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Confiance et innovation, les ingrédients du rebond

En clôture de son forum économique de Loire-atlantique, le 14 septembre, la CCI Nantes St-Nazaire a organisé une table-ronde intitulée « chaque marque de confiance en l’avenir favorise l’emploi. » Une incitation à oser changer de cap et à innover pour mieux rebondir...

Capucine TROCHET, navigatrice, Yann TRICHARD, président de la CCI Nantes St-Nazaire, Géraldine LANCE-PERRIN, animatrice de la table-ronde, Jean-Michel DIAS, dirigeant de MISP, Georges FERNANDES, dirigeant de MISM.

Faire de la crise sanitaire que nous traversons une opportunité pour se poser, réfléchir, innover, rebondir… En final de son forum économique, la CCI a choisi de filer la métaphore nautique en invitant une navigatrice, Capucine Trochet, à témoigner de son expédition à bord d’un petit voilier inspiré des barques de pêcheurs au Bangladesh, baptisé Tara Tari, réalisé en toile de jute et matériaux recyclés. La jeune femme, immobilisée pendant sept mois en rééducation, après une succession d’opérations et des douleurs terribles est un exemple de rebond : elle a dû renoncer à son projet initial de naviguer sur les mers du globe avec un voilier plus « classique ». Elle investit alors un nouveau projet en préparant ce petit bateau sans moteur, sans ordinateur de bord… « Quand on n’a rien, on est obligé d’être créatif… Tout projet peut exister à partir du moment où on le prépare bien. Je déteste l’injonction du ‘‘quand on veut on peut’’, car parfois on ne peut pas, mais il faut essayer, car on peut réussir, en changeant de projet si besoin… »

La jeune femme part ainsi en 2011 accompagnée d’un ami marin pour une expédition de 11 jours, sur la Méditerranée, dont 9 de tempête. Ce témoignage, qui a beaucoup impressionné l’assistance, avait pour objectif de donner de l’optimisme aux chefs d’entreprise en cette période de crise, et de les inciter à l’innovation et à la confiance. « Je défends le fait que même dans une situation exceptionnelle comme celle-ci, il y a des possibilités de rebond », a ainsi argué Yann Trichard. Relativisant la crise sanitaire, le président de la CCI Nantes St-Nazaire a tenu à souligner que « ce n’est pas une crise économique, qui se définit par la cessation de la circulation monétaire, quand il n’y a plus de transaction possible, parce que les banques ne peuvent plus prêter d’argent. C’était le cas en 2008, mais pas aujourd’hui. Les banques ont de l’argent, on a pu le voir avec le PGE, qui a permis de maintenir l’activité. Nous sommes dans une crise sanitaire à impact économique, qui provoque des grandes difficultés dans certains secteurs, comme l’événementiel, la restauration, l’aéronautique… Dans ce contexte, on doit se motiver pour trouver des projets alternatifs, de nouveaux marchés, essayer de réfléchir en faisant un pas de côté, envisager des modèles de pensée différents, se confronter à d’autres et des pistes peuvent alors s’ouvrir. »

DES BORNES DE GEL POUR PASSER LA CRISE

Exemple concret de cette démarche, l’initiative récente de deux chefs d’entreprise, amis de trente ans, qui ont vu leur activité décroître, voire cesser, pendant le confinement. Georges Fernandes, patron de MISM, une entreprise de maintenance industrielle de 27 salariés située à Saint-Herblain, et Jean-Michel Dias, dirigeant de MISP, société de nettoyage et d’entretien qui emploie 75 salariés, se sont mis autour d’une table pour réfléchir à ce qu’ils pouvaient engager pour passer la crise. « Les chefs d’entreprise avaient besoin de bornes de distribution de gel hydroalcoolique au moment de reprendre leur activité, constate Jean-Michel Dias. On était une semaine avant la fin du confinement. On a décidé d’en fabriquer, du jour au lendemain. » Avec quelques principes : l’initiative ne devait pas être coûteuse, elle devait éviter de faire appel à des intermédiaires et servir les entreprises locales. Une borne distribuant du gel hydroalcoolique à pédale est alors prototypée et testée et la fabrication démarre très vite dans l’atelier de MISM. « On a tout fait, y compris les petites livraisons, on a travaillé le week-end et en soirée…

Les équipes se sont tout de suite attelées au projet et on en a livré environ 1 000, dont 600 le premier mois. » « Avec cette relance, on a décidé de réinvestir dans l’entreprise, on a investi dans une nouvelle machine à laser », témoigne de son côté Georges Fernandes. « L’autre est un élan pour être meilleur », enchaîne Capucine Trochet, qui insiste sur la nécessaire confiance en son entourage, « une clef de réussite », selon elle. Le duo d’entrepreneurs acquiesce : « La cohésion nantaise a permis de tenir, le Réseau Entreprendre nous a beaucoup soutenus. » La nécessité du réseau, mais aussi de l’innovation sont également mises en avant par Yann Trichard : « Il faut garder la possibilité de se laisser surprendre par des évolutions auxquelles on n’avait pas forcément pensé au départ, travailler ses réseaux, challenger son idée et se dire que même quand on reçoit trois fois un avis négatif sur un projet, la quatrième personne peut dire que c’est génial. Il faut garder confiance en soi, en ses capacités et dans les personnes qui veulent vous aider. »

RECRUTER DES JEUNES, UNE MARQUE DE CONFIANCE

Ode à la production locale et à la « sobriété heureuse », cette table-ronde a été également l’occasion, comme son titre le prévoyait, d’aborder la thématique du recrutement, particulièrement des jeunes. Pour MISM, cette activité nouvelle, et minoritaire maintenant, lui a permis de se recentrer, après le confinement, sur son activité, d’investir en matériel et de renforcer ses équipes.

Quatre nouvelles recrues vont intégrer l’entreprise, en atelier, mais également pour développer la digitalisation et l’activité commerciale, dont deux jeunes en contrat d’alternance. « Une entreprise a toujours besoin de jeunesse, commente Georges Fernandes. Ils apportent de la fraîcheur, des nouvelles idées… Ça fait 25 ans que je suis à mon compte, mais on voit bien qu’au bout d’un moment on risque de stagner. Embaucher des jeunes, c’est une façon de monter une marche… Cette période nous a vraiment permis de réfléchir. » Une occasion pour Yann Trichard de mettre l’accent sur les aides gouvernementales : « Vous pouvez tous prendre des alternants, c’est important, vous allez devoir leur expliquer vos processus, les challenger, évoluer… Ils ont du mal à trouver un emploi, avec les primes cela vous coûtera maximum 200 € par mois… » En conclusion, le président de la CCI a d’ailleurs annoncé la création prochaine d’un poste dédié à l’accompagnement des demandes de subventions et de financement des chefs d’entreprise.

 

DU PARTAGE DE BONNES PRATIQUES

Le Forum économique de Loire-Atlantique a réuni une centaine de personnes réparties en ateliers, pour respecter la jauge imposée par les contraintes sanitaires. Étaient présents des chefs d’entreprise, des associations d’entrepreneurs, des élus locaux et des développeurs économiques, qui ont travaillé dans une dizaine d’ateliers. « Ceux qui ont attiré le plus de participants ont été les actions mutualisées au service des entreprises du territoire et les ateliers autour du télétravail et du coworking », constate Catherine Le Foll, responsable de l’animation territoriale à la CCI.

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