Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Entretien avec Johan Ricaut et Antoine Cheul de Shopopop : « On a travaillé pour avoir de la chance »

En cinq ans, Shopopop est parvenue à s’imposer sur un modèle, qu’elle a inventé, de livraison de courses collaborative. La petite start-up disruptive s’est transformée en une PME rentable et ambitieuse. Entretien avec ses deux cofondateurs, Antoine Cheul et Johan Ricaut, à l’aube d’une nouvelle étape…

Shopopop Johan RICAUT et Antoine CHEUL

Johan RICAUT et Antoine CHEUL de Shopopop © Benjamin Lachenal

Comment est née l’aventure Shopopop ?

Antoine Cheul : J’étais en Inde, j’avais cette idée de concept en tête en lien avec les Dabbawallahs. En en discutant avec un prof, il m’a parlé de Johan qui avait gagné un concours de start-up et qui avait envie de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. On s’est rencontré autour d’une bière et c’est parti comme ça.

Quelle était l’idée de départ ?

Johan Ricaut : L’idée était de répondre à la problématique, très technique quand on la regarde d’un point de vue logistique, de la livraison du dernier kilomètre. L’analyse de départ étant qu’il y avait un trou dans la raquette par rapport aux solutions proposées, notamment dans la raquette économique ; les modèles actuels étant très difficiles à faire tenir sur le plan de la rentabilité. Ce qui nous a fait pencher pour l’économie collaborative, c’était cette mobilité présente partout, tous les jours. On savait transporter des personnes à travers les flux existants grâce à Blablacar et on s’est dit qu’on pouvait faire la même chose, sur des trajets plus petits, pour transporter des marchandises.

AC : Dès le départ, l’idée était de proposer un service qui fonctionne aussi bien en milieu rural qu’en ville. Ce qui nous permet aujourd’hui de couvrir 60 % des zones rurales reculées (ZRR). C’est lié à notre histoire aussi : j’ai grandi dans un village de mille habitants.

Quel est le visage de votre communauté de livreurs ?

JR : Le premier réflexe est d’imaginer que c’est un étudiant, mais on n’en a pas tant que ça. D’autant qu’aujourd’hui on est surtout ancrés dans la distribution alimentaire : il faut une voiture pour livrer des courses. Si on veut donner un « persona », c’est plutôt un actif qui profite de son trajet domicile/travail/domicile pour faire des livraisons. Après, ça changera peut-être. On a aujourd’hui des partenariats avec des enseignes comme Eram et une paire de chaussures peut très bien se transporter à pied ou à vélo…

Vous êtes à la croisée de plusieurs thèmes aujourd’hui centraux, que ce soit l’économie collaborative, la digitalisation du commerce, la logistique du dernier kilomètre… Vous avez eu le bon « time to market » !

AC : On a travaillé pour avoir de la chance ! Un épisode comme le Covid, qui a accéléré de deux ou trois ans les usages, on ne pouvait bien entendu pas le prévoir. Maintenant, quand c’est arrivé, tout était en place et on enregistrait déjà une forte croissance…

Cet effet Covid, pour vous, est-il durable ?

AC : Absolument. Au plus fort du Covid, lors du premier confinement, on a triplé notre chiffre d’affaires. Aujourd’hui, quand on est sur ce niveau de chiffre d’affaires, c’est une toute petite journée. En fait, le premier confinement a été un gros coup d’accélérateur, l’activité a baissé un peu derrière et ensuite elle n’a cessé de grimper.

Vous vous inscrivez en opposition avec les géants du e-commerce. Quelles sont les valeurs que vous revendiquez ?

AC : Nos shoppers sont des particuliers qui vont livrer en moyenne huit à dix fois par mois. On est très loin d’un emploi, et d’ailleurs on se bat pour que les gens ne su…