Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Entretien avec Sandrine Charpentier de Mixity : « Le social, parent pauvre de la RSE »

Inaugurée en grandes pompes en présence de Marlène Schiappa, alors secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Mixity a vu son lancement contrarié par la crise sanitaire. Reste qu’avec sa proposition de faire progresser la diversité et l’inclusion dans les entreprises, la start-up n’est pas seulement en prise directe avec l’actualité : elle propose des outils pour s’attaquer à des sujets de fond. Entretien avec sa cofondatrice et Présidente, Sandrine Charpentier.

Sandrine Charpentier

Sandrine Charpentier © Benjamin Lachenal

Dans votre parcours, qu’est-ce qui vous a conduit à la création de Mixity ?

Après des études de journalisme, je me suis orientée dans les relations publiques. En rejoignant Canon France, j’y ai découvert une culture japonaise très innovante avec la philosophie Kyosey, qui veut dire « vivre et travailler ensemble pour le bien commun ». On faisait de la RSE sans que cela s’appelle encore comme ça. Et ça m’a donné une fibre.

Des années plus tard, lorsque je me suis installée à Nantes, après avoir vendu ma première entreprise de conseil en relations publiques, j’ai eu envie de m’impliquer à fond dans le digital et de m’engager socialement. Je me demandais souvent en regardant ce milieu : « Où sont les femmes ? »

En 2002-2003, j’avais tenu un blog sur le leadership au féminin, mais sous un nom d’emprunt. À l’époque, je n’assumais pas… Écrire, c’était bien, mais, à un moment, je me suis dit que ça n’allait pas faire avancer le sujet : j’ai eu envie d’agir. Il n’y avait rien sur les femmes dans la tech sur le territoire et je voulais les rendre visibles, montrer qu’elles peuvent aussi travailler dans cet univers-là. C’est comme ça qu’avec Sandrine Fouillé 1 nous avons d’abord créé un prix pour mettre en avant les femmes qui réussissent dans le digital, qui s’est transformé ensuite en une association : Femmes du digital Ouest.

En 2016, je me suis relancée dans un projet entrepreneurial. Digitaly avait un volet transformation digitale et un autre sur l’innovation sociale, avec des programmes pour encourager à davantage de mixité, de diversité, autant de sujets qui m’animent fortement. On a participé notamment à la conception du programme Négotraining pour former les femmes à la négociation salariale et accompagné la mise en place d’accords d’entreprises sur l’égalité professionnelle.

 

Quel a été le déclic pour la création de Mixity ?

En faisant ces accompagnements, je me suis rendue compte que, dans les entreprises, sur tous ces sujets-là, il n’y avait pas de données disponibles. Il fallait aller chercher des infos dans plein de fichiers Excel, çà et là. Ça montrait bien que ce n’était pas un sujet stratégique porté par la direction de l’entreprise et qu’il n’y avait pas de pilotage. Le social est vraiment le parent pauvre de la RSE : autant, il existe plein d’outils pour mesurer son bilan carbone, au…