Quand on entre dans l’atrium central, baigné de lumière, on comprend vite que le lieu a été pensé pour circuler, se croiser, échanger. Les étudiants y côtoient des enseignants venus des quatre coins du monde. Les murs blancs, les verrières et les espaces modulables témoignent de la modernité des lieux. Depuis son installation sur l’île de Nantes, l’École de design Nantes Atlantique s’est imposée comme un acteur incontournable du paysage éducatif et créatif.
Du 3 au 7 juin, elle sera l’hôte de la conférence de printemps de Cumulus, le plus grand réseau mondial d’écoles et d’universités dédiées au design, à l’art et aux médias. Près de cinq cents participants sont attendus, venus de plus de soixante-dix pays. Un sommet discret, mais stratégique.
« C’est la Champions League pour les écoles de design », glisse Frédéric Degouzon, directeur stratégie, recherche et développement de l’école. À l’agenda : tables rondes, ateliers et échanges autour d’un thème qui résonne comme un défi contemporain : « Leadership éthique : une nouvelle frontière pour le design ». Derrière cette formule, un questionnement sur le rôle que peuvent jouer les designers dans la transition écologique, sociale et numérique, bien au-delà des seules questions esthétiques.
Un tremplin historique pour l’école nantaise
Ce n’est pas la première fois que l’école accueille cette conférence. En 2006, déjà, Cumulus avait posé ses valises à Nantes. L’établissement, alors plus modeste, avait initié un mouvement. « Ça a structuré vingt ans de développement », résume M. Degouzon. À l’époque, l’événement avait rassemblé les institutions, la métropole, la région et la CCI autour d’un même projet : faire du design un levier de transformation du territoire.
Frédéric Degouzon, directeur stratégie, recherche et développement. Jean-Charles Queffélec
Depuis, l’école s’est imposée comme un acteur central. Elle a ouvert des antennes en Chine, au Brésil, en Inde ou encore au Bénin, formé une diaspora de professionnels qui irriguent les entreprises et administrations, et porté un discours singulier : un design de stratégie, pas seulement de forme. « Le designer n’est pas là pour enjoliver, mais pour penser global », affirme Anne Brochard, présidente du directoire. « Nous formons des chefs d’orchestre de la transformation. »
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Le design comme levier stratégique
Cumulus 2025 marque une nouvelle étape, une deuxième inauguration, cette fois sur la scène internationale. Le thème choisi, celui d’un leadership éthique, reflète une ambition claire : affirmer la place du design dans les processus décisionnels stratégiques, en entreprise comme dans la sphère publique.
« Le design a gagné en influence, mais il reste en bas des organigrammes », observe M. Degouzon. Derrière le propos, une conviction partagée : pour franchir un cap, le design doit démontrer sa valeur économique, sociale et politique. Il doit aussi se transmettre différemment. À l’école, cela se traduit déjà par une refonte des contenus pédagogiques, intégrant des enjeux comme l’intelligence artificielle ou l’économie circulaire. Et, plus largement, par une évolution du rôle même de l’établissement. « Demain, nous ne formerons pas seulement des designers, mais aussi ceux qui sauront travailler avec eux », affirme Mme Brochard.
Anne Brochard, présidente du directoire. Jean-Charles Queffélec
Dans cette dynamique, Nantes n’est pas qu’un décor. La ville est à la fois terrain d’expérimentation et partenaire actif. La Samoa, la Cité des Congrès, la métropole et les acteurs économiques sont engagés dans la démarche. L’école joue un rôle de catalyseur. « C’est une symbiose naturelle, presque une coécriture », note M. Degouzon. Ensemble, ils défendent une vision du design comme outil de développement territorial, de dialogue entre discipline et de mutation des modèles.
Les temps forts de la conférence — comme la cérémonie d’ouverture, les keynotes et la déclaration officielle — auront lieu à la Cité des Congrès. Tandis que les ateliers, sessions de travail et rencontres se dérouleront à l’École de design, renforçant le dialogue entre la scène académique et les acteurs socio-économiques. Ainsi, le 5 juin, une journée sera consacrée aux entreprises. L’objectif est clair : montrer en quoi les frontières du design rejoignent celles de l’innovation, des usages, de la transformation. Une manière de faire levier. « On est là pour évangéliser, casser le plafond de verre, démontrer que le design peut être au cœur des stratégies », insiste Mme Brochard.
Ce que souhaitent montrer les organisateurs, c’est qu’à Nantes, le design a changé une ville. Qu’il a fédéré des acteurs publics et privés autour d’une vision commune. Qu’il a infusé les politiques d’aménagement, les services, l’économie. Et qu’il peut encore ouvrir de nouveaux champs : cybersécurité, monnaie, géopolitique. Les contributions scientifiques reçues pour cette édition de Cumulus laissent entrevoir ces perspectives.
« Ce que j’espère, c’est que nos visiteurs repartent avec cette image : ici, le design n’est pas qu’un mot, c’est un moteur », conclut M. Degouzon. À l’heure où les capitales créatives captent l’attention, Nantes assume son rôle de ville moyenne audacieuse, tirant son épingle du jeu par la cohérence de son écosystème. Une école, un territoire, une vision. Et désormais, une vitrine mondiale.
« Ethical Leadership : A New Frontier for Design »
Care, City, Food, Digital, Media et Design & Entrepreneuriat
Conférence de printemps de Cumulus
Du 3 au 7 juin 2025
École de design Nantes Atlantique (ateliers), Cité des Congrès de Nantes (plénières)
