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Entrepreneuriat au féminin : « il faut accentuer les efforts »

La CPME organisait le 7 octobre la quatrième édition de son salon « Cheffe d’entreprise, moi aussi ! ». L’objectif de cette journée ? Aider les dirigeantes d’entreprises et celles qui souhaitent le devenir. Échanges avec l’instigatrice de cette initiative, Pascale Melka 1.

Pascale Melka

Pascale Melka © Benjamin Lachenal

La région nantaise est réputée pour son attractivité, est-elle au rendez-vous pour épauler les cheffes d’entreprise ?

Au niveau national, les statistiques donnent 30 % de femmes créatrices d’entreprises. En Loire-Atlantique, on est plus près des 40 %. Nous avons la chance d’avoir des femmes à la tête de Nantes Métropole et de la Région. C’est peut-être une des réponses au fait que, sur notre territoire, nous avons plus de femmes dirigeantes. Et la Région des Pays de la Loire finance beaucoup nos actions « cheffes by CPME », tout comme plusieurs partenaires tels que BNP Paribas, AG2R La mondiale, Orange. Les prescripteurs, comme la Banque de France et la CCI donnent aussi de l’écho à ces actions sur le territoire.

Quels points durs identifiez-vous dans le parcours d’une cheffe d’entreprise ?

Le tout premier obstacle identifié est le manque de confiance. On ne s’autorise pas, on n’ose pas. Mais il y a aussi la question de l’organisation de la vie privée et de la vie professionnelle, avec les enfants. On relève aussi un frein pour se développer, entrer dans des réseaux, participer à des afterworks… Dans notre culture, se permettre d’investir, emprunter, contracter des dettes, on n’ose pas. Le manque de confiance amène à reculer sur toutes ces questions. Il y a pourtant des outils et des structures pour accompagner gracieusement les initiatives, comme par exemple les clubs de chefs d’entreprises qui sont très bien organisés. Encore faut-il que les personnes concernées les connaissent. Car la solitude et l’isolement ne sont pas genrés : la femme cheffe d’entreprise est seule, comme un homme.

Y a-t-il un dynamisme particulier des plus jeunes générations ?

Les femmes des jeunes générations, bien avant d’avoir des enfants, n’ont aucune pensée limitante. Elles foncent, elles y vont. À la trentaine, en revanche, elles se limitent, ont des freins et des obstacles qui viennent lorsqu’elles ont un enfant. Si leurs réseaux sont très actifs et dynamiques c’est parce que les femmes qui les ont précédées les ont créés, ont poussé les barrières et pris les coups. Mais on est encore dans un monde d’hommes, un monde patriarcal qui évolue trop lentement. Il faut accentuer les efforts dans la culture de nos enfants.

salon « Cheffe d’entreprise, moi aussi ! »

© DR

La sensibilisation par l’exemple donne confiance, quels parcours modèles avez-vous présenté à l’occasion de cette quatrième édition ?

Orange a son parcours « femme entrepreneuse», qui permet de donner plus d’ampleur à son projet. Manuela Courtois, qui a monté K-Ba, sa société de vrac bio, a été accompagnée par plusieurs de ces réseaux, dont celui d’Orange et BNP via ConnectHer qui aide les femmes à se développer et à se connecter. Je pense aussi à StartUp-Get Up, spécialisée dans la création d’écosystèmes de compétences, de Claire Maufrais et Karin Monflier deux femmes associées, l’une à Nantes, l’autre à Paris, qui révolutionnent les ressources humaines en mettant au point un algorithme pour une meilleure gestion de la RH, de façon globale. Je peux aussi citer la capacité de rebond de Marie Delaruelle qui a bénéficié d’un accompagnement d’Initiative Nantes pour monter son activité de traiteur écoresponsable. Elle vendait sa structure au moment où tout s’est effondré avec la crise sanitaire. Elle a su rebondir en mettant sur pied avec Mélanie Laanaït « Womens Actions », une communauté consacrée aux femmes qui veulent passer à l’action. À la CPME, nous organisons aussi régulièrement des rencontres, tous les quinze jours, sur des thématiques précises avec « Ma vie de cheffe» ou le « Kfé cheffe ». Quand on est dans les réseaux, on peut rebondir plus facilement. La vie d’un ou d’une cheffe d’entreprise est faite de réussites, mais aussi de déconvenues et d’échecs qui font grandir. Si on reste seul, isolé, on se casse la figure.

Il y a aussi l’exemple de Cécile Le Labourier qui a une société, WayLink, spécialiste de la relation client BtoB, de marketing direct au service des entreprises. Elle a repris une entreprise en la transformant en 100 % digital.

On retrouve pourtant peu de femmes dans le numérique…

Il y a un effort à faire au niveau de l’Éducation nationale à ce niveau car c’est là que tout se joue. Il n’y a pas assez de femmes dans le numérique, très peu chez les développeurs ou les administrateurs réseaux. Il faut éduquer au plus tôt, sensibiliser les parents à ces métiers car il y a beaucoup de préjugés. Et permettre aux enfants, très tôt, de toucher de très près ce qu’est le code. Par ailleurs, il faut, globalement, faire des choses qui touchent de plus près l’entreprise.

 

  1. Dirigeante de Ducis et adhérente de la CPME 44, Pascale Melka y est responsable de la commission Entrepreneuriat féminin qu’elle a créée en 2017, en même temps qu’elle est entrée au bureau de l’organisation

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