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Construction bois : les entreprises ont du répondant

La construction bois est en pleine évolution. Elle représente 36 % des emplois de la filière bois en Pays de la Loire, générant une structuration des entreprises dans ce secteur. Au nombre de 180, elles ont la capacité de faire face à une forte progression de la demande.

Bois Aethica

Le bois saura répondre aux seuils fixés par la réglementation applicable en 2031. Ici, l’immeuble Aethica sur l’île de Nantes. ©Carole Humeau-Fibois

« Les entreprises ont de quoi répondre au marché en termes de production de composants pour la construction bois », assure Maxime Baudrand, prescripteur Bois Construction chez Fibois[1] Pays de la Loire, la filière bois régionale.

Paradoxalement, alors que la crise du logement ne cesse de prendre de l’ampleur, les entreprises de la filière construction bois tirent un peu mieux leur épingle du jeu.

« Par rapport à d’autres matériaux, elles souffrent beaucoup moins. Notamment dans le domaine du logement collectif où il y a une vraie dynamique de développement du bois à l’échelle des Zac. Comme celle de Pirmil-les-Isles à Rezé, avec la prévision d’un rythme de construction soutenu de mille logements tous les cinq ans pendant quinze ans soit un total de 300 000 m2, avec une forte proportion du bois dans ces opérations. Sur l’île de Nantes, quartier République, et autour du futur CHU, des programmes immobiliers sont fléchés bois. Mais ces projets sont très exigeants sur le plan réglementaire. C’est sans doute le petit bémol qui les freine techniquement et économiquement. La réglementation incendie, en pleine révision, comme pour les autres matériaux, a un impact en termes technique et économique », souligne Maxime Baudrand.

L’avenir est dans la rénovation

Face à un marché de la construction individuelle marquant le pas pour des questions de financement, d’augmentation des taux et en raison de la crise du foncier, les entreprises diversifient le plus possible leurs marchés. « On sait que l’on fera moins de neuf et plus de rénovation. On voit des projets arriver dans la région sur la base de la massification de la rénovation énergétique, avec le modèle “Énergie Sprong”, concept permettant une rénovation “énergie zéro” industrialisée. Cela veut dire faire appel à des solutions industrialisées pour l’isolation thermique par l’extérieur pour laquelle l’ossature bois est une vraie réponse », ajoute Maxime Baudrand.

Deux chantiers illustrent cette tendance, comme la plus grosse opération de France sous ce modèle, menée au Mans avec 251 logements en solution préfabriquée ossature bois et chaufferie bois pour Sarthe Habitat ou à Saint-Herblain, l’opération de 46 logements quartier Bellevue, pour laquelle la solution bois est plébiscitée pour « des questions de gains en termes de durée de chantier et de performances thermique ».

KIBORI IMMEUBLE OSSATURE BOIS

L’immeuble Kibori, l’un des premiers bâtiments à ossature bois réalisé en 2017 quartier Euronantes gare à Nantes. ©IJ

L’intérêt de la surélévation

La surélévation est un autre marché porteur, s’assurant une progression à deux chiffres cette année. « Cela peut être un vrai levier pour financer la rénovation de l’existant. On voit des mécanismes intéressants à l’échelle du logement social. Nantes Métropole Habitat a lancé une étude du potentiel de surélévation possible sur les toits de ses immeubles existants. C’est un moyen de financer la rénovation de ces bâtis et de participer à la limitation de l’étalement urbain. Le bois présente un avantage supplémentaire, celui de la légèreté », assure le prescripteur de l’association Fibois. Les demandes des copropriétés privées progressent, tout comme dans le milieu de l’immobilier d’entreprise avec des projets de surélévations.

Le retour du modulaire et de la construction hors site

La voie industrielle assure une réelle compétitivité à la construction bois, débouchant sur des accords-cadres pour des marchés groupés entre entreprises du bois et bailleurs sociaux. Les Conseils départementaux imaginent également ce type d’accords pour de la construction bois hors site.

Les collectivités ont une démarche bois pour la réalisation d’extension d’écoles ou d’équipement publics. Comme le lycée de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu qui sera le plus important établissement (18 000 m2) d’Europe recevant du public construit en bois et isolé en paille. Le lot “structure et murs à ossature bois”, remporté par LCA Construction Bois (La Boissière-de-Montaigu – 85) représente plus de 7 M€. « Les entreprises confirment que le bois se positionne sur de grosses opérations.  Dans le domaine de l’ossature bois, avec sept entreprises de la région, on est capables de produire 250 000 m2 de murs par an. Le lycée Saint-Philbert-de-Grand-Lieu en représente seulement 4 000 m2. En une année on est capables de produire les quinze ans de consommation du marché de la Zac Pirmil les Isles », assure Maxime Baudrand.

D’autres entreprises produisent du CLT (Cross laminated timber, panneaux en bois massif) comme Piveteaubois (Sainte-Florence – 85) capable d’en fabriquer 50 000 m3 par an. Pour sa part, Charpentes Fournier (Le Poiré-sur-Vie – 85) va multiplier par deux sa capacité de production de lamellé-collé avec sa nouvelle usine.

Et Maxime Baudrand de constater : « On a vraiment des capacités énormes. L’enjeu est désormais d’avoir une bonne adéquation entre l’offre et la demande. Si on se projette sur les seuils de la réglementation RE2020 valables en 2031, le bois sera indispensable. Des opérateurs immobiliers et des collectivités se positionnent déjà sur ces seuils. »

[1] Association interprofessionnelle de développement de la filière bois.