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Jérôme Guilbert, président de GB Investissements : « On va vers de la restauration loisir »

Avec Maria, Goguette, Joséphine B ou encore Papa Tango, Jérôme Guilbert fait partie des acteurs du CHR qui comptent sur la place nantaise. À la tête du groupe GB Investissements qui regroupe 14 établissements, il aime se définir comme un concepteur de lieux de vie. Rencontre avec un entrepreneur à l’affût des évolutions du marché, et qui a souvent un coup d’avance.

Jérome Guilbert, JB Investissements, CHR, Nantes

Pour Jérôme Guilbert, président de JB Investissements (Maria, Joséphine B, Elephant Club...), « la restauration assise se transforme en restauration expérientielle » ©Benjamin Lachenal

Comment vous définissez-vous ?

Jérôme Guilbert : Je fais partie de cette catégorie de gens qui assument parfaitement d’être entrepreneurs sans être chefs d’entreprise. Je sais le faire, je le fais d’ailleurs depuis plusieurs mois parce que la fin de l’année 2022 et 2023 sont des périodes de restructuration/consolidation pour absorber la croissance forte que l’on a eue dans une période très difficile, notamment sur la partie recrutement. Chef d’entreprise, cela implique de gérer, structurer, encadrer, contrôler, être à peu près sur tous les sujets : je le fais, mais je le fais moins bien que quelqu’un d’autre parce que je le subis. Je le dis depuis toujours à mes équipes : mon métier, globalement, c’est de m’occuper des gens, qu’ils soient salariés ou clients, de définir des failles, soit dans un marché, soit dans le bonheur des gens, et d’essayer de trouver des réponses. Ce que j’aime, c’est créer une offre de lieux de vie.

Je suis un autodidacte. Depuis que j’ai créé ma première entreprise à 25 ans, j’ai toujours réinvesti tout ce que je gagnais… ou absorbé les pertes d’un projet. Car, comme il n’y a pas d’école entrepreneuriale, il y a forcément des moments où l’on échoue. Pour ma part, j’ai eu quatre échecs sur une vingtaine d’entreprises créées. C’est pour cela que j’ai recruté début septembre un directeur général en la personne de Philippe Hugot, qui lui, est un chef d’entreprise.

Justement, comment se porte votre groupe dans cette période complexe ?

On a eu une année compliquée et c’est encore difficile. Dans le secteur, les professionnels pensent que les groupes ne sont pas en difficulté, mais nous le sommes tous ! Moi aussi j’ai du mal à absorber les hausses de salaires et des coûts de matières premières, à payer mon électricité. Nous avons rencontré des difficultés d’équilibre économique sur certaines affaires et j’ai encore du mal à retrouver un modèle économique pérenne. On est tous dans le même panier ! Mais je vais trouver des solutions.
Ce qui nous sauve aujourd’hui c’est d’une part notre réputation auprès des établissements bancaires pour la partie financement qui s’est durcie avec la hausse brutale des taux et d’autre part notre diversification. J’encourage d’ailleurs vivement les chefs d’entreprise à se diversifier !

La main-d’œuvre est l’un des principaux problèmes dans votre secteur. Qu’en est-il pour vous ?

restaurant, Maria, Nantes

Le restaurant Maria, place Graslin, à Nantes.
©Studio Chantal

Depuis le Covid, on dit que les gens ne veulent plus travailler. Ce n’est pas vrai. Les gens ne sont pas feignants, c’est simplement qu’avant le Covid, nous ne leur laissions pas le temps de penser à leur vie. Pendant un an, ils ont eu le temps de faire le point sur la façon dont ils avaient envie de vivre et de se demander si leur travail les épanouissait. Ils veulent travailler différemment, en donnant au travail sa juste valeur. On leur dit : « Ton travail c’est ça, payé tant, pour tant d’heures » mais on ne leur dit pas qu’en plus de porter des assiettes, on attend d’eux autre chose : qu’ils vendent, fidélisent le client, participent au développement de l’entreprise.

Le problème, c’est qu’en France on ess…