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Entretien avec Juliette Mucchielli, DG du groupement d’employeurs Vénétis : « On est dans une stratégie d’alliance »

Créé il y a vingt-cinq ans à Vannes, le groupement d’employeurs Vénétis est aujourd’hui constitué de 300 adhérents, 156 salariés travaillant à temps partagé, sur une zone géographique qui s’est étendue vers le sud du Morbihan et la Loire-Atlantique. Avant la crise sanitaire, il réalisait plus de 5 M€ de chiffre d’affaires par an en moyenne, contre 4,5 M€ en 2020. En janvier dernier, Juliette Mucchielli a pris la responsabilité opérationnelle de la structure avec, pour mission, d’en piloter la stratégie et les activités. Interview.

Juliette Mucchielli

Juliette Mucchielli © Benjamin Lachenal

Comment présenter votre activité ?

Un de nos adhérents résume ainsi notre modèle: c’est un outil qui permet à des TPE de devenir des PME et aux PME de devenir des ETI, en se structurant par la compétence.

Il existe plein de raisons différentes pour lesquelles on peut faire appel au temps partagé, sachant qu’on regroupe aussi bien des artisans, des start-up, des PME ou des groupes beaucoup plus importants. Souvent, le besoin arrive quand les chefs d’entreprise n’arrivent pas à fidéliser des salariés qu’ils recrutent à temps partiel ou quand ils font des essais sur des postes qu’ils chargent de trop de tâches. Le temps partagé est aussi utilisé pour prototyper quelque chose, lancer une activité à l’export ou encore lors d’un passage de seuil. Comme il est beaucoup plus flexible qu’une solution traditionnelle de recrutement, cela permet de tester sans prendre trop de risques.

Avant d’intégrer Vénétis, quelle idée aviez-vous du travail à temps partagé ?

J’en avais une idée assez générale… Depuis mon arrivée, je découvre un outil assez peu répandu encore aujourd’hui, qui gagne à être connu. Il y a vingt-cinq ans c’était un modèle ultra-innovant : l’économie du partage BtoC n’était pas née et celle du BtoB vraiment très peu développée. Ces chefs d’entreprise ont alors fait figure de pionniers. Désormais, le défi est de continuer d’être innovants en répondant aux nouveaux enjeux qui se trouvent face à nous, alors que les tendances de fond de l’emploi et du partage inter-entreprises se sont développées.

Quelle est la genèse de l’association ?

L’histoire a pris naissance au sein d’un club d’entreprises du Pays de Vannes. Plusieurs structures se sont alors retrouvées confrontées à deux problématiques. D’une part, la difficulté de recruter et fidéliser des personnes dès lors que les postes n’étaient pas à temps plein. Et, d’autre part, la volonté de lutter contre la précarité de l’emploi. Pour concilier ces deux problématiques, ces entreprises se sont dites : « Est-ce qu’on ne se partagerait pas des salariés ? » Sachant qu’à l’origine du groupement, il y avait beaucoup d’industriels soumis à des saisonnalités fortes, d’été et d’hiver. Ils avaient déjà eu l’idée de créer des postes à temps plein en embauchant ces personnes par l’intermédiaire d’un groupement d’employeurs et donc en leur proposant un contrat de travail unique. Cette initiative existait déjà dans le milieu agricole, lors de la création du groupement, mais pas en multi-sectoriel. Et comme le groupement est un outil de territoire, il a évolué avec celui-ci et avec ses dirigeants. Sur la place de Vannes, les saisonnalités se sont ainsi lissées assez rapidement et les entreprises se sont davantage retrouvées avec de…