaule pour l’obtention d’un prêt d’honneur de Pays de la Loire Initiative Innovation permettant de financer les prototypes industriels et le brevet des pinces. La pépinière de La Roche-sur-Yon prend le relais pour l’aider à obtenir une Bourse French Tech de Bpifrance qui récompense l’innovation et un prêt d’honneur Initiative remarquable, label qui reconnaît l’engagement sociétal et responsable des porteurs de projet. Pour se consacrer au projet et à la recherche de fonds, et alors enceinte de son deuxième enfant, Charlotte Coutand quitte son emploi au printemps 2020.
Au total, il aura fallu deux ans de développement, de prototypes et de tests pour finaliser les premiers jeux. Le prix était l’un des indicateurs clés des recherches : « Nous avons réussi à produire des jeux en bois Made in France positionnés sur une fourchette de prix entre 50 et 80 €, précise Charlotte Coutand. Nous voulons toucher le maximum de foyers car notre modèle économique est basé sur les volumes ». Pour y arriver, les trois associés ont opté pour un conditionnement sobre privilégiant un emballage en carton unique pour tous les jeux. Ils ont dû simplifier les pièces et mettre moins de triangle que de carré dans les kits.
La production des kits de construction Kojo est lancée en mai 2021
Ils imaginent trois kits pour lancer la pré-commercialisation sur Ulule en avril 2021 : un palais oriental, des maisons flamandes et un jeu sans décor. Ils récoltent 9 000 € sur la plateforme de crowdfunding et lancent la fabrication en mai 2021. « Il nous fallait préparer les stocks pour les ventes de Noël 2021 qui représentent 60% de l’activité dans le secteur », précise la créatrice. Une nouvelle série avec un château fort et une catapulte sera mise en production entre août et septembre. Les entrepreneurs s’appuient sur Frenchlog à Nantes pour gérer les stocks et les expéditions.
Dans un premier temps, les ventes se feront en ligne via leur site internet et ceux de Green weez et Des petits résistants. « Le temps de nous faire connaître des distributeurs et d’obtenir la certification PEFC pour la vente via un tiers ». Kojo participera également à des salons en novembre 2021 : Viva Natura à La Roche-sur-Yon puis le salon du Made in France à Paris avant de faire la tournée des salons du jouet en 2022.
Kojo espère être à l’équilibre dès son premier exercice commercial avec un point mort à 1 000 ventes. Parallèlement, la jeune pousse poursuit ses essais de cabanes en kit pour l’intérieur ou la terrasse. « Cela prendra moins de place une fois rangé que les fameuses cuisines en plastique qui trônent dans les salons », argue la dirigeante.