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Démissions précoces : un quart des cadres concernés

Selon une étude nationale publiée en octobre par l’Apec, les démissions précoces ont concerné près d’un cadre sur quatre en France sur les dix dernières années. Un phénomène qui n‘épargne pas les Pays de la Loire et incite les entreprises à penser les embauches sur plus long terme.

Démissions précoces de cadres Apec

© Shutterstock

Dans le contexte où 82 % des entreprises françaises disent avoir rencontré des difficultés pour recruter des cadres au 2e trimestre 2022¹, retenir les talents et garantir la pérennité des embauches apparaît comme un enjeu crucial. Loin d’être anecdotiques, les démissions précoces de cadres, intervenant durant les 48 mois suivant leur prise de fonction, imposent en effet aux entreprises de relancer un processus coûteux en temps et en ressources, pour un résultat et une durée jamais garantis.

Si l’étude de l’Apec révèle que 56 % des cadres français considèrent que démissionner trop tôt d’un CDI peut être pénalisant pour leur carrière, 22 % d’entre eux l’ont déjà fait au cours des dix dernières années. Et 12 % l’ont quitté durant leur période d’essai. Sans surprise, ces démissions précoces sont nettement plus nombreuses chez les cadres de moins de 35 ans. Ainsi, 42 % d’entre eux ont démissionné d’un CDI dans les deux ans suivant leur prise de poste contre 19 % des 35-54 ans et 6 % des 55 ans et plus. « Les tendances qui ressortent de cette étude se vérifient parfaitement dans les Pays de la Loire puisque les démissions précoces ont effectivement concerné près d’un cadre sur quatre dans la région sur les dix dernières années, analyse Christelle Champion, consultante RH pour l’Apec Pays de la Loire. Et comme sur le reste de la France, ces démissions précoces concernent particulièrement les jeunes cadres. »

Autres enseignements de l’étude : ces démissions précoces ont le plus souvent été envisagées dans les six premiers mois (dans 56 % des cas), et particulièrement pour les jeunes cadres (dans 65 % des cas). Enfin, au moment de leur démission, les cadres démissionnaires avaient presque tous déjà mis en route des démarches pour trouver un nouvel emploi : six sur dix avaient déjà signé un autre contrat, et trois sur dix avaient des processus de recrutement en cours.

Un décalage entre promesse et réalité du poste

Les principaux motifs avancés par les démissionnaires, dans les Pays de la Loire comme ailleurs, sont l’opportunité de changer d’entreprise ou – dans une proportion équivalente – le décalage entre la réalité du poste et la description qui en a été faite lors du processus de recrutement. « Pour l’opportunité professionnelle, le phénomène devrait perdurer, voire s’amplifier, estime la spécialiste, puisque les entreprises recourent de plus en plus à des chasseurs de tête et 31 % des cadres ont été contactés par des cabinets de recrutement lors des trois derniers mois. Concernant le décalage entre promesse et réalité du poste, les cadres démissionnaires mentionnent, quel que soit leur âge, le style managérial et les perspectives d’évolution comme principaux motifs de déception. »

Conséquence de cette tendance, « des soucis d’organisation se sont ajoutés aux difficultés de recrutement, poursuit la consultante RH de l’Apec. Car quand les entreprises ont des difficultés à recruter, elles ont tendance à se tourner vers des profils plus éloignés des métiers souhaités, ce qui demande forcément du temps de formation. Un investissement qu’elles ne récupèrent jamais… ».

Faire preuve de transparence et ne pas tomber dans la sur-promesse

Pour inverser la tendance, l’Apec a identifié des moyens de limiter ces démissions précoces : « Il faut penser le recrutement sur un plus long terme, en alimentant la promesse employeur au-delà de l’embauche, mais aussi en faisant preuve de transparence lors des entretiens d’embauche. Soigner la prise de poste pour qu’un cadre retrouve rapidement dans les faits toutes les promesses employeur faites durant le processus de recrutement est l’axe numéro un à développer pour les fidéliser dans un premier temps. Après, il ne faut surtout pas tomber dans la sur-promesse, car cela risquerait de générer déception, voire frustration. Il faut prendre le temps d’accompagner la personne lors de sa prise de poste, ce qui implique que ses collègues et managers soient disponibles de manière à la mettre dans les meilleures conditions de travail possibles. »

« S’il y a actuellement un volume d’opportunités d’emplois inédit chez les cadres, à un niveau jamais connu encore en France, précise Christelle Champion, les Pays de la Loire font partie des régions de France qui connaissent le plus de difficultés de recrutement. Néanmoins, on n’est pas dans la grande démission pour autant. Avant la crise de 2008, le taux de démission des cadres était plus élevé que maintenant. Nous restons donc sur des volumes élevés de démission mais nous n’atteignons pas des sommets pour autant. L’emploi cadre est le seul marché de l’emploi qui n’a jamais connu de décroissance depuis plus de 20 ans. »

  1. Selon le baromètre Apec du 3e trimestre 2022.

 

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