D’où vous est venu l’idée de cette fable sur les Gafam ?
Cela a commencé au début du mouvement des Gilets jaunes, à partir de tous les commentaires outranciers sur les réseaux sociaux. Nombre de prises de position étaient simplificatrices et généraient des réactions à 99% émotionnelles. Avec ma fibre de professeur, profondément scientifique, cela m’a heurté. Même si, bien sûr, tout ne vient pas des Gilets jaunes et tout ne tourne pas autour de cela dans la fable.
Vous êtes inquiet de cette tendance à l’émotionnel sur les réseaux sociaux ?
On constate aujourd’hui un déni scientifique de la logique qui est à même de radicaliser les postures. Je pense que cela peut déstabiliser nos démocraties dans la durée, de manière extrêmement forte. Je rejoins en partie le débat, à l’œuvre dans certains cercles, à propos de la pérennité de nos démocraties, sur sa légitimité pour naviguer efficacement dans la complexité du monde d’aujourd’hui. Pour beaucoup, la démocratie ne serait plus le meilleur des régimes, comme le disait Churchill. C’est ce qui se dit dans des cercles de dirigeants de grandes entreprises. Il existe de plus en plus de doutes, et on ne parle pas de personnes aux idées fascisantes.
Ces chefs d’entreprise sont inquiets ?
Leur inquiétude vient du constat de polarisation extrême de la société. Je l’observe aussi dans notre tissu économique, auprès des PME notamment, et sur de nombreux sujets. Avant, seuls des sujets majeurs polaris…