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ENTRETIEN – Guillaume Richard, dirigeant de Dronelis : « L’enjeu, c’est la donnée »

Créateur et dirigeant de Dronelis, basée à Nantes, avec des implantations à Bordeaux et Lyon, Guillaume Richard, 42 ans, fait évoluer l’entreprise dans le secteur des drones vers de nouveaux métiers pour répondre aux nombreux défis à venir.

Guillaume Richard Dronelis

Guillaume Richard, dirigeant de Dronelis. © Benjamin Lachenal

Lyonnais d’origine, qu’est-ce qui vous a amené à Nantes ?

J’ai intégré Audencia après une maîtrise de droit public européen. Mon père dirigeait un cabinet de conseil. Il plaidait pour une double formation, qui assure souvent des boulots passionnants et une sécurité. Pour moi cela a été droit et commerce. J’ai créé ma première entreprise à Nantes en sortant d’Audencia, dans l’informatique à domicile. J’étais un juriste qui passait beaucoup de temps à réparer les ordinateurs dans la famille et chez les amis… Et mon grand-père, dont j’étais très proche, avait été dans la production cinéma, l’un des tout premiers à se lancer dans les films d’entreprise. J’ai toujours été baigné dans l’image et j’avais cette curiosité. L’image et l’informatique sont très liées aujourd’hui. J’ai donc créé Informaclic, l’idée étant de faire du dépannage informatique, qui s’est transformé en entreprise plus dédiée au BtoB, en la spécialisant dans le référencement Google. Notre premier savoir-faire était de positionner les sites. C’était entre 2008 et 2012.

Comment êtes-vous passé aux drones ?

En 2012, Google change son algorithme pour classer les sites et donne une plus grande part à l’image. Il faut faire des sites jolis et efficaces pour donner aux internautes l’envie de rester. J’ai cherché une idée pour amener de la belle image et se différencier. J’ai découvert les drones qui, à l’époque, n’étaient pas très fiables. La première émotion en faisant les premières images a été magique…

Mais de là à créer son entreprise dans le domaine, il y a un pas !

J’avais envie d’un projet plus ambitieux. Mon entreprise fonctionnant correctement, je pouvais me lancer dans une nouvelle activité. Dès que j’ai vu que l’on avait d’autres applications que l’image, je me suis dit que l’on pouvait faire quelque chose. Un premier site internet a été mis en ligne en 2012. J’ai vendu mes premières prestations auprès de campings. À l’époque on ne demandait pas le diplôme actuel1 mais il fallait déjà des autorisations.

Comment Dronelis est-elle née ?

Au départ, Dronelis a été une entité au sein de la première société, avant d’être une entreprise à part entière en 2016. J’ai rencontré Charles Beigbeder, entrepreneur investisseur, qui avait une belle expérience de ce genre de boîtes, et qui savait comment créer une entreprise alors que le chiffre d’affaires était encore inexistant. Il nous a accompagnés avec un premier investissement puis avec d’autres. Il a investi en son nom propre, il nous a même accompagné à Nantes quand il s’agissait d’honorer des rendez-vous importants.

Vous étiez des pionniers, le drone était novateur et fascinait. Est-ce que cela a joué ?

Charles Beigbeder a toujours été avant-gardiste, il l’est encore avec le lancement d’un premier fonds d’investissement mondial sur l’informatique quantique. Il a une vision de l’avenir juste et jamais prétentieuse, avec la vraie conscience du “time to market“, c’est-à-dire la nécessité d’arriver au bon moment sur le marché. Je me souviens aussi d’une phrase de Philippe de Portzamparc dont la présence est essentielle depuis le début. Il est arrivé comme investisseur assez rapidement. Après m’avoir donné beaucoup de conseils, il m’a dit qu’il croyait en l’avenir du drone et de la 3D. En 2016, j’avais d’un côté Charles Beigbeder, un serial entrepreneur et son dynamisme et de l’autre le numéro un de l’introduction en bourse des mid caps, les petites sociétés, et son côté bon père de famille, avec une vraie ambition. Et au milieu de ces deux personnages, j’ai eu la chance d’accueillir Jean-Pierre Benqué, fin connaisseur du milieu de l’énergie puisqu’il a longtemps été un des directeurs généraux adjoints d’EDF. Cela a été une grande chance.

Comment cela s’est-il concrétisé ?

On a démarré à trois de l’ancienne entreprise, mais deux sont repartis dans l’informatique pure. J’ai recruté un pilote, un ingénieur, un ancien de chez Parrot, pour mettre au point un drone de pulvérisation destiné à nettoyer les toitures. Cela ne se faisait pas à l’époque. Nous avons recruté ensuite un commercial, d’autres pilotes… Aujourd’hui, nous sommes 1…