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Entretien avec Pierre Marie Muller, co-fondateur d’Izicamp : « Les perspectives s’envolent »

Le cofondateur et dirigeant d’Izicamp, une start-up pornichétine de 19 personnes positionnée comme le Airbnb du mobil-home, s’apprête à vivre un tournant décisif. Avec des perspectives de croissance qui vont de pair avec une stratégie de diversification fondée sur des carences multiples en matière de logement. Pierre Marie Muller, revient sur l’histoire de ce qui pourrait bien devenir une success story à l’américaine.

Pierre-Marie Muller, cofondateur d'Izicamp

Pierre-Marie Muller, cofondateur d'Izicamp © Benjamin Lachenal

Comment est née Izicamp et quel a été votre parcours avant ?

J’ai créé ma première boîte à 19 ans. J’ai eu des magasins d’informatique, une boîte de bâtiment, une activité de marchand de biens. Je suis donc un entrepreneur touche-à-tout et c’est ce profil qu’est venu chercher en 2015 un ami qui cherchait un outil pour gérer des mobil-homes dans un camping. J’ai créé pour lui un logiciel et dès 2016, il était à plus de 100 dans un seul camping. Voyant le potentiel, j’ai finalement repris l’entreprise fin 2017. L’aventure a vraiment commencé pour moi en 2019, avec une première digitalisation des process. L’idée étant de donner à cette entreprise plutôt artisanale à la base les capacités d’industrialiser son activité…

Avec mon associé, Valentin Grizeau, on a fait notre première levée de fonds en crowdfunding par l’intermédiaire de la plateforme WeDoGood fin 2019. On voulait aller plus loin dans la digitalisation et mettre en place une équipe commerciale et de communication pour commencer à se faire connaître. On a levé environ 350 000 €, en royalties et en BSAR 1, c’est-à-dire en augmentation de capital différée : on donne une option à l’investisseur sur la prochaine augmentation de capital, la valorisation dépendant de cette dernière. Comme ça, on ne s’écharpe pas sur combien ça vaut au moment où l’on discute… Ceux qui ont cru en nous étaient des investisseurs particuliers (love money) et deux chefs d’entreprise locaux qu’on ne connaissait pas et qui ont chacun mis 100 000 €.

Fin 2019, c’est peu de temps avant le déclenchement de la crise sanitaire…

En effet. Début 2020, on s’est pris le Covid, comme tout le monde. Et ça ne nous a pas arrangés car notre clientèle est composée de résidents particuliers. Pour rencontrer des prospects et les convertir, il fallait aller les voir dans leur camping, c’est-à-dire entre mars et mai, donc pile pendant le premier confinement… L’activité pour cette première année était donc plutôt mal engagée. Mais ce qui est intéressant, c’est que le Covid nous a amenés quand même pas mal de choses à côté. D’abord, on a pu recruter des développeurs pour mettre au point notre logiciel. Dès juin, on a ainsi ouvert notre cible de propriétaires particuliers de mobil-home aux campings. Ça nous a permis d’avoir de l’offre sur notre plateforme et de faire des ventes, même si ce n’est pas notre cœur de cible : on n’est pas armés pour se battre contre les mastodontes en place.

Izicamp

© Izicamp

On s’est aperçus qu’un certain nombre de campings avec lesquels on était partenaires constituaient des leads qualifiés pour le modèle résidentiel car il leur permet d’avoir un loyer annuel qui tombe et ainsi de partager le risque d’une mauvaise saison. En termes de modèles économiques, il y en a deux principalement. D’un côté, le locatif où les campings sont propriétaires de leurs mobil-homes et pour payer les remboursements de crédit ou le leasing, ils doivent vendre des séjours. Et de l’autre, on a le modèle consistant à vendre un mobil-home à un particulier qui va devenir résident et va payer un loyer à l’année. Mais les propriétaires ne veulent pas gérer les résidents car c’est une clientèle très différente des vacanciers. Avec nos outils de gestion spécifique…