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Entretien avec Marie Bévillon, présidente de La Sablaise : « L’entreprise est le premier lieu social »

Devenue chef d’entreprise à la quarantaine, après avoir échangé sa place avec celle de son mari, Marie Bévillon cultive le goût des autres et du lien social. Aux manettes de l’entreprise familiale depuis 2010, la présidente de la Sablaise, élevée au grade de Chevalier de la Légion d’honneur, n’a de cesse de faire grandir la conserverie et les hommes et femmes qui la composent. Créée en 1990 à Olonne-sur-Mer à partir d’une recette de soupe de poisson, La Sablaise est aujourd’hui forte de 60 salariés et d’un chiffre d’affaires de 8,5 M€.

Marie Bevillon, La Sablaise

Marie Bévillon, présidente de La Sablaise © Benjamin Lachenal

Une femme dans le monde de la pêche, ce n’est pas si courant. Qu’est-ce qui vous a conduit dans cette filière ?

Je suis arrivée dans l’entreprise en 2007 pour seconder Antoine Martineau, mon mari, sur la partie commerciale après avoir arrêté de travailler deux ans pour fonder notre famille. Originaire des Essarts en Vendée, j’ai fait ma première partie de carrière à Paris, après un DESS de droit et de ressources humaines, dans le commercial et le marketing opérationnel. J’ai notamment géré des équipes, jusqu’à 80 personnes, dans des centres d’appels. Passionnée par le bien manger et la gastronomie, j’ai commencé à m’intéresser aux recettes de La Sablaise. De son côté, Antoine avait fait un cursus dans la photographie avant d’intégrer l’entreprise familiale dont il était le gérant. Il a eu envie de renouer avec la photographie et de créer une galerie d’art. C’est comme cela que nous avons échangé nos rôles. C’était un pari un peu fou, mais le produit me plaisait et je savais ce que c’était de gérer une grosse équipe. À l’époque, La Sablaise comptait 20 salariés.

 

Quel a été l’accueil des professionnels de la mer et des salariés ?

Je n’ai pas senti de défiance particulière. De fait, j’étais une novice pas très légitime dans ce milieu. Je ne connaissais pas l’agroalimentaire, la grande distribution, la transformation du poisson et les approvisionnements. Mon mari m’a donné les clés, même si dans la mise en pratique c’est plus compliqué. Appréhender des clients comme Leclerc ou Système U, cela ne s’improvise pas. Mais j’avais pour moi ma grande expérience dans le management, ainsi que cette envie et cette force pour accompagner les gens et l’entreprise. Il est vrai aussi que j’ai entendu des choses incroyables dans la bouche de certains pairs chefs d’entreprise. Certains me disaient que je n’avais pas le profil. Mais cela ne m’a pas touchée car je n’avais pas de doute.

La Sablaise

La Sablaise © D. R.

 

Le fait d’être une femme a-t-il été un frein ou un atout ?

Je détonne un peu car je ne suis pas du tout dans le registre de la séduction. Je suis cash et j’ai un comportement assez masculin dans mon rapport aux autres. Élevée dans une fratrie de cinq enfants, mes parents n’ont jamais fait de différence entre les filles et les garçons. À 9 ans, je rêvais déjà d’être pilote de ligne. J’avais écrit au PDG d’Air France pour qu’il m’envoie des photos. J’ai aussi rêvé d’être coiffeuse… En fait, je ne me suis pas construite par rapport à mon genre, mais par rapport à mes aspirations et mes capacités. Et je ne suis pas féministe. J’adore les hommes auprès desquels j’ai vécu et sans lesquels je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. Je suis aussi arrivée dans l’entreprise à un moment où les hommes commençaient à s’occuper de leurs enfants. Il y avait une plus grande acceptation sociale du partage des tâches, que ce soit dans la vie privée ou dans la vie professionnelle.

 

Quel genre de dirigeante êtes-vous ?

Je me suis entourée de gens…

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