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Comment faire du business avec les data ?

Les data numériques explosent, les bases de données font figure de nouvel or noir. Atlanpole consacrait un webinaire sur le sujet le 25 février. Avec perspectives européennes et témoignages nantais.

© Shutterstock

Les données numériques sont devenues des biens de valeur à part entière. Les entreprises en ont conscience, les investisseurs les considèrent comme des actifs. Dès lors, comment parvenir à les utiliser pour en faire du business tout en respectant les règles en vigueur au sein de l’Union européenne (UE) ? C’est la question que posait Atlanpole, le 25 février, dans son rendez-vous mensuel, désormais en ligne, consacré à l’innovation.

En la matière, la régulation applicable aux entreprises nous vient de l’UE, via diverses directives et réglementations. Élisabeth Bertrand, policy officer au sein de la « Direction Générale Connect » de la Commission européenne, direction qui s’occupe notamment des questions du numérique, présentait la stratégie européenne en matière de données. Avec une assurance répétée : la Commission est consciente des enjeux liés aux data pour les entreprises et entend poursuivre le chemin amorcé, notamment avec le règlement général sur la protection des données (RGPD) adopté en 2016 et la directive Open Data de 2013. Car la croissance du volume de ces données numériques est exponentielle (et impressionnante) : + 530% projeté entre 2018 et 2025 au niveau mondial, selon les études réalisées par la DG Connect. Et une valeur passant de 300 Md€ à 830 Md€ au niveau de l’UE sur la même période. « C’est le résultat de la numérisation de l’économie globale et aucun secteur n’y échappe. Donc, en utilisant intelligemment la donnée, on considère que nous pouvons ouvrir des opportunités avec, par exemple, des gains d’efficacité dans les transports, la santé », souligne Élisabeth Bertrand. L’enjeu aujourd’hui pour l’UE est de faciliter les échanges entre entreprises mais aussi du public vers le privé, et du privé vers le public, avec pour finalité « la création d’un marché unique de la donnée ».

« FAVORISER LES MARKET PLACE DE LA DATA »

Mais il reste de nombreux obstacles, techniques (question de la qualité de la data, de l’interopérabilité entre outils, des capacités de traitement et de stockage…) et juridiques. Sur ce point, Élisabeth Bertrand a tenu à rappeler que le RGPD n’est pas « un verrouillage » : « Si l’on obtient le consentement des particuliers ou si l’on anonymise les données, il est possible d’en faire quelque chose d’intéressant. Le RGPD donne un cadre solide, unique au monde, qui nous permet d’utiliser ces données dans le respect des droits des personnes. » La policy officer prend pour exemple l’accord conclu l’année dernière avec dix-sept opérateurs téléphoniques européens qui consiste à transmettre des données anonymisées et agrégées de géolocalisation au Centre de recherche de la Commission afin d’analyser la circulation du Covid-19.

La structuration est donc en cours. Une proposition réglementaire, présentée en novembre 2020, est en discussion au niveau du Conseil des ministres et du Parlement, le Data Governance Act. « Il s’agira d’une réglementation incitative pour créer un cadre de confiance, combler les zones grises juridiques et améliorer le caractère réutilisable de ces données », insiste Élisabeth Bertrand. Avec l’intention également de favoriser les intermédiaires de la donnée, ceux qui font le lien entre les générateurs et les utilisateurs. Ces intermédiaires, émergents, sont des entreprises privées, des market place de la data, dont le business modèle est de collecter et de valoriser des données.

DES DONNÉES PUBLIQUES VALORISÉES PAR DES START-UP

Yann Person

Yann PERSON, co-fondateur de la société EP © EP

C’est par exemple le cas de la société EP, créée à Nantes en 2007. EP collecte et monétise, sur abonnements, via la création de plusieurs start-up, des données du secteur de l’immobilier et du bâtiment. « Jusqu’en 2015, nous avons eu une première phase d’accompagnement de 135 chantiers et de collecte d’informations, témoigne Yann Person, co-fondateur d’EP. Puis nous avons refondu notre modèle pour trouver comment exploiter toutes ces données. Avec un constat : souvent les bâtiments construits l’ont été avant notre naissance mais il n’existe aucune mémoire sur leur construction. » EP cherche à résoudre des problématiques métiers via ses différentes start-up. Ainsi, Joyom est un outil à destination des agents immobiliers pour identifier des terrains avec des paramètres plus précis que le seul cadastre : budget, surface, nombre de kilomètres par rapport à une école, au médecin, à quel PLU il appartient…

« Ce sont des informations publiques existantes que nous agrégeons pour en faciliter la compréhension et leur donner du sens à destination de clients précis », explique Yann Person. La start-up Maxeem, également créée par EP, s’adresse de son côté aux professionnels du bâtiment. « On collecte les données sur la hauteur d’une toiture, l’exposition solaire… Cela leur permet de réduire leurs déplacements. On défriche le terrain et ont leur fait gagner du temps. Cela permet aussi d’améliorer des process, de structurer un plan de financement de rénovation énergétique », expose encore Yann Person. Le dirigeant souligne le travail de l’État qui « ouvre tous les mois de nouvelles bases de données. Il existe une vraie structuration de l’offre open data en France, à plusieurs niveaux, même de la ville. Donc nous disposons de plus en plus de données propres et mises à jour ». EP compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs dont une dizaine entièrement consacrée à la data. L’entreprise a réalisé un CA de 8 M€ en 2020 et est en croissance constante… De quoi donner des idées à d’autres…

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