Comment est née La Belle boîte ?
Damien Mourguye : Après une école de commerce à Bordeaux, j’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans une PME industrielle. En parallèle de cette expérience professionnelle, j’ai découvert l’improvisation théâtrale en revenant à Nantes, via la Troupe du malin qui nous a permis de nous rencontrer tous les trois. Je suis alors tombé dans la marmite, mais je savais que j’avais ce besoin d’être sur scène : j’avais expérimenté le théâtre pendant mes études. J’avais d’ailleurs hésité à faire une école de théâtre… En 2011, on a commencé à se dire que l’improvisation théâtrale, avec tout ce qu’elle développe d’intelligence collective, de positivité, étaient des mécanismes dont les entreprises avaient besoin. C’est sur ce constat-là, avec une grosse envie de reprendre notre vie en main, qu’on a décidé de créer la Belle boîte. Elle a vu le jour en 2012.
Frédéric Le Neillon : On a tous les trois un parcours qui se ressemble dans l’ordonnancement des choses. Moi je suis le monsieur couleur RH. Pendant dix ans, j’ai fait des RH chez Bouygues Telecom. J’ai découvert le théâtre d’impro tard, à 26 ans. Et comme Damien, les planches me brûlaient les pieds.
Antoine Lambert : De mon côté, je m’étais spécialisé dans le management de la culture. J’ai profité d’un licenciement économique pour précipiter la création de La Belle boîte.
Le choix de l’entrepreneuriat a-t-il été simple à faire ?
FLN : Oui, même si dans notre entourage on nous a regardés comme si on allait devenir des saltimbanques !
AL : Alors que, dans notre façon de nous construire, c’était vraiment un projet entrepreneurial. Avec une réflexion sur une opportunité de marché, en utilisant notre double compétence pour adresser un besoin qui n’était pas forcément satisfait sur le grand Ouest.
DM : Et c’est pour ça que l’on a été incubés chez Audencia la première année, Antoine étant diplômé de l’école. On avait décelé un besoin sur de la formation, de l’animation de séminaires, du conseil en prise de parole en public… On avait déjà pensé tout ça.
L’improvisation est-elle toujours au cœur de votre activité ?
DM : Ce sont surtout ses valeurs qui le sont. Elle infuse notre façon de faire et nos préceptes. Quasiment tout ce que l’on fait est à base d’énergie, d’une certaine prise de risque et, si possible, de créativité. On sait qu’il n’y a rien de plus conservateur, de plus stable qu’une entreprise. Avant de l’ébranler, vous pouvez passer par dix mille échecs. Malheureusement, l’inverse est aussi vrai. Vous pouvez faire des trucs géniaux, trois semaines après, les effets se sont complètement estompés. Donc, on a cette culture de l’improvisation qui est de se dire « ce n’est pas très grave si ça ne fonctionne pas totalement ». Ça laisse beaucoup de marge de manœuvre, ce qui fait qu’on a ce rapport enthousiaste par rapport à notre travail parce qu’on est libérés d’une forme de gravité. Ce n’est pas du détachement, mais un motif pour oser. Il y a effectivement le risque que ce soit moyen, mais franchement, quand on sait le nombre de choses moyennes qui sont faites dans la vie d’une entreprise… On fait entre 200 et 250 jours d’interventions par an, hors période Covid. On en a fait des séminaires, des formations, des animations ! Et finalement, globalement, le public est toujours impressionné par la…