Le cinéma a toujours été un miroir des sociétés, un espace où l’on questionne le monde autant qu’on le raconte. Au Festival du cinéma espagnol de Nantes, la politique s’invite cette année non plus seulement à l’écran, mais aussi en coulisses. Confronté à une baisse brutale des subventions publiques, l’événement a dû revoir son ambition à la baisse, réduisant sa durée de deux jours et supprimant la compétition de courts-métrages. « Le festival a toujours été politique », rappelle Pilar Martínez-Vasseur, codirectrice de l’événement. Une affirmation qui prend tout son sens cette année, alors que la programmation fait écho aux grandes questions sociétales et aux tensions de notre époque.
Cette 34e édition doit, en effet, composer avec la suppression de la dotation de la Région Pays de la Loire et la baisse de subventions du Département de Loire-Atlantique, engendrant une perte globale de 50 % du budget. Pour faire face à cette situation, l’équipe organisatrice a pris des décisions difficiles. Moins de jours, moins de films, moins d’invités. Le festival se réinvente sans renier son essence. « C’est une décision douloureuse, mais nous avons tout mis en œuvre pour maintenir l’esprit du festival », confie Pilar Martínez-Vasseur.
Malgré ces contraintes, l’événement conserve son ambition de faire découvrir le meilleur du cinéma espagnol. Parmi les moments forts de cette édition, Juan Antonio Bayona, le « Spielberg espagnol » réalisateur de L’Orphelinat et The Impossible, animera une masterclass au Théâtre Graslin et présentera plusieurs de ses films dont Jurassic Word, cinquième volume de la famille jurassique.
Violences faites aux femmes, migrations, fin de vie… à l’affiche !
Cette année encore, le festival ne se contente pas de projeter des films, il suscite le dialogue autour de grandes questions sociétales. Les violences faites aux femmes seront au cœur de plusieurs longs-métrages récents, notamment El Llanto, un thriller où la peur devient un vecteur de réflexion sur les agressions sexistes. La mémoire historique et le devoir de transmission seront également mis en avant à travers plusieurs récits autour de la guerre civile espagnole et de la dictature franquiste. Par ailleurs, la question des migrations résonnera dans le film d’ouverture El 47 de Marcel Barrena, qui retrace le parcours de travailleurs venus d’Estrémadure et d’Andalousie pour bâtir les banlieues de Barcelone. Enfin, la fin de vie, sujet de débat en Espagne comme en France, sera également abordée avec notamment un hommage à Mar Adentro, le film emblématique d’Alejandro Amenábar.
Un autre hommage marquant viendra ponctuer cette édition : celui rendu à Marisa Paredes, figure emblématique du cinéma espagnol, disparue en 2024 à l’âge de 78 ans. Une comédienne flamboyante et une artiste engagée, interprète emblématique des films d’Almodóvar, notamment dans Talons aiguilles et Tout sur ma mère. En 2021, lors de la 30e édition, elle avait été l’égérie du festival nantais et avait reçu le Prix d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Festival du cinéma espagnol de Nantes
Du 21 au 29 mars 2025
Cinéma Katorza, Théâtre Graslin, Espace Cosmopolis
Billetterie www.cinespagnol-nantes.com
Jaume Caldés
Lire aussi : Montaigu : le Printemps du livre passe en mode polar
